Eric de Kermel, La Libraire de la Place aux Herbes

kermel_librairie de la palce aux herbes.jpgProposez-moi un livre parlant de libraire ou de bibliothécaire et j’aurai du mal à vous dire non. Comme toute lectrice vorace qui se respecte, j’aime l’esprit si particulier qui règne dans les bibliothèques et plus encore selon moi, dans les librairies. Alors dès qu’un roman me donne l’occasion de retrouver cet univers douillet au coin d’une page, je ne boude pas mon plaisir. C’est un peu comme tout ce qui parle de salons de thé anglais, je ne sais pas passer à côté en feignant le snobisme et l’indifférence la plus totale.

Malheureusement, je ressors souvent un peu déçue de ces lectures, jamais tout à fait à la hauteur de mes espérances même si je passe en général un bon moment malgré tout. Ami lecteur qui passez par là, si vous avez des titres à me conseiller, je suis tout ouïe ! 

La Libraire de la place aux herbes ne fait pas exception à la règle. Il y est question d’une ancienne enseignante qui plaque tout pour venir s’installer à Uzès et racheter une librairie – qui m’a paru très grande, un peu trop pour que j’arrive tout à fait à y croire, mais en même temps il est agréable d’imaginer qu’un rachat de librairie puisse être un aussi beau succès (belle librairie, une clientèle solide, des rencontres avec des écrivains qui font venir plus de 100 personnes…). Ça donne envie d’ouvrir sa propre librairie !

On sait de la libraire qu’elle entretient des relations tendues avec sa fille et qu’elle s’entend mieux avec son fils. Son conjoint architecte fait des allers-retours sur Paris. Elle a aussi un fort attachement à l’Afrique du Nord (j’ai d’ailleurs trouvé qu’on sentait tout au long du livre cet intérêt particulier de l’auteur pour cette région – par contre, hormis l’Irlande évoquée à quelques reprises, peu d’autres références géographiques).

A chaque nouveau chapitre, un nouveau nom. Ce sera celui d’un client, dont l’histoire sera liée à ses passages dans la librairie le temps de quelques pages. Le principe est sympathique et on se laisse facilement porter par ces récits qui se succèdent et nous font découvrir une galerie de personnages assez divers. Nathalie s’intéresse à eux, leur propose des titres pouvant leur correspondre et cherche à les aider.

Globalement, voilà un roman agréable, aux allures de feel-good novel. J’ai sincèrement apprécié les premiers chapitres, avant d’être gagnée par la lassitude. Tout d’abord les héros de chaque chapitre ont pour la plupart des profils atypiques (le soldat blessé, la religieuse, le pèlerin, le facteur qui devrait être en train de faire ses études pour devenir comédien). Peu de personnages ordinaires auxquels j’aurais pu plus facilement m’attacher, comme la jeune Chloé… et encore, elle est habillée comme une énorme caricature de la famille catho de base, et n’a encore jamais choisi une seule de ses lectures car sa mère le fait pour elle. Qu’elle ait une mère tyrannique, je veux bien, mais qu’adolescente elle ait besoin de l’intervention de Nathalie pour se rendre compte qu’elle pourrait essayer de lire un peu par elle-même, je n’y crois pas trop. Ensuite, la libraire elle-même a fini par m’agacer un peu à force de se mêler de tout ce qui ne la regarde pas et de donner des leçons de vie à certains clients. Enfin, le roman suit une philosophie humaniste, avec un regard tourné vers l’autre et en arrière-plan une conscience écologiste : on ne peut qu’adhérer, même s’il en ressort de nombreuses réflexions pleines de bons sentiments (non qu’elles soient stupides). Encore une fois ce n’est pas une critique englobant tout le livre, mais plutôt le fait qu’au bout d’une centaine de pages, j’ai eu l’impression que ce roman resterait plaisant mais n’avait plus de surprise à me réserver. Dernier bémol : les dialogues pas naturels pour un sou. J’ai eu l’impression que ça s’améliorait un peu vers la deuxième moitié, mais je m’étais peut-être aussi habituée.

Je ne ressors pas de ce roman avec de très nombreuses envies de lecture hormis Voyages avec l’Absente d’Anne Brunswic, qui promet cependant une belle découverte.

Si vous aimez les livres, tentez votre chance et laissez vous embarquer dans cette lecture détente qui, malgré les défauts que je lui trouve, reste pleine de bonnes idées et de passages intéressants.

D’autres avis dans l’ensemble très positifs : La Tête dans les Livres, Vol de Livre.

En librairie le 23 février.

Merci aux Editions Eyrolles pour cette découverte. Et après avoir lu les épreuves non corrigées, j’ai eu le plaisir de recevoir la copie finale et un très joli tote bag. Merci pour cette délicate attention !

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222 p

Eric de Kermel, La Libraire de la Place aux Herbes, 2017

Commentaires

Je ne sais pas si c’est quelque chose qui me tenterait. Je suis souvent déçue comme toi sur ce genre de bouquins. Et ça m’a fait la même chose avec un roman sur la bibliothérapie que je pensais adorer et qui m’a déçue au final ! :/

Écrit par : Chicky Poo | 25/02/2017

@ Chicky Poo : je me méfie des livres de thérapies en tout genre même si je dois avouer que la bibliothérapie n’aurait pas manqué de me tenter si j’avais croisé un tel livre ! Peut-être que pour les livres sur les livres, il faut que je m’attaque à Manguel dont les essais m’ont l’air ambitieux. Et peut-être le livre de Ladjali (j’hésite car j’ai quand même eu des échos négatifs.. mais c’est un auteur que j’apprécie beaucoup).

Écrit par : Lou | 26/02/2017

Un livre pourtant tout en finesse, une approche des personnages intéressante, on ne se lasse pas de ces rencontres, ce que l’on aime dans la vraie vie, la rencontre, creuser. Découvrir des livres, par l’expérience des personnage.
Pour ma part, c’est une belle découverte et envie de l’offrir à tout le monde! une bonne idée de cadeau!

Écrit par : veronique naciri | 27/02/2017

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