Ella NO baila sola

baldes viperes.jpg J’ai découvert Horacio Castellanos Moya à la Maison de l’Amérique latine, grâce à Malice. Quelques jours plus tard, je l’ai revu lors du Festival America, alors que je passais et repassais auprès de ses stands par hasard, toujours chargée de livres et, après quelques échanges en espagnol :

 

1)  J’ai décidé que ce cher Horacio est un auteur décidément très sympa et plein d’humour ;

2) Je suis devenue la traductrice attitrée de Malice, qui a succombé à son bal des vipères avec raison (si la raison a quelque chose à voir avec les impulsions qui font et défont ce récit) ;

3) J’ai appris que plusieurs amies de l’auteur s’étaient fâchées après la publication d’un récit où les vipères, sensuelles et expressives, leur ressemblaient un peu trop. Il semblerait qu’elles n’avaient pas tort…

La littérature latino-américaine a un côté décoiffant. Qui s’y frotte s’y pique. C’est le cas avec Le Bal des Vipères, drôle de « road story » dans laquelle un jeune homme disparaît brutalement. On se souvient l’avoir vu discuter avec un SDF vivant dans sa voiture jaune, déglinguée, une ceinture en serpent à la taille et une bouteille de gnôle à portée de main. On est loin de se douter que le jeune sociologue au chômage s’est approprié l’improbable caisse. S’ensuit une virée étonnante à travers la ville, en compagnie de quatre vipères et d’un curieux chauffard qui sèment ensemble la terreur. Invasion de serpents ? Œuvre d’un psychopathe ? Approche du Jugement dernier ? Complot politique ? Sursaut des narcotrafiquants ? Les hypothèses vont bon train mais la police ne parvient pas à prévenir les attaques de serpents qui engendrent des mouvements de panique dans différents quartiers de la ville. Quant à la relation entre le conducteur et ses vipères, elle est on ne peut plus charnelle, à divers degrés !

Je n’étais pas certaine de survivre aux passages faisant référence aux vipères, ayant moi-même une peur bleue des serpents. Autant dire que Valentina, Carmela, Loli et Beti ressemblent étrangement à quatre femmes et, morsure à part, pourraient tout à fait faire oublier leur caractère ophidien.

La course poursuite rocambolesque est racontée tour à tour par les fuyards, les flics dépassés et une presse sur les dents. Points de vue divergents, hypothèses absurdes et décalage donnent plus de dynamisme à un récit déjà mouvementé. L’écriture est fluide, sympathique, le style parfois un peu gouailleur. Outre le conducteur de la vieille Chevrolet et ses quatre concubines de choc, quelques personnages importants: la journaliste ambitieuse, son supérieur aux émanations de bouche d’égout, le responsable de l’enquête et surtout un de ses subordonnés, à la voix aiguë pas crédible pour un sou. Enfin n’oublions pas la critique du pouvoir en place, avec un Président incompétent, lâche et franchement ridicule.

Beaucoup de second degré et d’humour dans ce récit décalé et original avec lequel je découvre enfin Les Allusifs (dont j’ai cela dit un certain nombre de livres en attente).

Ah oui : lors de la conférence à la Maison de l’Amérique latine, un problème de traduction intéressant a été soulevé. Le titre original est Baile con Serpientes (et non Serpenties, petite coquille dans mon édition). Problème : on dit « una » serpiente mais « un » serpent, ce qui est très fâcheux pour les quatre sirènes de notre anti-héros. D’où le passage au mot « vipères » en français.

D’autres avis à ne pas manquer : Malice, Caro[line], Mapero sur Lecture/Ecriture, Valedebaz et un texte intéressant que je viens de trouver en espagnol, de Leonor Abujatum.

Gangoueus a également parlé de la rencontre avec Horacio Castellanos Moya à la Maison de l’Amérique latine.

