Jerónimo Tristante, Le Mystère de la Maison Aranda

Lecture initialement programmée pour le Mois espagnol de 2019, et restée en brouillon ! Un billet fantôme tout juste retrouvé, sur une maison hantée. Très approprié pour le challenge Halloween alors !

Depuis des années, Le Mystère de la maison Aranda avait rejoint ma PAL. Ce roman de Jerónimo Tristante m’avait attirée de par son titre (une maison hantée ?), sa couverture lugubre et le cadre, à savoir Madrid au XIXe. Mon avis sera malheureusement en demi-teinte, d’autant plus sans doute que j’anticipais une lecture beaucoup plus satisfaisante.

Après une jeunesse marquée par la délinquance, Victor Ros a été remis sur le droit chemin par un sergent, Don Armando, qui lui a fait intégrer la police. Lorsque débute le roman, son mentor vient de mourir et Victor revient à Madrid après avoir démantelé une cellule de radicaux dans une autre région, dans un contexte politique instable et très tendu. Victor retourne à la Puerta del Sol en tant que sous-inspecteur. Brillant, il est promis à un bel avenir au sein de la police. Sur le plan personnel, Victor vit dans une petite pension, fréquente les cafés libéraux, se promène (dans des paseos que j’ai moi aussi arpentés), lit et fréquente une maison close où il jette toujours son dévolu sur la belle Lola. Enfin, il tombe amoureux d’une jeune femme de la noblesse croisée lors d’une promenade, Clara. Une relation qui semble improbable (mais on s’attend à un rebondissement à la Thomas et Charlotte Pitt).

Deux affaires vont mettre à rude épreuve les compétences de Victor et de son collègue inspecteur Alfredo. D’abord, celle de la maison Aranda. Une jeune fille de bonne famille (… qui n’est autre que la soeur de Clara !) a tenté de tuer son mari avec un couteau pendant la nuit, quelques jours après leur mariage. Oui mais voilà, il y a près de cinquante ans, une autre femme avait tué son époux dans la même demeure et dix ans plus tôt, une autre tentative avait eu lieu. Ces scènes semblent associées à un passage de la comédie de Dante. Malédiction ? Esprits ou Malin à l’œuvre ? Le très rationnel Victor ne veut pas y penser.

En parallèle, Lola lui demande d’enquêter sur le meurtre de plusieurs prostituées, le sujet semblant peu intéresser la police. Victor trouve des similitudes entre plusieurs affaires et finit par estimer le nombre de victimes à une trentaine de filles de joie. La découverte des restes d’une jeune femme de bonne famille tuée de la même façon permet à Victor d’obtenir l’aval de sa hiérarchie pour enquêter enfin sur cette affaire, laissée au second plan jusque-là.

Un roman prometteur qui s’est avéré en partie décevant, même si j’ai lu avec avidité les 100 dernières pages. L’histoire peine à se mettre en place et il faut attendre presque cent pages pour que la première enquête démarre : au début, des informations sur le contexte politique de l’époque mais surtout, un portrait de Victor Ros, dont on découvre le parcours et la personnalité dans les grandes lignes. La narration manque de finesse, et les stéréotypes ne manquent pas (la jeune femme éplorée qui se jette dans les bras du sous-inspecteur présenté en sauveur, le noble dur et égoïste qui éclate en sanglots, le coupable qui tombe dans les pommes…). Clara est une libérale et une jeune femme brillante qui pourrait faire un formidable personnage, mais elle est traitée de façon superficielle. Lorsqu’il la rencontre, le sous-inspecteur s’exclame « Diantre ! Une belle dame qui joue les détectives ! », un petit exemple parmi d’autres des phrases du sémillant héros qui ont eu le don de me faire lever les yeux au ciel et pousser de nombreux soupirs pendant ma lecture. Quelques maladresses aussi, comme cette page où un témoin qui a décrit une personne en mentionnant son accent français répond, quand on lui demande s’il se souvient d’autre chose, que la personne avait un accent français (un surcroît d’information qui n’a pas l’air de perturber notre brillant sous-inspecteur). Ajoutons à cela quelques phrases galvaudées : « Le jeune policier fut pris d’un frisson qui monta le long de son dos, lui glaçant le corps et l’âme » (p 87). Ou celle-ci : « Apparemment, deux gamins jouaient dans le terrain vague à donner des coups de pied dans un étrange ballon qui s’avéra être… une tête humaine (p156 ) ! » Enfin cette scène où, juste après avoir promis la plus grande discrétion sur la maison Aranda, Victor s’empresse de raconter les faits à un parfait inconnu.

L’intrigue de la maison Aranda est un peu légère : la maison n’a rien d’inquiétant et cette enquête avance doucement. Au final, j’ai été déçue de découvrir que le personnage qui me paraissait le coupable désigné l’était vraiment, même s’il était difficile de deviner les rouages de la machination avec précision. Pour la deuxième intrigue, quelques retournements de situation inattendus (sauf sans doute concernant un personnage) et beaucoup plus de suspense.

En somme, de bons ingrédients, un contexte historique très développé mais malheureusement, sans éclat. Des longueurs et une enquête un peu poussive. Du déjà vu et une narration hésitante, même si plus l’intrigue avance, plus on a envie de découvrir le mot de la fin. Ayant plus apprécié la dernière partie du roman, je reste sur une note positive et suis donc tentée de donner une deuxième chance à Victor Ros (le tome suivant éveillant ma curiosité avec son titre, L’Affaire de la Veuve noire). Ya veremos…

404 p

Jerónimo Tristante, Le Mystère de la Maison Aranda, 2007

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