


Vous qui connaissez mes lectures, vous ne vous étonnerez sans doute pas de ces prémisses à n’en plus finir. Car vous savez que j’éprouve une certaine aversion pour la littérature française actuelle, après quelques malheureuses expériences et des émissions télévisées affligeantes.
Peu importe. Il est temps de faire la place aux excellents. De balayer d’un coup de serpillière rageur le musée des horreurs ! Et d’accorder à nouveau (presque) toute mon indulgence – ou du moins, le bénéfice du doute – aux auteurs français que je ne connais que de nom.
Autant le dire tout de suite : Alice Ferney nous rappelle l’écriture calme et franche de nos classiques ; elle s’en affranchit pourtant avec une incroyable féminité et une écriture détachée, se posant en simple observatrice. Avec simplicité, elle évoque les émotions de toute une vie, de plusieurs vies. Avec brio, elle place la femme au cœur de tragédies familiales. Alice Ferney ne décrit pas. Elle donne à voir le monde de ses héroïnes, nous fait partager leur vie, la simplicité des instants vécus, la beauté du quotidien, l’abnégation face à l’adversité.
Sur plusieurs générations, nous suivons le rapide écoulement de la vie d’une famille. La maternité, le deuil, le renoncement : tels sont les maîtres mots de l’histoire, ceux qui vont peu à peu forger chaque héroïne. Ployant sous le chagrin, Valentine, Mathilde ou Gabrielle s’effacent sans cesse au profit des autres. Taisant leur douleur, elles continuent d’avancer jusqu’au dernier instant, puisant dans leur rôle d’épouse et de mère la force nécessaire à leur survie.
Si le destin de Valentine au début du XXe m’a bouleversée, j’ai particulièrement apprécié l’égale importance accordée à chaque personnage et me suis attachée à chacun d’eux. Sans voyeurisme, Alice Ferney évoque avec grâce et sobriété le malheur qu’entraîne la perte d’un être aimé. Et nous renvoie à notre propre image. Car l’histoire, loin d’être finie, recommence encore et encore. Comme celle de l’arrière petite fille de Valentine qui, dans les dernières pages du roman, est à un tournant décisif de sa vie. Une jeune fille de mon âge, également étudiante. Car toutes les femmes peuvent se retrouver dans ce roman où toutes les générations sont représentées.
Hommage à la femme ? A la famille ? A nos vies, si complexes et pourtant prises au sein d’un cycle en mouvement permanent ? Peut-être est-ce là un hommage à tout cela.
Pour moi, mon premier Alice Ferney. Certainement pas le dernier.
126 p
Commentaires
Écrit par : nicolas | 25/03/2007
Écrit par : Gachucha | 25/03/2007
Écrit par : Lise | 25/03/2007
@ Gachucha : c’est pour moi aussi une excellente découverte !
@ Lise : oui, j’ai déjà repéré « La Conversation amoureuse » !:o) Pour le Salon du Livre, je t’avoue que je me sens déjà toute triste à l’idée de ne pas pouvoir y retourner jusqu’à sa fermeture, alors que tant d’auteurs seront là…
Écrit par : Lou | 25/03/2007
Écrit par : anjelica | 25/03/2007
Écrit par : Lisa | 26/03/2007
J’adore aussi les éditions Acte sud, comme toi, ainsi que Denoël Thierry Magnier et le Seuil.
Alice Ferney aime bien explorer le deuil ainsi que la figure maternelle qui semble toujours être détentrice de secrets, du moins, c’est ce que j’ai trouvé dans son livre « Les autres » et c’est ce qui se dégage aussi de ta critique. Juste une question qui n’a rien à voir avec ce que je viens de dire : Lou, tu es anglaise ?
Écrit par : musky | 26/03/2007
« Dans la guerre » est sublime, « grâce et dénuement » aussi, « La conversation amoureuse » également….bref tu as de quoi te régaler 🙂
Écrit par : katell Bouali | 26/03/2007
Écrit par : Lilly | 26/03/2007
Écrit par : choupynette | 26/03/2007
@ Musky : tout à fait d’accord avec toi ! Les Français intellectualisent beaucoup trop leur façon de concevoir la littérature. A force de recevoir des cours où l’on nous apprend à bien penser, peu d’écrivains réussissent à sortir du moule et à laisser parler leur imagination. Sans parler du « statut » d’écrivain, concept franco-français qui conduit des scribouillards à répéter trois fois au cours de la même interview (et d’un air supérieur !) qu’eux sont de vrais écrivains, que, vous comprenez, nous n’avons pas les mêmes valeurs, etc… autant d’attitudes pompeuses qui ont le don de m’agacer !
Quant aux éditeurs, j’aime aussi les formats 10/18 mais les traductions sont malheureusement moyennes. Et en dehors d’Actes Sud, mon autre péché mignon est la collection Phébus Libretto (« Le Quinconce », Jack London, récits de voyage…).
Et enfin, pour te répondre, non je ne suis pas anglaise, je suis française (j’entretiens le mystère:o))… C’est peut-être aussi pour ça que je me permets d’être particulièrement abjecte avec nos pauvres auteurs français ! Et pour mes références fréquentes aux auteurs anglo-saxons qui t’ont peut-être fait penser que j’étais anglaise, en fait je suis plutôt un pur produit européen et reçois de plein fouet des influences anglaises, espagnoles et allemandes… voilà !;o)
@ Katell Bouali : j’essaie juste de me contenir et de ne pas encore augmenter ma PAL :o)
@ Lilly : vu ton goût pour les classiques anglo-saxons, je pense que tu aimeras beaucoup et retrouveras un peu l’atmosphère de certains de ces écrivains ! Ravie de t’avoir donné envie de lire ce roman !
@ Choupynette : j’ai vraiment été très sensible à son écriture et à la « force tranquille » des personnages de ce roman. Peut-être que je ne le conseillerais pas à un lecteur qui préfère une histoire très rythmée et beaucoup de péripéties, car il s’agit tout de même de l’histoire d’une famille, dont on retrace les grandes lignes… mais je pense qu’Alice Ferney mérite qu’on la découvre le temps d’une lecture, et ses sujets assez différents sont finalement susceptibles d’intéresser des publics divers à mon avis. Si tu la lis je viendrai lire avec plaisir ta critique !
Écrit par : Lou | 26/03/2007
Écrit par : lamousmé | 26/03/2007
Écrit par : Lou | 26/03/2007
J’aime Phébus aussi parce qu’ils ont édité les romans de Wilkie Collins !!
Écrit par : musky | 26/03/2007
Écrit par : Caro[line] | 27/03/2007
Écrit par : Thom | 27/03/2007
@ Caroline : ça dépend ! Mais tu m’as fait découvrir Ségur ! :o)
@ Thom : cette lecture a été une excellente surprise pour moi !
Écrit par : Lou | 29/03/2007
Écrit par : clochette | 01/07/2007
Écrit par : Lou | 01/07/2007
C’était mon premier Ferney, et depuis, je tâche de les lire tous… j’ai acheté d’ailleurs le dernier, mais je me le garde pour cet été. Comme toi, j’adore cet auteur, son style, les relations qu’elle narre entre femmes, générations… De la belle écriture comme on en trouve peu…
Écrit par : liliba | 24/06/2008
Écrit par : Lou | 25/06/2008
Merci pour votre billet avec lequel je suis tout-à-fait d’accord… Je parlerai de ce livre prochainement (très brièvement) sur mon blog.
Écrit par : Boîte à ouvrage | 14/06/2009
Écrit par : Lou | 14/06/2009
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