Margaret Kennedy, Le Festin

Quel festin que ce merveilleux livre de Margaret Kennedy, qui a été pour moi un coup de coeur !

Ce roman s’inscrit dans l’annonce d’une tragédie : l’effondrement d’un bloc de falaise sur une maison bourgeoise reconvertie en pension de famille.

Après avoir posé ce contexte, à travers les explications d’un homme d’église chargé d’écrire un texte pour la cérémonie religieuse qui suit quelques semaines plus tard, la narration repart quelques semaines en arrière. Nous voilà en août, pendant les derniers jours de la pension.

Au fil des journées, nous suivons une large galerie de personnages : le propriétaire, Mr Siddal, vilain petit canard de la famille relégué dans une pièce minuscule où il se terre, quand il ne vient pas discourir auprès des hôtes, pouvant soutenir de manière remarquable les points de vue les plus opposés. Mrs Siddal, qui a transformé la maison en pension de famille de façon à pouvoir envoyer ses deux plus jeunes fils à l’université. Pour que son projet fonctionne, il faut que son aîné Gerry qui a fait médecine contribue à leurs frais. Hors de question de le laisser se marier ou partir en Afrique comme il l’envisage. Gerry est généreux et se plie en quatre pour sa mère, qui le lui rend plutôt mal. Viennent ensuite les employés, notamment la belle et gentille Nancibel et l’affreuse gouvernante qui ne fait pas grand-chose à part repérer les faiblesses de tous les clients, dont elle raconte les petites hontes avec délectation. Enfin, parmi les clients, une veuve qui semble ne pas aimer ses trois filles. Une écrivaine un peu sulfureuse et son « chauffeur ». Une famille bourgeoise, le mari et la femme tiraillés par des valeurs opposées. Un homme d’église fanatique et colérique et sa fille au désespoir. Ou encore un couple âgé d’une grande discrétion.

Au fil des jours, des relations se tissent, des bassesses ont lieu, tout comme des élans de générosité. Entre la pension, la côte et la petite ville adjacente, les personnages évoluent, s’enrichissent ou se forgent une identité propre au contact des autres et des petits événements qui se succèdent. On s’attache, on déteste, on s’indigne, jusqu’au dénouement qui m’a surprise par une certaine moralité, dans le choix des rescapés.

La plume de Margaret Kennedy est drôle, sensible, et les pages se tournent bien trop vite, au point que j’ai interrompu ma lecture pour y revenir après car je n’avais aucune envie de quitter cet univers. Drôle, doux amer, ce classique moderne a su me toucher par sa grande sensibilité et ses personnages si divers et bien campés.

Au moment de ma chronique initiale, j’espérais que d’autres publications de cette romancière et de nouveaux classiques vintage viendraient bientôt nourrir cette belle collection… c’est maintenant chose faite avec Divorce à l’Anglaise !

Le Festin tombe à pic pour le thème « Maison » du jour.

480 p

Margaret Kennedy, Le Festin, 1950

(Publié précédemment sur Instagram, @lou_myloubook)

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