A tous ceux qui comme moi, malgré leurs professions de foi et leurs bonnes intentions, succombent devant une couverture affriolante comme on se pâmerait devant un joli minois (ou un Colin Firth en Darcy), voici une petite piqûre de rappel :
Non !, il ne faut pas forcément donner sa chance à un livre en fondant de la sorte, car l’habit ne fait pas le moine, les titres sont parfois trompeurs, les couvertures encore plus.
Lisant les romans proposés par le Livre de Poche depuis environ un an et jusqu’ici plutôt contente de mon sort, j’ai fait aveuglément confiance au joli titre Le Degré suprême de la tendresse (charmante définition du cannibalisme par Dalí), à la cerise appétissante, à la bouche suggestive et au rose bonne humeur, bonbons et baisers. Mais ensuite, quelle galère !
Partant d’un fait divers sordide (une fellation imposée et une bouche avide qui croque hardiment le membre impertinent), Héléna Marienské propose ici plusieurs pastiches, réécrivant cette histoire avec des variantes, « à la »… et c’est là que ça ce gâte.
Car votre fidèle et dévouée est un esprit curieux, une exploratrice des territoires vierges ou pas, une aventurière de la phrase qui était prête à se laisser embarquer dans ces histoires coquines finissant sur un mode insalubre, quitte à laisser pour ce faire Pemberley où elle se la coulait douce depuis quelques mois. Mais… et là oui, il y a un mais, les références, que dis-je, les modèles de l’auteur sont à peu près tout ce que Damoiselle Lou abhorre dans la scène littéraire actuelle, pour ne pas dire la production verbeuse, narcissique, nombriliste, misogyne et auto-thérapeutique très en vogue dans les têtes de gondole des grands magasins.
Voilà donc une rencontre ratée, malgré l’originalité du procédé employé par Marienské (il y avait bien Fioretto mais en voilà un qui a largement humé le bon air des blogs avant de pondre son livre-conserve ou alors il y a des fois de ces coïncidences dans la vie……!), sans parler des qualités évidentes de son écriture, qui sait ma foi très bien s’adapter aux contraintes des différentes formes et références qu’elle s’impose. Un exercice de style réussi donc (peut-être un brin caricatural mais avec certains de ses modèles, ce n’est guère difficile), cependant pour moi, hormis la lecture de La Marquise Héloïse à la manière de Gédéon Tallemant des Réaux – son nom me rend ce monsieur tout à fait sympathique – une lecture ennuyeuse au possible. J’ai lutté contre Houellebecq (j’ai même ri une fois p39 mais j’ai le plus souvent pleuré), enragé contre Angot et, arrivée à la moitié, j’ai dû déclarer forfait. Dommage, d’autant plus cette exercice me donne finalement envie de relire Héléna Marienské. Avec un genre bien à elle. Et après m’être assurée du peu de rapport entre sa prose et celle de quelques autres que je ne nommerai pas.
Un livre à ne pas bouder, sauf s’il y a pour vous aussi contre-indication.
Et oui, je verse particulièrement dans les parenthèses aujourd’hui. So what ? (Lou, de bon poil)
216 p de catastrophe absolue pour mon équilibre naturel.
Héléna Marienské, Le Degré suprême de la tendresse, 2008
Commentaires
Écrit par : gambadou | 30/06/2009
J’avais vu la couverture et le titre m’attirait mais ce que tu en dis, bon, sincèrement, ça refroidit mes ardeurs.
Ce sont de bon marketeux chez Le Livre de Poche quand même !
:-))
Écrit par : Filaplomb (éditeur de bonnes nouvelles) | 30/06/2009
@ Filaplomb : honnêtement je pense que c’est un exercice de style réussi mais si, comme moi, on tremble à l’idée que quelqu’un nous offre un Angot (ceci dit avec le ticket de caisse, pas de souci), ce n’est pas vraiment le livre idéal…
Écrit par : Lou | 30/06/2009
Écrit par : Titine | 30/06/2009
Écrit par : Lilibook | 30/06/2009
Écrit par : Theoma | 01/07/2009
Écrit par : Critias | 01/07/2009
Écrit par : Critias | 01/07/2009
Écrit par : Critias | 01/07/2009
Écrit par : Critias | 01/07/2009
@ Lilibook : bon eh bien un de moins sur la LAL alors, c’est déjà ça de pris ;o)
@ Theoma : j’ai failli mettre un passage assez ubuesque (en fait celui qui m’a fait rire (ou plutôt sourire, n’exagérons rien !) même si c’est de très mauvais goût), lorsque le personnage principal inaugure un cours, avec des leçons assez peu orthodoxes « Proust et Céline : Ducon I et Ducon II », « Approche du XXe siècle : Proust : pédé nul ; Céline : surfait ; Moi : enfin » and so on (je ne mets pas la suite pour éviter l’arrivée impromptue d’amateurs de viande fraîche par ici). Alors le sapin de Noël, moi j’dis rien mais…
Écrit par : Lou | 01/07/2009
(Aucun souci pour les commentaires, ça arrive)
Écrit par : Lou | 01/07/2009
Écrit par : Karine 🙂 | 01/07/2009
Écrit par : zarline | 01/07/2009
Écrit par : Aifelle | 01/07/2009
Écrit par : rachel | 01/07/2009
Écrit par : Lou | 01/07/2009
Donc, je disais que je fuis cet éditeur, « Elle s’appelait Sarah » m’a vaccinée, et les quelques livres feuilletés par ci par là ainsi que les quelques avis glanés m’ont fait constater que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre.
Si j’ai bien compris, c’est un livre « à la manière de » ? J’ai « La soupe de Kafka en stock » depuis des lustres dans le genre. Les auteurs choisis sont bien plus intéressants à mon goût.
Écrit par : Lilly | 02/07/2009
Écrit par : Lilly | 02/07/2009
Pour l’éditeur je ne peux pas vraiment juger, je me souviens juste des critiques assez négatives au sujet du « Fiancé de la lune » mais je n’ai rien lu d’autre il me semble.
En revanche, j’ai moi aussi « la soupe de Kafka » dans ma PAL depuis plusieurs mois et que veux-tu que je te dise, des pastiches à la Woolf et à la Kafka, ça me parle un chouïa mais alors un tout tout tout petit chouïa plus que Houellebecq et compagnie !! ;o)
Écrit par : Lou | 02/07/2009
Écrit par : Manu | 04/07/2009
Écrit par : Lou | 06/07/2009
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