Nancy Mitford, Wigs on the Green

mitford_wigs on the green.jpgFin mars / Début avril, je suis allée me ressourcer dans la campagne anglaise équipée de Wigs on the Green de Nancy Mitford, qui se déroule entre un village et les terres d’une grande propriété. Ce roman m’a donc semblé tout indiqué pour ma participation à la LC du Mois anglais autour de la Campagne Anglaise.

Cela fait bien longtemps que je n’avais pas lu cet auteur dont j’avais beaucoup apprécié deux titres, découverts alors que ce blog en était encore à ses balbutiements (La poursuite de l’amour et L’amour dans un climat froid). Wigs on the Green m’a été offert par Alice de Books are my Wonderland dans le cadre du Swap British qu’elle organisait l’an dernier. J’avais été très gâtée comme vous pouvez le constater.

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Dans Wigs on the Green, quatre personnages viennent de s’installer pour quelque temps dans le village de Chalford et vont lier connaissance. Ayant reçu un petit héritage qui fait de lui un parti un peu plus intéressant, Noel est venu dans le but de séduire l’héritière locale Eugenia Malmains, sur les conseils de son ami Jasper, très opportuniste, également du voyage pour profiter au mieux des nouvelles ressources financières de Noel. Marjorie fuit un mariage prestigieux avec un homme qu’elle n’aime pas. Elle est accompagnée de son amie Poppy, qui a une vision beaucoup plus pragmatique du mariage et s’apprête à flirter avec Jasper pendant que son propre époux a une nouvelle passade avec une jeune fille. Ajoutons à cela Mrs Lace, un peu plus âgée mais toujours séduisante, qui va s’intéresser à Noel à partir du moment où on lui aura fait croire qu’il s’agit d’un mystérieux prince là incognito (ce qui donnera lieu à quelques passages cocasses). Le groupe va rejoindre la branche fasciste locale pour plaire à Eugenia. La jeune fille est enthousiaste et obsédée par la cause en question. Si elle est assez ridicule, ses nouvelles connaissances le sont tout autant en se ralliant au mouvement pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leurs convictions politiques. Un grand rassemblement festif en faveur du fascisme va les mobiliser et rythmer leurs rencontres tout au long du roman.

Bien évidemment, l’humour est le maître mot pour Nancy Mitford, qui tourne tout le monde en dérision et ne résiste pas aux boutades. Par exemple, voici une réaction qui m’a amusée suite à un discours particulièrement enflammé d’Eugenia en faveur de la cause fasciste : The yokels stood first on one foot and then on the other. Finally, one of them removed a straw from his mouth and remarked that they had all enjoyed Miss Eugenia’s speech very much, he was sure, and how was His Lordship’s hay-fever? (p10) – His Lordship étant le grand-père d’Eugenia, dont le rhume des foins parle davantage à la population locale que les grands discours de la jeune fille.

J’ai passé un bon moment en lisant Wigs on the Green. Néanmoins, c’est un roman plutôt dérangeant, même si l’on considère qu’il a été écrit dans les années 1930, avant que l’Europe ne prenne pleinement conscience de toutes les implications de la montée du fascisme. Nancy Mitford nous livre ainsi une nouvelle comédie inspirée de ses soeurs Diana et Unity, l’une maîtresse puis épouse du fondateur de la British Union of Fascists, Sir Oswald Mosley, l’autre admiratrice inconditionnelle de Hitler qui ira jusqu’à tenter de se suicider lors de l’entrée en guerre du Royaume-Uni contre l’Allemagne. La publication de ce livre entraîna une brouille entre les soeurs Mitford et Nancy s’opposa à sa réédition en 1951, jugeant notamment qu’il était désormais du plus mauvais goût de faire des plaisanteries à propos du nazisme. Cependant – et c’est ce qui m’a vraiment gênée à la lecture – Nancy disait quelques années plus tôt à ses soeurs que le livre était pour l’essentiel en faveur du fascisme, malgré quelques plaisanteries. Le fait est que non seulement les fascistes du roman ne sont pas plus ridicules que les autres personnages mais qu’in fine, le roman se traduit par un happy end où la jeune héritière Eugenia Malmains réalise son rêve en rencontrant le leader du parti grâce à l’efficacité de son action sur le plan local, le lecteur assistant ensuite à un mariage très joyeux entre les fascistes de Chalford. Je connaissais les attirances obscures de certaines Mitford pour le nazisme ou le fascisme anglais mais n’avais pas réalisé que Nancy était elle aussi plutôt sensible à ce discours et en tout cas suffisamment détachée du sujet pour ne nous livrer ici aucune critique de fond – ni en faire l’apologie d’ailleurs, si tel était son choix. Même en lisant ce roman avec un oeil contemporain, même en connaissant l’ambiguïté de la position de Nancy Mitford sur le sujet, difficile de ne pas être gêné par l’insouciance de l’écrivain qui ne s’implique pas sur le plan politique.

L’avis en anglais de All The Pretty Books.

