Camilla Grudova, La Reine des souris

Parmi les titres de cette rentrée littéraire, voilà un ovni que j’avais hâte de découvrir, d’autant plus que ce texte est édité par la Table Ronde, dont j’apprécie beaucoup les choix éditoriaux.

Mais qu’elle est cette nouvelle publiée dans la collection « la nonpareille » ? Comment ne pas être interpelé par cette louve romaine croisant gothique et culture pop dans un vert halluciné ?

La Reine des souris est un texte extrait d’un recueil de nouvelles intitulé The Doll’s Alphabet et paru en 2017. Il est difficile de parler de ce texte étrange sans trop le dévoiler.

La narratrice nous livre une période compliquée de sa vie, faite d’ascenseurs émotionnels et d’évènements traumatiques, réels ou fantasmés, ancrés dans une forte culture, à la fois classique et païenne – voire, sacrificielle.

Pendant ses études de latiniste, la jeune femme rencontre Peter, passionné également par cette matière. Le couple se marie et crée un cocon qui lui est propre, en attendant de pousser un peu plus loin les études. Les jeunes mariés emménagent au-dessus d’un magasin abandonné et trouvent un travail en décalage avec leur formation initiale, puisqu’elle vend des maisons de poupées aux objets miniatures tandis que lui devient gardien de cimetière. Déjà, la frontière avec le fantastique devient fragile. Petit à petit, des décisions surprenantes vont contribuer à nourrir une ambiance étrange et de plus en plus dérangeante. La narratrice vit un quotidien assez sordide après ses idéaux d’étudiante. A ses difficultés le jour s’ajoutent des nuits perturbées. D’abord, par ce cauchemar où elle imagine manger des chocolats pleins d’objets divers plus ou moins dégoutants. Jusqu’à l’apparition d’une louve dans l’histoire… que je vous laisse découvrir.

Ce texte déroutant mérite vraiment d’attirer votre attention si vous aimez sortir des sentiers battus et dénicher des pépites littéraires, car c’en est indéniablement une. Une grande qualité de style, une cohérence dans l’atmosphère atypique et les cheminements sinueux de cette histoire étonnante. Moi qui aime beaucoup les classiques d’inspiration gothique, j’ai savouré cette incursion de l’impensable dans le quotidien, et beaucoup apprécié ce couple très à part, d’emblée fascinant de par son engagement intellectuel si entier. Leurs manies, leurs bizarreries annoncent les prémisses d’un basculement qui ne manque pas d’intérêt. Une nouvelle qui m’a donné envie de découvrir le recueil dans sa globalité.

Et je crois que ce texte s’inscrit assez bien dans la thématique « Fuyons les ogres » de notre challenge Halloween – thématique proposée par Bidib.

45 p

Camilla Grudova, La Reine des souris, 2017 (2020 pour la traduction)

6 thoughts on “Camilla Grudova, La Reine des souris

    1. C’est assez particulier, il faut en effet avoir un peu ça en tête même s’il est difficile de se rendre compte où l’on s’apprête à mettre les pieds !

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