So British !

1cd1c3240cbb2536bc8e70a605bd8611.jpgLa critique arrive (je l’ai fini hier) ! Mille excuses pour mes chroniques peu nombreuses en novembre !
 

Bon, après de longues tergiversations j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains, de secouer la paresse qui me tient sous sa coupe depuis un certain temps et d’écrire enfin une note sur Retour à Brideshead d’Evelyn Waugh, découvert grâce à Emmanuelle.

Il y a un peu plus d’un an, j’ai inauguré ce blog en parlant d’un gros coup de cœur. Il s’agissait d’un autre livre de Waugh, mon tout premier, Le cher Disparu. Depuis je m’étais promis de poursuivre ma découverte mais il a fallu attendre le swap thé et littérature et le colis adorable de ma swappeuse pour que je mette mes plans à exécution. Pour preuve de mon intention d’origine, parmi les livres à lire listés fin 2006 dans la colonne de gauche de ce blog figure encore aujourd’hui Brideshead revisited.

Le cher Disparu était un roman court, assez loufoque, tellement bourré d’humour noir qu’il en devenait terriblement insolite et tordant. Une immense surprise en somme, un livre qui m’avait prise de court et qui me laissait un peu perplexe. Difficile d’imaginer la même thématique réchauffée et servie deux fois par Waugh. Pourtant son ton décalé ne cadrait pas non plus avec les autres romans que je pouvais imaginer. Cette première entrée en matière avait de quoi m’intriguer. En résumé, passé le Cher Disparu, que pouvait-on attendre de Waugh ?

Retour à Brideshead est écrit dans un tout autre registre.

L’histoire : Angleterre. 2e guerre mondiale. Le narrateur, Charles Ryder, se rend dans un nouveau campement où les soldats continueront à s’entraîner avant de partir un jour pour le front. Lorsque le régiment arrive à destination, la surprise est grande pour Ryder : le voilà de retour à Brideshead, dans une propriété qu’il connaît bien pour l’avoir autrefois fréquentée. Brusquement les souvenirs affluent. Tout d’abord Sebastian, l’ami d’Oxford qui l’amène pour la première fois à Brideshead, la propriété familiale. Puis, des années plus tard, alors que Charles est devenu peintre, Julia, la plus jolie des sœurs qui deviendra bientôt sa maîtresse.

Avec l’histoire de cette famille et des liens qui l’unissent à Charles, Waugh dresse le portrait d’une aristocratie anglaise sur le déclin, coincée entre deux guerres mondiales. D’abord entre la mère, Lady Marchmain, fervente catholique obsédée par ses deux frères morts en héros, et Lord Marchmain, qui n’a jamais voulu rentrer chez lui après être parti au combat. Puis le dévouement de Cordelia lors de la guerre d’Espagne. Enfin la réquisition de la maison et le départ de Charles, dont on ne sait trop à la fin ce qu’il adviendra de lui.

Même s’il est parfois un peu long, Retour à Brideshead est un roman très touchant. Difficile pourtant de dire si l’on s’attache vraiment aux personnages. Charles est intelligent mais terriblement froid. On lui pardonnera ses infidélités conjugales en trouvant sa femme exaspérante mais on s’étonnera de ne pas le voir manifester le moindre intérêt pour ses deux enfants, qui d’ailleurs n’apparaissent jamais directement dans le roman. Le plus émouvant est peut-être Sebastian, qui incarne au début la joie de vivre et traîne partout avec lui un ours en peluche nommé Aloysius. En réalité personnage au mal être profond, Sebastian sombre dans l’alcoolisme pour se protéger de son étouffante famille. Puis il s’estompe progressivement, jusqu’à devenir un ivrogne délabré dont on apprend l’histoire par des on-dit. Certains de ces personnages sont troublants tant ils sont directs et mettent à nu leurs propres souffrances avec un apparent détachement.

C’est donc une famille vouée au chaos que l’on suit pas à pas, pour voir chacun de ses membres s’enfoncer progressivement dans le néant : maladie et décès des deux parents, alcoolisme et disparition de Sebastian, abnégation et dévouement total des deux sœurs aux hommes partis en guerre. Jusqu’à Brideshead, le fils aîné, pilier débile de la famille qui finit par s’éclipser lui aussi en bonne compagnie, comme l’avait fait son père des années plus tôt.

