Julia Kerninon, Liv Maria

J’avais hâte de découvrir Liv Maria de Julia Kerninon, et c’est sans aucun doute un livre à considérer parmi tous ceux qui viennent de faire leur entrée dans les librairies.

La romancière nous livre ici le portrait d’une femme, de l’adolescence à la quarantaine. Née sur une île, Liv Maria est la fille d’un Norvégien amoureux des livres et d’une femme toute menue qui tient son café avec détermination. La jeune fille grandit au sein du clan familial, parcourt l’île en voiture dès l’adolescence et vit quotidiennement au contact de la nature et de la mer. Survient alors un incident qui conduira à son départ pour Berlin, la première étape de nombreux séjours à l’étranger pendant lesquels Liv Maria tentera de se construire et de comprendre quelle est la vie qu’elle souhaite mener. A la grande stabilité de l’enfance insulaire succèderont le Berlin d’avant la chute du Mur, l’Amérique latine et l’Irlande.

Éprise de liberté, Liv Maria est une jeune fille que la vie va heurter à plusieurs reprises en peu de temps. Devenue femme et ayant perdu ses repères et la chaleur d’un foyer, elle va devoir choisir entre le retour sur l’île ou le départ vers l’inconnu, en quête de soi.

Il serait dommage de trop dévoiler l’intrigue. Parlons donc de quelques thèmes évoqués dans ce roman qui n’en manque pas. Il y a les liens du sang, la chaleur d’un foyer soudé, la confiance et les certitudes qui accompagnent cette enfance heureuse. Les choix de vie, le déchirement difficile lorsqu’il faut choisir entre perpétuer la tradition ou s’en affranchir. Il y a la féminité, l’épanouissement et le rapport aux hommes, dans toute sa complexité. Il y a la littérature et l’amour des bons livres, comme un fil conducteur, entre le père qui partage cette passion, puis le professeur enthousiaste et plus tard, des librairies. Omniprésente, la notion de destin qui vous rattrape quel que soit le chemin emprunté : Liv Maria rappelle évidemment la mythologie grecque et l’impossibilité d’échapper à son sort. Enfin, il y a bien sûr ces lieux très divers, ces régions aux personnalités fortes clairement exprimées.

Liv Maria garde un côté insaisissable. Parmi la galerie de portraits croisés, son personnage se détache toujours. On la sent prête à plonger pleinement dans chaque nouvelle expérience et pourtant, il semble difficile de la retenir. Nous la suivons au fil des expériences, en nous demandant toujours si, au bout du chemin, elle saura trouver ses propres repères.

Un roman original, une plume très agréable, des thèmes forts et une histoire qui happe facilement le lecteur, malgré son caractère volontairement démonstratif. On cherche moins le réalisme des situations qu’une mise en avant de la complexité du caractère féminin. Liv Maria n’est pas lisse, n’est pas parfaite, et c’est ce qui la rend intéressante. Voilà qui donne envie de découvrir les précédents textes de Julia Kerninon.

271 p

Julia Kerninon, Liv Maria, 2020

4 thoughts on “Julia Kerninon, Liv Maria

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