Hjalmar Söderberg, Docteur Glas

Soderberg_docteur glas.jpgJe suis toujours avec intérêt les publications des éditions Phébus et leur version poche Phébus Libretto, y ayant découvert au fil des ans de véritables pépites (Le Fanu, Wilkie Collins, Edward Carey, Ambre, Charles Palliser et tant d’autres…). Quand j’ai repéré Docteur Glas, j’ai été intriguée par ce titre présenté comme un classique incontesté de la littérature suédoise et me le suis de suite procuré.

Le docteur Glas travaille à Stockholm à la fin du XIXe. Parmi ses patients, la femme du Révérend Gregorius, qui fait appel à lui pour le supplier de convaincre son mari de ne plus exiger d’elle de faire son devoir d’épouse. Madame Gregorius est belle et jeune, tandis que le révérend vieillissant a toujours inspiré un certain dégoût au docteur, qui accepte d’ingérer dans la vie du couple. Il met d’abord en avant la santé de madame, puis, quand cela ne suffit pas, suggère une faiblesse du coeur du révérend qui rend dès lors la chose impossible, l’enjoignant même à aller faire une cure sans être accompagné de son épouse. Madame Gregorius est bien évidemment très reconnaissante au docteur, qui ne retire aucun bénéfice de la situation puisque la belle a déjà un amant.

Il m’a été difficile de pleinement savourer ce livre, dont je reconnais les qualités littéraires mais dont les personnages n’ont pas su éveiller mon intérêt, ni ma sympathie. Le docteur est un personnage difficile à saisir, tourmenté. Ainsi, après avoir appliqué de stricts principes moraux (refusant par exemple d’aider à avorter pour, des années plus tard, s’apercevoir qu’un enfant qu’il a « sauvé » est né difforme), il outrepasse son rôle de médecin pour des motifs assez douteux. Le postulat de départ m’a séduite et j’ai apprécié de voir le docteur se dépétrer entre une morale rigide et des impulsions qu’il cherche à rationaliser et à justifier. Néanmoins, j’ai eu du mal à le trouver tout à fait crédible tandis que certaines de ses réflexions m’ont plutôt ennuyée. Je ressors ainsi perplexe de cette lecture, dont j’ai apprécié certains aspects sans me laisser vraiment emporter. En revanche, un auteur contemporain vient de rendre hommage à ce texte en le réécrivant du point de vue du révérend Gregorius. Compte tenu des personnages à la psychologie complexe, cela pourrait donner un grand roman. Je reste donc tentée par cette lecture…

Fanny du Cottage aux Livres a été plus réceptive que moi à ce texte.

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115 p

Hjalmar Söderberg, Docteur Glas, 1905

Commentaires

et bin tout un sacre sujet….dommage que le personnage du docteur ne semble pas credible…et en passant la femme du reverend aussi en passant….;)

Écrit par : rachel | 10/04/2016

@ Rachel : c’est moi qui suis passée en partie à côté je pense. Le docteur est amoureux de Mme Gregorius mais malgré tout, je ressentais une certaine distance qui m’empêchait de compatir et de réellement le comprendre. Je suis restée un peu sur ma faim, malgré de beaux passages et quelques retournements de situation bien vus.

Écrit par : Lou | 10/04/2016

oh peut-etre que tu voulais qu’ils terminent ensemble…..cela peut m’arriver de passer a cote d’un livre car ils ne font pas ce que je voulais…lol…en tout cas il faudrait d’autres Soderberg pour voir…;)

Écrit par : rachel | 11/04/2016

Je me souviens de notre conversation au sujet de ce roman, ça me refroidit quelque peu je dois bien le reconnaître !!!

Écrit par : Titine | 15/04/2016

Moi ça me tente, j’ai très envie de découvrir plus encore la littérature suédoise maintenant que je suis allée en Suède !

Écrit par : Cryssilda | 23/04/2016

J’ai au contraire adoré le texte, découvert d’abord dans une adaptation théâtrale, à Avignon. Mais il faut dire que je suis tout acquis aux auteurs scandinaves.
Du même Sörderberg, tu préférerais peut-être Le jeu sérieux, l’autre grand classique du roman suédois. Je te glisse un lien vers mon billet au cas où :
http://www.danslabibliothequedecleanthe.fr/2014/01/21/hjalmar-sderberg-le-jeu-serieux/

Écrit par : Cléanthe | 13/05/2016

@ Rachel : non je ne recherche pas forcément le happy end qui parfois m’agace, mais il m’a manqué quelque chose malgré tout, sans doute plutôt dû à ma difficulté à m’intéresser aux personnages. Mais je pense être passée à côté de ce livre en dépit de ses qualités et tu as raison, il faudra lire un autre Soderberg !

@ Titine : Je pense que c’est juste moi qui n’étais pas dans le bon état d’esprit pour le lire, en tout cas la magie n’a pas opéré mais je reconnais volontiers ses qualités et je ne voudrais pas t’en dégoûter à l’avance. Si jamais tu changes d’avis je te le prêterai volontiers :o)

@ Cléanthe : je m’en veux de ne pas l’avoir apprécié, j’ai vraiment l’impression d’une rencontre manquée. Malheureusement, impossible de vraiment « rentrer dedans », de m’intéresser aux personnages, même si j’ai trouvé des passages et thématiques intéressants (rôle d’un médecin, maigres choix donnés à une femme quant à la liberté de disposer de son corps…). Tu fais bien de me glisser ton billet que je vais voir de ce pas, je ne voudrais pas rester sur un échec (qui en plus me contrarie car habituellement je suis une inconditionnelle des choix des éditions Phébus).

Écrit par : Lou | 16/05/2016

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