C’est avec ce roman que je découvre enfin Angela Huth. Ecrit en 1972, La Vie Rêvée de Virginia Fly vient d’être publié en France par les éditions Quai Voltaire / la Table Ronde – avec un choix de titre très différent de l’original, Virginia Fly is drowning.
Voici une petite pépite ! Fin, ironique, sans doute un peu triste, ce roman étonnant croque à merveille le portrait d’une jeune trentenaire encore vierge et de son entourage plutôt médiocre, issu d’une classe moyenne mal dégrossie.
Virginia Fly a donc la petite trentaine. Enseignante, elle vit chez ses parents « à la campagne », dans une banlieue proche de Londres. Son père est un homme moyen, qui s’attache à mener une vie dans la moyenne, par exemple en calculant le temps moyen qu’il lui faut pour faire certains trajets, à une vitesse moyenne. Sa mère est sotte, pour ne pas dire assez insupportable (elle ne manquera pas d’évoquer Mrs Bennet aux amateurs de littérature anglaise).
A une époque où la révolution sexuelle suit son cours, Virginia semble vivre à une autre époque, voire dans un autre monde. Hormis une rencontre brutale lors de vacances il y a des années de cela, la jeune femme n’a jamais connu que deux hommes : d’une part à travers la relation surannée qu’elle entretient avec un professeur de musique autrichien qui l’invite à des concerts, d’autre part, via les lettres qu’elle échange avec un correspondant américain. Ses parents sont d’ailleurs très au fait de cet échange épistolaire; aussi, lorsque le correspondant décide de se rendre en Angleterre, sa venue est perçue comme un grand événement et suscite de grands espoirs chez Virginia, qui s’est auto-persuadée du fait qu’ils allaient se marier et repartir ensemble aux Etats-Unis.
Je fais le choix de ne pas en révéler trop sur l’intrigue pour vous laisser tout le plaisir de suivre pas à pas les cheminements de notre héroïne, frémir devant son absence de logique et de sens de la survie et assister impuissants à la confrontation de ses rêves d’adolescente avec la réalité.
Je ne peux que recommander ce roman aux multiples facettes. On y trouve la description fascinante d’une époque et d’une société, notamment à travers la thématique des relations hommes femmes – Virginia s’en remet complètement aux hommes qu’elle rencontre, naïvement. Elle n’envisage pas un instant la possibilité de conserver son poste d’enseignante si elle en venait à se marier. La psychologie des personnages est indubitablement le point fort de ce texte, avec une Virginia complexe, touchante dans son innocence intellectuelle, et en même temps étrangement prompte à nourrir des fantasmes de viol, mélangeant parfois allègrement les notions de sexe, d’amour et de mariage sans distinction aucune. Le sexe mis à part, Virginia m’a parfois fait penser à Margaret, l’héroïne de Stella Gibbons dans Westwood.
Voilà une nouvelle plume féminine anglo-saxonne qui a su me séduire. J’ai hâte de poursuivre la découverte de l’oeuvre d’Angela Huth – ça tombe bien, j’ai deux de ses livres qui m’attendent sagement dans une de mes bibliothèques !
Merci aux Editions Quai Voltaire / la Table Ronde pour ce partenariat !
Les avis de : Anne, Antigone, Fanny du Manoir aux Livres, La Pause Libraire, Le Club des Incorrigibles lecteurs, Les Deux Bouquineuses, Les Lectures de Nefertiti, Lilas, Mrs Figg, Tant qu’il y aura des livres, Wonderbook, Virginie Neufville
218 p
Angela Huth, La Vie rêvée de Virginia Fly, 1972
Commentaires
Écrit par : Mrs Figg | 17/03/2017
Écrit par : rachel | 18/03/2017
Écrit par : FondantGrignote | 18/03/2017
Écrit par : Anne | 18/03/2017
@ Rachel : euh… ça n’a rien à voir en fait :o) On est vraiment sur deux dimensions parallèles, à part leur âge et leur célibat les héroïnes n’ont pas grand chose en commun.
@ FondantGrignote : encore un avis positif pour « Quand rentrent les marins » qui attend sagement dans ma PAL ! J’ai très envie de le découvrir enfin !
@ Anne : Mais oui, je ne sais pas comment j’en suis arrivée là ! Ça tient d’ailleurs du miracle pour mes étages déjà bondées :o)
Écrit par : Lou | 18/03/2017
Écrit par : niki | 18/03/2017
Écrit par : rachel | 18/03/2017
Écrit par : sylire | 19/03/2017
@ Rachel : ceci dit de Bridget je ne connais que les films, même si j’ai le premier roman en attente !
@ Sylire : je compte bien poursuivre ma découverte :o)
Écrit par : Lou | 19/03/2017
Écrit par : rachel | 23/03/2017
Écrit par : Chicky Poo | 23/03/2017
Écrit par : Cryssilda | 29/03/2017
Écrit par : Binchy | 28/06/2018
Écrit par : Binchy | 28/06/2018
@ Chicky Poo : un an plus tard, l’as-tu acheté ? :o)
@ Cryssilda : Je pensais que tu avais pas mal lu Angela Huth :o) Je partage son avis sur son style, je le trouve très anglais et pourtant le ton est très personnel.
@ Binchy : J’espère que tu t’es laissée tenter depuis…
Écrit par : Lou | 08/07/2018
Écrit par : rachel | 08/07/2018