Je raffole de littérature britannique (souvent anglaise) dès qu’il s’agit de petites histoires de famille, de potins de voisinage, lorsque le châtelain du coin s’intéresse plus à ses chevaux qu’à son domaine et que sa digne épouse part en guerre contre sa meilleure ennemie si celle-ci tente de la détrôner lors de la fête caritative organisée par la femme du pasteur. Et c’est un peu cet esprit que j’ai retrouvé chez Molly Keane, irlandaise que je lis pour la première fois.
Fragiles Serments s’ouvre avec l’arrivée d’Eliza chez les Bird, le jour du retour de leur fils aîné, soigné dans un hôpital psychiatrique pour dépression. Vieille amie de la famille, Eliza vient régulièrement séjourner dans le superbe domaine ; amoureuse de Julian Bird depuis toujours, elle supporte avec bonne grâce Lady Bird, beauté extravertie, pas très fine, un brin tyrannique et bien déterminée à se faire passer pour bien plus jeune qu’elle ne l’est en réalité, au risque de paraître ridicule. Durant un séjour mouvementé, Eliza va se faire tour à tour la confidente des uns et des autres : Julian qui aime profiter de sa présence sans trop se soucier du mal qu’il peut lui causer ; Lady Bird ou Olivia, qui pérore à n’en plus finir pour valoriser son jardin, sa jeunesse, la formidable complicité qui l’unit à ses enfants – qui tous la détestent et se moquent d’elle en permanence ; John, l’aîné, déraciné depuis son retour ; Sheena, folle de son Rupert et bientôt obligée de s’en éloigner pour une sombre histoire d’hérédité ; enfin Markie, enfant magnifique à qui l’on passe tout et dont la cruauté sans bornes ne semble déranger personne. Et puis, en marge de toutes ces tragédies familiales plus ou moins grandes, circule Mrs Parker, la gouvernante barbue et solitaire, condamnée à vivre au sein du foyer sans jamais en faire partie. Alors que les jours passent, la belle façade se fissure et chaque personnage connaît son lot de malheurs (si l’on peut considérer pour Markie que les problèmes de mathématiques sont un drame en soi).
Fragiles Serments est au choix une histoire familiale, un divertissement à l’humour British ou une superbe galerie de personnages un brin tordus, d’aristocrates d’un autre monde, un roman où mesquineries, secrets honteux et trahisons se mélangent allègrement. N’attendez rien de ces Bird un brin vampiriques si vous ne voulez pas connaître le sort de cette « chère Eliza », mais n’hésitez pas à faire un petit détour par chez eux pour assister à la petite garden party d’Olivia. Vous pourriez sans doute surprendre quelque personnage en flagrant délit d’exubérance et, rien que pour cela, le voyage est justifié.
Lu dans le cadre de Masse Critique : un grand merci à Babelio et aux Editions du Quai Voltaire !
C’est aussi ma première participation au Mois irlandais organisé par ma copine Cryssilda !
285 p
Molly Keane, Fragiles Serments, 1935
(2012 pour la présente édition)
Commentaires
Écrit par : Ys | 17/06/2012
Écrit par : Miss Léo | 17/06/2012
Écrit par : Manu | 17/06/2012
Écrit par : Karine:) | 17/06/2012
Écrit par : rachel | 17/06/2012
Écrit par : Maeve | 17/06/2012
Écrit par : sybille | 17/06/2012
Écrit par : Titine | 18/06/2012
Écrit par : niki | 18/06/2012
Écrit par : Lilly | 18/06/2012
Écrit par : JainaXF | 18/06/2012
@ Miss Léo : ah j’en suis ravie, j’ai hâte de connaître ton avis !
@ Manu : oui je pense en effet que ce livre pourrait te plaire.
@ Karine:) : eh oui on sent les années d’expérience (si en plus on ajoute à ça les séries de type « Inspecteur Barnaby » je crois que je deviens une fine connaisseuse du specimen « femme de pasteur de village anglais ») :o)
@ Rachel : vraiment n’hésite pas ça vaut le détour ! Et en principe j’ai prévu de lire très vite un roman du même auteur autour d’un mariage… de circonstance !
@ Maeve : j’ai peu lu Elizabeth Bowen et c’était un titre plus sérieux « Sept hivers à Dublin », joliment ecrit mais dans un ton différent… il me reste donc à découvrir ses romans du type « Les petites filles » ou « Emmeline » pour pouvoir comparer.
@ Sybille : chouette chouette chouette ! Régale-toi !
@ Titine : on se voit très vite et je te le prêterai à l’occasion comme promis :o)
@ Niki : ah je suis ravie de voir que ce roman te tente aussi !
@ Lilly : maintenant j’ai deux autres de ses livres dans ma PAL, j’ai très envie de faire plus ample connaissance avec cette charmante dame !
@ JainaXF : oh Eliza n’est pas du tout l’héroïne, elle a à peu près le même statut que les autres personnages placés sur un pied d’égalité, voire un peu moins comme au final ce sont plutôt les habitants du domaine qui intéressent le narrateur. La fin n’est pas vraiment déprimante, Eliza disparait de la scène et on est un peu triste pour elle mais finalement c’est un peu comme une pièce de théâtre : le rideau tombe et seuls restent les héros flamboyants en mémoire.
Écrit par : Lou | 19/06/2012
Écrit par : rachel | 19/06/2012
Écrit par : Cryssilda | 24/06/2012
Écrit par : Patrick Regout | 06/07/2012
Écrit par : Céline | 07/07/2012
@ Cryssilda : mmh… Barbara Pym ? Non c’est pas ça :o( Je n’ai que deux neurones en état de marche ce soir mais j’espère qu’une bonne nuit de sommeil m’aidera à résoudre cette terrible énigme ^^
@ Patrick Regout : Merci pour ce conseil, c’est un titre que j’ai vu mais n’ayant peu ou rien lu au sujet de Molly Keane je n’avais pas d’a priori ni d’envie spéciale, si ce n’est que j’ai son titre sur le mariage en attente chez moi. Je note donc ce titre, les nobles désargentés, la cruauté et l’humour me plaisent beaucoup en littérature !
@ Céline : enfin il s’agit d’un type de littérature, hein ;o) Mais si je te tente ça me va tout à fait hehe !
Écrit par : Lou | 13/07/2012
Écrit par : rachel | 14/07/2012
Écrit par : Lou | 14/07/2012
Écrit par : rachel | 14/07/2012
Écrit par : Popila | 18/07/2012
Écrit par : Lou | 29/07/2012
Écrit par : Imprimer mon livre | 07/09/2012
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