Shelly King, Le Coeur entre les Pages

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Demain sortira en librairie Le Coeur entre les pages de Shelly King (The Moment of Everything pour la version originale). Ne vous fiez pas au titre, ce n’est pas une romance à proprement parler. Même si… j’y reviendrai ensuite.

La petite trentaine, Maggie s’est installée depuis la fin de ses études dans la Silicon Valley pour profiter des nombreuses opportunités liées au développement d’Internet. Elle traverse une mauvaise passe depuis une rupture et son licenciement d’une start-up branchée, mais en profite pour passer ses journées à squatter dans une librairie d’occasion, en lisant des romans à l’eau de rose pleins de torses virils et de demoiselles en détresse. Affligé de la voir occuper ses journées de cette façon, son meilleur ami la pousse à retrouver du travail et essaie de la mettre en relation avec une femme d’affaires très influente. Mais Maggie ne se trouve finalement pas si mal dans sa librairie poussiéreuse, malgré la présence du chat Grendel, véritable boule puante qui l’attaque de temps en temps lorsqu’elle passe trop près de ses repères de bibliophile averti. Le destin de la jeune femme est chamboulé par la découverte entre les pages de Lady Chatterley d’une correspondance amoureuse entre deux inconnus, Henry et Catherine.

Ce roman entre dans la catégorie des livres « doudous », qu’il fait bon lire quand le temps est aussi maussade qu’il a pu l’être ces derniers jours. On s’imagine bien avec une petite tasse de thé et ce livre qui se laisse lire tout seul – du moins sur plusieurs parties en ce qui me concerne. L’atmosphère est le point fort du roman, qui nous plonge à San Francisco dans les années 2000. Comme Maggie, on s’imagine porter des Tee-shirts de geeks en sirotant de mauvais cafés ou de petits bourbons, la nuit, dans une cour pleine de plantes et de visiteurs – qui sait, un exemplaire des Chroniques de San Francisco à la main. De même, on aime imaginer les dédales du Dragon Fly, les trouvailles, les habitués et les correspondances secrètes. J’ai néanmoins un peu décroché à moment donné, lorsque l’héroïne vit à son tour une histoire d’amour. En matière de littérature, je ne suis pas très fleur bleue ; autant je peux tout à fait comprendre l’intérêt d’un Mr Darcy tout en retenue, autant je m’ennuie mortellement quand on menace de basculer dans la romance à tout moment. Heureusement pour moi, le livre reprend un nouveau souffle après cette passade trop guimauvesque pour moi. La librairie, personnage à part entière, occupe de nombreux passages et joue un rôle déterminant dans la reconstruction de l’héroïne. Si j’ai beaucoup aimé cet endroit où les seuls fauteuils de lecture disponibles sont dans la vitrine, j’ai regretté de ne voir Maggie lire que des titres de romans à l’eau de rose avec quelques démonstrations de virilité, alors que le cadre était idéal pour faire des clins d’oeil littéraires plus intéressants. J’aurais adoré découvrir quelques pépites grâce aux libraires décalés du Dragon Fly.

A noter pas mal de coquilles agaçantes (notamment le futur remplaçant régulièrement le conditionnel) mais j’ai lu la sortie presse, j’imagine que des corrections ont dû être apportées entretemps.

Une lecture plaisir en tout cas, grâce à ce petit voyage américain bien plaisant.

Une citation qui ne laissera pas indifférents beaucoup de lecteurs: Les librairies sont des créatures romantiques. Leurs marchandises vous séduisent et leurs problèmes vous brisent le coeur. Tous les grands lecteurs rêvent d’en avoir une. Ils pensent que passer la journée au milieu de tous ces livres sera le grand accomplissement de leur passion. Ils ne savent pas encore qu’il faut trier ce qui rentre, suivre ce qui sort, ils ignorent qu’on attrape des maux de tête à force de faire de la manutention et de ranger dans les rayons, et tout cela pour très peu d’argent. Ces lecteurs ne pensent qu’au mariage sans accorder beaucoup d’attention à la vie conjugale. Les livres sont une lourde charge, et il n’y a pas d’échappatoire (p 370).

Merci à Anaïs et aux éditions Préludes pour cette découverte.

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374 p

Shelly King, Le Coeur entre les Pages, 2014

Commentaires

et bin cela semble quand meme etre guimauve didonc…(euh pour le cote pecunier, elle arrange comment ? car euh, j’aimerais aussi me perdre comme ca dans une librairie sans rien faire ou quasi)….;)

Écrit par : rachel | 04/05/2015

Je pensais exactement comme Rachel, ça a l’air très sucré non ? je suis plutôt salé 😉

Écrit par : Laure | 04/05/2015

Bon, je pourrais quand même me laisser tenter… 🙂

Écrit par : FondantOchocolat | 04/05/2015

le cadre est très tentant. Mais pareil que toi, ca ne me dérange pas d’avoir une peu de love story (quand c’est sur le ton de l’humour, ça va), mais wais faut pas que ca soit trop guimauve…(d’où je prefere quand c’est sur le mode scond degré).

Écrit par : Valeriane | 04/05/2015

Mon billet le 6 , car j’ai couplé avec un autre Préludes qui sort le 6… En gros je suis du même avis, tiens tiens, j’ai préféré le côté librairie..
Quant aux erreurs, je n’ai pas trop remarqué, mais récemment pour un autre livre je râlais contre le passé simple à la place de l’imparfait (ou l’inverse, peu importe)

Écrit par : keisha | 04/05/2015

Pourquoi pas? Je serais curieuse de découvrir ce livre… 🙂

Écrit par : Camilla | 13/05/2015

La romance est effectivement bien présente mais j’ai quand même beaucoup apprécié. Je me suis surtout focalisée sur le Dragonfly et le petit côté geek, je me serais bien installée dans un des fauteuils de la librairie.

Écrit par : Hilde | 08/07/2015

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