Au final, en quittant ce portrait désarmant et cynique de l’aristocratie anglaise, on saluera Waugh pour sa finesse, la complexité de ses personnages et la richesse des dialogues. Les quelques longueurs sont vite pardonnées. Un beau roman à recommander vivement aux amateurs de classiques anglais.

MERCI EMMANUELLE !

J’en profite pour vous inciter à lire ma critique du Cher Disparu, roman désopilant que je ne vois pas sur les blogs et qui devrait plaire à bon nombre d’entre vous.

607 p

Evelyn Waugh, Retour à Brideshead, 1946

 

Commentaires

I love England 🙂
et voilà ma chère Lou, j’ai achevé « Orgeuil et préjugés » ; je t’embrasse et te remercie encore pour ce précieux cadeau qui m’a comblée de mille mots…

Écrit par : wictoria | 02/12/2007

Je l’ai commencé il y a longtemps… mais je ne l’ai pas encore fini (non, non, pas « abandonné »… seulement mis de côté… depuis 3 ans, par manque de temps!!!) J’ai hâte de lire ta critique afin de déterminer si je m’y remets!!!!

Écrit par : Karine | 02/12/2007

@ Wictoria : ah, je suis vraiment heureuse que mon cadeau t’ait fait plaisir ! Merci infiniment pour ton petit mot !

@ Karine : voilà; c’est chose faite !:o)

Écrit par : Lou | 02/12/2007

heureuse de voir que le roman t’a plu… à bientôt ;-))

Écrit par : Emmanuelle | 02/12/2007

J’ai lu un peu vite le résumépour me concentrer sur tes impressions… et je crois que je vais reprendre! Le problème, c’est justement que j’avais de la difficulté à m,attacher à Charles!

Écrit par : Karine | 02/12/2007

Je l’ai lu il y a bien longtemps et j’avais adoré !!
Ton billet me donne envie de m’y replonger séance tenante !!

Écrit par : lily | 03/12/2007

j’en salive déjà!!très jolis tes colis au fait! les miens sont presque prêts!! bises

Écrit par : Choupynette | 04/12/2007

On m’a tellement parlé de cet auteur anglais qu’il faut que je le découvre absolument. Et ton article me donne vraiment envie de commencer à le lire sans trop tarder. J’adore cet humour anglais, noir et décalé, qui leur va si bien !!! Merci pour cette découverte.

Écrit par : Nanne | 04/12/2007

Ah j’ai hâte d’avoir vos avis !

Écrit par : Lou | 07/12/2007

Je confirme: c’est bien ton billet qui m’a donné envie de le lire! 🙂

Écrit par : Charlie Bobine | 27/05/2008

@ Charlie Bobine : tu m’en vois ravie ;o)

Écrit par : Lou | 29/05/2008

Je dois avouer que, moi qui adore la littérature anglaise, j’ai eu du mal à terminer ce roman et que je me suis ennuyée en le lisant. Pourtant, je reconnais qu’il est très bien écrit. La deuxième partie m’avait semblé plus intéressante que la deuxième mais malgré tout, je n’en garde pas le meilleur des souvenirs.

Écrit par : Manu | 30/05/2008

@ Manu : j’ai préféré « le cher disparu », plus vif et plus drôle. Cela dit, j’ai beau avoir moins apprécié, « Retour à Brideshead » est un roman plus abouti et assez profond. Cela dit, je suis d’accord avec toi : j’ai également préféré une des parties, de mémoire la première. Un peu lassant par moment mais c’est un classique intéressant.

Écrit par : Lou | 30/05/2008

Est-ce que cela se fait d’écrire un commentaire sur un billet vieux de 5 ans ? J’avoue que j’ai plus de mal que toi à pardonner à ce roman ses longueurs. Je me suis pas mal ennuyée dans la 2e partie du roman, sans doute à cause du thème de la religion qui me rebute un peu. C’est dommage, parce que j’ai quand même l’impression d’avoir lu un grand roman, mais qui ne m’a pas donné autant de plaisir que j’aurais pu l’espérer. Dommage !

Écrit par : Virgule | 16/12/2012

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