Hiroki Takahashi, Okuribi, Renvoyer les morts

Ayumu déménage une nouvelle fois suite à la mutation de son père. Il quitte cette fois-ci Tokyo pour un petit village entre montagnes et rizières. Bon élève, habitué à s’intégrer rapidement, il rejoint un collège sur le point de fermer. Dans sa classe de douze élèves, un groupe de filles à peine mentionné, et des garçons qui vont rapidement inviter Ayumu à se joindre à leur groupe.

L’adolescent découvre alors leurs habitudes de jeu. En particulier, le recours au jeu des cartes « hanafuda » qui leur permet de tirer au sort un perdant qui fera « plouf » et aura un gage. Comme celui d’offrir des sodas aux autres. Puis d’autres bien plus sordides. Derrière l’innocence apparente du jeu et des habitudes naît une tension qui n’a de cesse de croître lorsqu’il devient évident que le meneur de jeu utilise les cartes pour humilier puis nuire physiquement à Minoru, qui encaisse tout avec un demi-sourire. Une série de maltraitances dont l’issue devient de plus en plus inquiétante à mesure que les mois passent. Au sadisme latent du meneur ne s’oppose aucune résistance. Derrière l’amitié de façade se cache une grande lâcheté, nourrie et endormie par des traditions locales.

J’aime me laisser porter par la littérature japonaise, très diverse, toujours dépaysante. J’ai été conquise par ce texte d’une noirceur évidente et parfois dérangeante. On savoure la plume précise et tranquille de l’auteur, les observations d’Ayumu sur sa nouvelle maison, les bains, les rizières. Mais la scène d’ouverture où Ayumu  s’enfonce dans la forêt noire fait d’emblée pressentir une chute éloignée de cet univers bucolique. Alternant scènes paisibles, références aux traditions, moments en famille, jeux innocents et évènements choquants, ce roman est une claque.

153 p

Hiroki Takahashi, Okuribi, Renvoyer les morts, 2018 (2022 pour la présente édition)

4 thoughts on “Hiroki Takahashi, Okuribi, Renvoyer les morts

  1. Rooooh, je le dis souvent, la littérature japonaise me laisse souvent de marbre, mais là tu me tentes diablement. Je vais noter, peut-être qu’une nouvelle incursion au Japon me plairait enfin ?

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