161 p

Horacio Castellanos Moya, Le Bal des Vipères, 2001

Commentaires

Ce que je connais de la littérature hispanique me plaît beaucoup. Je continuerai bien ma découverte avec Moya !

Écrit par : Leiloona | 13/01/2009

Eh bien, je ne connais pas trop la litterature latino américaine, et je trouve ça formidable d’en parler. Merçi pour la référence, j’essayerais de regarder plus pres si je le vois passer en librairie.

Écrit par : Juliann | 13/01/2009

Très chouette ton billet, j’aime beaucoup tu as su rendre en effet l’ambiance décoiffant de ce roman c’est le moins que l’on puisse dire 🙂 Bravo !

Écrit par : Alice | 14/01/2009

Je ne lis jamais de littérature hispanophone, mais il faudrait que je m’y mette ! J’ai vu que le Mexique était à l’honneur au salon du livre en plus (et comme je vais ptètre essayer d’y aller cette année…)

Sinon, je n’avais pas vu que tu étais inscrite au Valentine Swap, moi aussi j’ai reçu mon questionnaire ! (deux swaps en quelques mois, vous m’avez corrompue…)

Écrit par : Lilly | 14/01/2009

@ Leiloona : ce livre a aussi convaincu les personnes que je cite dans mon billet 🙂

@ Juliann : je suis contente de voir que cette incursion dans la littérature latino américaine te plait… ça me donne une raison de plus de continuer à lire Castellanos Moya, dont j’ai deux autres livres en attente.

@ Malice : chouette ! ce que tu dis là me fait très plaisir ! Merci miss !!

@ Lilly : bon si tu viens au Salon du Livre et que je suis sur Paris à ce moment, j’espère que nous aurons enfin l’occasion de faire connaissance ! Tu pourrais aussi rencontrer Cryssilda qui serait heureuse de faire un bras de fer Wilkie vs Thackeray ;o)
Quant au swap Valentin, je t’ai vue dans la liste… effectivement, je vois que tu deviens accro aux swaps ^^ de mon côté je suis comme une petite fille, prête à me plonger dans ce nouveau swap avec plaisir !

Écrit par : Lou | 14/01/2009

J’ai décidé cette année de lire plus d’étranger anglosaxon et hispanique mais pas en version originale (no habla espanol). Je viendrais faire mon marché ici. 🙂

Écrit par : Thaïs | 15/01/2009

@ Thais : tu trouveras peut-être ici quelques pistes car j’ai de mon côté prévu de réduire ma PAL hispanique cette année 🙂 Et puis il y a le Salon du Livre qui va faire parler du Mexique !

Écrit par : Lou | 15/01/2009

Merci pour la référence, Lou. Ce Moya m’a laissé une impression agréable. Je suis justement entrain de commencer la lecture de « Là ou vous ne serez pas » .

Très beau compte rendu de lecture.

@ bientôt,

Écrit par : Gangoueus | 23/01/2009

@ Gangoueus : ah je serais curieuse de connaître tes impressions sur « Là où vous ne serez pas ». Caro[line] et Malice ont préféré le livre précédent. Au plaisir de te lire 🙂

Écrit par : Lou | 24/01/2009

oh effectivement…c le genre de roman qui me plairait….je l’enregistre (la pochette)…;o)

Écrit par : rachel | 18/03/2010

@ Rachel : l’auteur est très sympa aussi, et très marrant (je l’ai rencontré deux fois en l’espace de quelques jours et nous avons échangé à chaque fois, surtout que la 2e fois il était mort de rire de me revoir – l’espèce de geek de la littérature qui va à une conférence à la maison de l’Amérique latine un jeudi et revient 2 jours après au Festival America !!)

Écrit par : Lou | 19/03/2010

oooh genial…quelqu’un vraiment abordable…je suis allee voir sa biographie…vraiment interessant…;o)..chanceuse en tout cas…;o)

Écrit par : rachel | 19/03/2010

Les commentaires sont fermés.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *