Keigo Higashino, Les doigts rouges

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Après La Maison où je suis mort autrefois, à l’atmosphère inquiétante, presque surnaturelle, cette deuxième lecture d’un roman de Keigo Higashino a de nouveau produit sur moi une forte impression. Noirceur et habileté sont les deux mots qui me viennent en premier à l’esprit pour qualifier ce récit où l’on sait d’entrée de jeu qui est le tueur. L’intérêt de l’intrigue consiste à suivre en parallèle coupables et police, pour voir comment les premiers comptent s’en sortir et comment les seconds pourront éventuellement résoudre l’affaire.

Maehara Akio est un employé de bureau de la classe moyenne, dont la vie se résume à des journées en entreprise, une éventuelle bière entre collègues, de longs moments passés dans des transports en commun bondés et une vie familiale peu réjouissante. Sa femme Yaeko et lui ne s’entendent pas particulièrement bien, son fils Naomi est un adolescent abruti de jeux vidéos et colérique, et sa vieille mère qui vit avec eux souffre de démence sénile. Lorsque s’ouvre le roman, Yaeko appelle son mari au bureau pour qu’il rentre rapidement : leur fils a étranglé une petite fille, provisoirement cachée sous un sac-poubelle dans le jardin. Au lieu d’appeler la police, la famille décide de couvrir l’adolescent.

Voilà un roman glaçant. Par le sujet bien entendu, mais aussi par la façon dont tout la famille Maehara décide de réagir. La petite est abandonnée dans un endroit sordide. La mère ne cesse de protéger son infâme rejeton ; il ne faudrait pas perturber le pauvre petit chaton, déjà tout tourneboulé par ce qui est arrivé. Tellement perturbé qu’il continue à réclamer des hamburgers, joue à la console et dort paisiblement quand ses parents ne vivent plus. Un adolescent qui d’emblée leur dit ne pas être responsable de par son âge; pour lui, il est tout à fait normal que ses parents gèrent le problème. Et il compte bien ne plus être importuné à ce sujet. Vient ensuite la stratégie mise au point par Akio, tellement sordide et cruelle. Et le retournement de situation final qui nous fait porter sur le déroulement des évènements un tout autre regard. Curieusement, le cynisme de cette famille sera contrebalancé par les réactions de deux cousins policiers, qui par leur approche professionnelle et leurs choix personnels, vont apporter une touche d’humanité, qu’on ne réalisera pleinement que dans les dernières pages. L’auteur décortique des relations familiales complexes avec beaucoup de talent. Un texte dont je n’attendais rien en particulier et que j’ai trouvé original et intelligent.

Keigo Higashino, Les doigts rouges, challenge un mois au japon, roman policier japonais

237 p

Keigo Higashino, Les doigts rouges, 2009 (2018 pour la version française)

Keigo Higashino, Les doigts rouges, challenge un mois au japon, roman policier japonais

Commentaires

j’ai adore son equation de plein ete (critique demain)…bref j’ai hate a lire tous ses polars…quoi….et celui-ci viendra apres la trilogie « Physicien Yukawa »….donc cela me conforme dans mon choix de le devorer avec ta critique…;)

Écrit par : rachel | 17/04/2018

Bonjour Lou, j’aime beaucoup cet écrivain, j’en ai lu 5 de lui. J’en ai encore un dans ma PAL et j’ai noté celui-ci. Bonne journée.

Écrit par : dasola | 18/04/2018

Tu me donnes très envie de découvrir ce thriller. D’autant que j’avais beaucoup aimé « La maison où je suis mort autrefois ». Merci pour la découverte!

Écrit par : Blandine | 20/04/2018

Une lecture sympathique… j’ai envie de gifler le môme rien qu’en lisant ton billet. Je pense que « La maison où je suis mort autrefois » me plairait plus.

Écrit par : Lilly | 22/04/2018

1 thought on “Keigo Higashino, Les doigts rouges

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