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170 p hors introduction

Nancy Mitford, Wigs on the Green, 1935

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Commentaires

Ses romans s’inspirent donc directement de son entourage ! j’ai hâte de lire un de ses livres car sa personnalité dans la biographie des soeurs Mitford par Annick Le Floc’hmoan (billet à venir) m’avait bien plu : snob, acide, intelligente, bouillonnante et en même temps très seule… Je vais lire tes billets plus anciens!

Écrit par : FondantGrignote | 09/06/2016

J’avoue que le côté « fascisme » pourrait me déranger… Cela dit, ça reste intéressant et la couverture est une jolie réussite 🙂

Écrit par : Chicky Poo | 09/06/2016

@ FondantGrignote : je n’avais plus en tête le fait qu’elle s’inspirait beaucoup de sa famille mais je me souvenais qu’elle croquait avec beaucoup d’humour le monde aristocratique dont elle venait. J’ai hâte de lire ton article sur les soeurs Mitford. J’ai aussi une bio, peut-être la même (je ne me souviens plus de l’auteur), je l’avais depuis longtemps et InColdBlog m’avait dit qu’elle était passionnante. Je voulais la lire au calme, peut-être que cet été serait le bon moment ! J’ai encore « Don’t tell Alfred » de Nancy Mitford dans ma PAL également.

@ Chicky Poo : c’est un livre sympa et la couverture est superbe. C’est juste assez fou de mettre l’accent sur le ralliement plus ou moins burlesque de tout un village à une cause fasciste avec autant de détachement. L’humour aurait pu être plus féroce ou alors, si Mitford était sympathisante, elle aurait pu s’engager davantage, même si le résultat aurait été dérangeant aussi. Là il y a une sorte de neutralité et de légèreté étonnantes.

Écrit par : Lou | 09/06/2016

A voir, à l’occasion du coup…

Écrit par : Lili | 09/06/2016

et bin oui effectivement cela peut etre genant quand meme….meme sous le couvert de l’humour…et avec une telle fin…..c’est assez genant….cela commencait bien pourtant….

Écrit par : rachel | 09/06/2016

@ Lili : peut-être pas idéal pour commencer mais plutôt quand on apprécie déjà Mitford et qu’on veut continuer à la découvrir.

@ Rachel : c’est drôle, mais pas féroce, et j’avoue qu’à moment donné j’ai pensé que tout l’évènement organisé par le mouvement allait pouvoir tomber à l’eau avec beaucoup d’humour, mais finalement les choses s’arrangent bien pour eux.

Écrit par : Lou | 09/06/2016

Je suis fan, et ne connais pas ce titre (j’ai lu les deux que tu cites)

Écrit par : keisha | 09/06/2016

C’est celui qui est traduit en français par « Tir aux pigeons » ? Je croyais aussi que Nancy s’était disputée avec ses soeurs parce qu’elle n’était pas d’accord avec leurs « penchants » fascistes, je suis surprise !

Écrit par : Anne | 09/06/2016

Inconnue pour moi mais un jour peut-être ….

Écrit par : lcath | 09/06/2016

@ Keisha : je serais curieuse d’avoir ton avis sur celui-ci…

@ Anne : je croyais ça aussi. Dans l’introduction de mon édition on explique que ses soeurs étaient furieuses qu’elle aborde dans ce roman la politique sur le ton de la plaisanterie. Diana craignait que cela n’affaiblisse Mosley, Unity s’y opposait aussi. Pour éviter la brouille, Nancy a supprimé la plupart des passages sur le leader du parti (de mémoire plusieurs chapitres) mais elle écrit à ses soeurs que globalement elles ne doivent pas prendre la mouche car c’est plutôt pro-fasciste finalement. Il faut que j’en lise plus sur Nancy, sa position est assez ambiguë et pas facile à saisir sur la base de cette seule lecture. Apparemment elle a essayé de faire en sorte que sa soeur Diana reste emprisonnée pendant la guerre pour ses convictions politiques mais elle-même aurait été assez proche des idéaux du parti, même si elle était plutôt conservatrice et favorable à un retour à une société de classe « à l’ancienne » plutôt qu’à un nouvel ordre national socialiste.
J’ai regardé, ce n’est pas « Tir aux pigeons » mais je ne sais pas s’il a été traduit.

@ Lcath : Mitford est une valeur sûre avec ses titres les plus connus :o)

Écrit par : Lou | 09/06/2016

oui cela reste quand meme une fin heureuse pour un parti extremiste….;)

Écrit par : rachel | 10/06/2016

C’est marrant… Hier, mon libraire m’a parlé longuement des sœurs Milford en me disant qu’il fallait absolument que je les lise… C’est OK !

Écrit par : Syl. | 11/06/2016

@ Rachel : c’est certain !

@ Syl : je me souviens avoir passé un super moment avec « A la poursuite de l’amour » et « l’Amour dans un climat froid », je te les recommande :o)

Écrit par : Lou | 15/06/2016

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