Valentine Goby, La Fille surexposée

goby_la-fille-surexposée.gifRentrée littéraire automne 2013

Ce roman de Valentine Goby s’inscrit dans le projet des éditions Alma de couvrir les thèmes fondamentaux de l’art selon Picasso : « la naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et peut-être le baiser ». La Fille surexposée traite de la révolte.

Valentine Goby s’inspire pour cela d’une oeuvre de Miloudi Nouiga, qui a réalisé une série autour des « Mauresques », ces photos érotiques de femmes nord-africaines vendues sous la forme de cartes postales dans la première moitié du XXe. Ces clichés recréent un orientalisme de pacotille, utilisant tel ou tel élément de façon à laisser penser que la jeune femme est de telle ou telle origine… alors que les mêmes modèles se retrouvent  sur plusieurs photos, tantôt marocaines, tantôt algériennes ou tunisiennes. Miloudi Nouiga barre ces photos de grands coups de pinceaux, d’une pluie de gouttes de toutes les couleurs, diluées à l’eau de javel.

Maintenant ça sèche. Le cliché orientaliste ravagé. Miloudi le regarde. Il est le mensonge et la preuve du mensonge. Il produit le mensonge, un mirage de Mauresque début de siècle qui n’a pas existé. Et il atteste de l’existence d’un bordel officiel à Casa, avalé par un trou de mémoire. Un mensonge auxiliaire de la vérité (p 117).

Avec habileté, l’auteur brode autour de la toile en couverture du roman, basée sur une carte postale intitulée Khadidja la Marocaine. Elle dit d’elle-même à la fin du livre :  Je dessine, restitue, invente le hors-champ, le hors-temps de l’image, du moment : cela fait des romans (p 124).

Dans les années 1920, un photographe met en scène une fille prête à se dénuder pour un complément de revenu, malgré les interdits de sa religion qui voudraient que le corps ne soit pas exposé aux yeux de tous. Cette photo, le jeune soldat Maurice va la retrouver dans les années 1950 au fond d’une boutique où il était venu acheter des babouches. Il se décidera ensuite à se rendre au Bousbir, quartier réservé aux prostituées, dont les occupantes font l’objet d’examens réguliers, selon une volonté hygiéniste de l’administration coloniale. Annés 1970. Miloudi fait ses études à Paris et découvre  à son tour le cliché intitulé « Khadidja la Marocaine ». Il collectionnera ensuite les cartes postales du même genre avant de s’en servir pour créer une série de toiles, exposées en 2012 dans son atelier à Rabat. Et c’est là qu’Isabelle retrouvera sous une autre forme la carte postale envoyée par son grand-père Maurice à un ami lors de son arrivée au Maroc.

J’ai été attirée par la superbe couverture et le nom de Valentine Goby et ne regrette pas de m’être plongée dans ce court roman, succession de récits entrecroisés. Les chapitres alternent les époques avec une belle cohérence, les personnages se rapprochant les uns des autres à travers « Khadidja la Marocaine », qui sans le vouloir tisse une toile entre eux d’époque en époque. L’écriture de Goby est toujours celle du corps, directe et maîtrisée. Sur le fond, on (re)découvre une facette encore une fois peu glorieuse de la colonisation, avec des points de vue très différents. Encore une belle réussite pour cet auteur !

D’autres avis : Jérôme D’une Berge à l’Autre, Le Temps de Lire, Noukette, Cachou

Un article sur la prostitution coloniale.

Et ici, deux autres chroniques des oeuvres de Valentine Goby : L’Echappée ainsi que Qui touche à mon corps je le tue (que j’avais trouvé remarquable).

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127 p

Valentine Goby, La Fille surexposée, 2014

Commentaires

En effet la couverture donne très envie 😉 Pourquoi pas ?

Écrit par : Malice | 23/03/2014

et bin didonc tout un theme didonc….oui les images ont l’air interessantes et toute une histoire…

Écrit par : rachel | 23/03/2014

Je suis attirée par la couverture, mais pas vraiment tentée par l’histoire…

Écrit par : Adalana | 24/03/2014

Je ne vais pas le noter. Je l’ai vu sur les blogs, il a de bonnes critiques, mais c’est l’histoire qui ne m’inspire pas…

Écrit par : Syl. | 25/03/2014

Je ne suis pas forcément très tentée par l’histoire non plus par contre, je trouve le projet des éditions Alma très intéressant ! Je vais aller voir ce qu’il y a d’autres sur leur catalogue.

Écrit par : Lili | 27/03/2014

Une très belle idée de collection. J’avais beaucoup aimé ce roman… et la sublime écriture de Valentine Goby.

Écrit par : Noukette | 27/03/2014

Very tempting. J’adore la couverture en plus.

Écrit par : Karine:) | 30/03/2014

Bonjour,

J’ai vu sur votre site web que vous chroniquiez des romans. J’ignore si ce nom vous dit quelque chose, mais l’auteur Marie Caron vient de publier un drame répondant au nom de : « Maintenant et à travers les temps ». Je vous laisse découvrir ci-après le synopsis :

Un soir de janvier glacial et enneigé, Antoine Morel, chirurgien à l’hôpital Saint-Gabriel, emprunte, comme chaque jour, la nationale 67 qui le ramène chez lui, au Mont Cassel. Pressé de retrouver la chaleur de sa demeure, Antoine oublie ce soir-là ses règles de bonne conduite et devient le pantin d’une mauvaise attraction. Quand il se réveille à l’hôpital quelques heures plus tard, il découvre avec stupeur qu’il a mis une vie en danger. De qui s’agit-il ? Est-ce l’œuvre de Kismet* ? 

*Kismet : terme utilisé en turc et dans le monde arabe pour se référer au destin.

Je vous communique également des liens susceptibles de vous intéresser :

http://www.mariecaron.net/

http://www.amazon.fr/Marie-Caron/e/B00EDH2YBE/ref=ntt_dp_epwbk_0

www.facebook.com/Marie.Caron.Ecrivain

En effet, vous trouverez ma démarche sans doute audacieuse ou culottée… mais, je suis les actualités de cette romancière depuis ses débuts et je dois avouer que ses écrits mériteraient qu’on fasse sur eux la lumière qu’ils méritent. J’ai été bouleversé par l’histoire d’Antoine Morel et je vous invite à découvrir ce récit. J’ignore quel genre de livre vous aimez, mais comme il m’est arrivé de le lire ou de l’entendre : il ne faut pas seulement donner aux lecteurs ce qu’ils aiment mais aussi ce qu’ils pourraient aimer. Je trouve que ce serait vraiment formidable pour cette auteure qu’on parle de son livre et d’en faire une chronique.

J’espère ne pas vous avoir déranger avec ce message. Je comprendrai que vous puissiez ne pas apprécier les posts « publicitaires ».

Mais, vous savez ce que c’est, quand on est fan de quelqu’un… 🙂

Je vous souhaite une bonne journée,

Amicalement,

A.

Écrit par : Angie | 02/04/2014

Je suis très tentée par Valentine Goby, j’en entends beaucoup parler, il va falloir que je m’y penche 🙂

Écrit par : Chicky Poo | 03/04/2014

Les commentaires sont fermés.

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