Alexandra Koszelyk, La Dixième Muse

En cette nouvelle rentrée littéraire, le deuxième roman d’Alexandra Koszelyk me tentait tout particulièrement.

La Dixième Muse est un voyage quelque peu étrange au pays des muses, d’Apollinaire et des Dieux grecs. Tout débute avec Florent, qui n’a jamais connu sa mère et dont le père est décédé quelques mois plus tôt. Alors qu’il peine à faire son deuil, son ami de toujours lui demande de l’amener en voiture au Père-Lachaise pour son travail, en rapport avec des arbres dont les racines ont engorgé des canalisations. La sortie n’est qu’un prétexte parmi d’autres pour lui changer les idées. Alors qu’il se promène dans le cimetière, Florent croise la tombe d’Apollinaire et perd ses repères pour la première fois en grimpant à un arbre. Hors de la ville et du temps, le Père-Lachaise est un lieu troublant, où les sens du narrateur sont mis en éveil. Il rentre de cette escapade avec la souche d’un arbre coupé, qui lui est remise par son ami. Une souche étonnante, qui suggère un cycle de vie inhabituel au fil des saisons.

A partir de là, le merveilleux et l’étrange entrent dans la vie de Florent. Il nourrit une obsession soudaine pour Apollinaire, fait des recherches sur le poète et les femmes qui l’ont influencé. Il se met à faire des rêves en rapport avec eux, rêves qui le projettent une centaine d’années plus tôt, avec un réalisme étonnant. Au hasard de sa route, tout semble le mener à l’écrivain. En parallèle, il développe une sensibilité grandissante à la nature, aux arbres et à la terre, faisant écho aux poèmes d’Apollinaire sur ce thème. Plus le récit avance, plus l’empreinte fantastique se confirme, ainsi que la fusion avec la nature. Pour aborder l’écologie, l’écoute de la terre et l’équilibre nécessaire entre hommes et nature, Alexandra Koszelyk fait le pari audacieux de revenir aux mythes fondateurs grecs, en incarnant la mère d’origine, Gaia.

Porté par une très jolie plume, La Dixième Muse est un roman encore différent de ce que j’avais imaginé avant de l’ouvrir, car je ne m’attendais pas à ce que l’univers d’Apollinaire et du Père-Lachaise amènent à une réflexion poussée sur des notions plus larges et très actuelles de rapport à la nature. Déroutée, sans doute, mais avec le plaisir de me laisser entraîner dans les errances de Florent, dont on se demande du début à la fin quelle sera sa porte de sortie. Et bien sûr, dès le départ, on se prend au jeu des rencontres avec Apollinaire, que l’on découvre petit à petit à travers ses sources d’inspiration et ses textes, qui ponctuent çà et là le récit. Un voyage vers le merveilleux que je vous invite à entreprendre sans réserve.

Et mention spéciale pour la couverture de toute beauté !

280 p

Alexandra Koszelyk, La Dixième Muse, 2021

8 thoughts on “Alexandra Koszelyk, La Dixième Muse

    1. J’adore les cimetières parisiens, je fais partie de ces personnes un peu bizarres qui aiment se promener au cimetière !

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