Mark Forsyth, Incognita incognita ou le plaisir de trouver ce qu’on ne cherchait pas

Pour débuter ce nouveau Mois anglais, j’ai choisi ce petit texte de Mark Forsyth, Incognita Incognita ou le plaisir de trouver ce qu’on ne cherchait pas. Un texte de bon augure avant un mois qui invite à la découverte, grâce aux partages des participants qui chaque année nous régalent et me font noter de nombreux titres (alors que pourtant, côté littérature anglaise, j’ai de quoi faire !).

Voilà un court texte, comme tous ceux de l’exquise « Petite Collection des Editions du Sonneur ». Etymologiste et humoriste, Mark Forsyth partage à travers cet essai ses réflexions de lecteur en partant d’une déclaration de Donald Rumsfeld (que je n’aurais pas attendu là) : « Il y a des choses que nous savons savoir. D’autres que nous savons ne pas savoir. C’est-à-dire que nous savons ne pas savoir pour le moment. Mais il y a aussi des choses que nous ne savons pas ne pas savoir. » Mark Forsyth cite par exemple les curiosités littéraires qu’il a trouvées chez des amis, ou encore ce livre abandonné dans le vestiaire des étangs de Hampstead Heath.

Ce dont veut nous parler Mark Forstyh, c’est de « méthodes pour acheter les livres« . Il nous invite à pousser la porte des librairies et à jouer les explorateurs pour se laisser surprendre, et oppose cette approche aux commandes sur Internet. « Internet prend vos désirs et vous les recrache, consommés. Vous lancez une recherche, vous entrez les mots que vous connaissez, les choses que vous avez déjà à l’esprit, et Internet vous sort un livre, une image ou une notice Wikipédia. Mais c’est tout. C’est ailleurs qu’il faut chercher ce qu’on ne sait pas ne pas savoir. » Et donc il faut « aller dehors. Laisser entrer l’élément chance ». Il faut donc aller dans une vraie librairie, qui, pour lui, doit être petite, sélective, et ne proposer que de bons titres. A titre personnel je ne vois pas ce que la taille de la librairie vient faire là-dedans, car il y a des librairies relativement spacieuses qui regorgent de pépites et sont tenues par des libraires passionnés, et de petites librairies sans beaucoup d’attraits (j’en avais une à deux pas de chez moi, où le libraire semblait vendre ses bouquins comme il aurait vendu du saucisson). Elle a été remplacée par mon nouveau lieu de perdition.

Sur d’autres sujets plus périphériques, Forsyth ajoute que les e-pubs ont poussé les éditeurs à être plus exigeants quant à leurs couvertures afin de conquérir davantage de lecteurs avec les formats papier. Il parle de « bibliomancie », ou l’art de lire son avenir en ouvrant au hasard une page d’un livre pour y lire son destin. J’ai essayé de me prêter à l’exercice. Mon doigt est tombé par hasard sur « Middle England » de Coe, ce qui m’a ravie. Mais après trois essais différents, je n’ai toujours pas trouvé de phrase me disant mon destin (étant tombée sur des phrases du type : untel regarda unetelle). Le mystère reste entier.

Plaidoyer plein d’humour en faveur des petites librairies exigeantes, ce livre invite le lecteur à s’ouvrir à de nouveaux horizons, ceux dont il ne sait pas encore qu’il ne les connaît pas. Et comme le processus est infini, la perspective qui s’offre à nous est tout à fait réjouissante ! Vive la littérature !

L’avis de Pativore.

47 p

Mark Forsyth, Incognita incognita ou le plaisir de trouver ce qu’on ne cherchait pas, 2014

29 thoughts on “Mark Forsyth, Incognita incognita ou le plaisir de trouver ce qu’on ne cherchait pas

  1. Le genre de livres que je lis si je tombe dessus à la médiathèque mais qui ne m’apportent généralement pas grand chose à part un petit plaisir bref.

    1. Ce n’est pas tout à fait faux ! Mais il m’arrive de relire ce type de petits ouvrages à l’occasion !

  2. Pour les couvertures, c’est sûrement vrai en Angleterre parce que les grands éditeurs français n’ont pas l’air de comprendre l’importance d’une belle couverture. Les petits éditeurs y font plus attention.
    Et sinon, je suis d’accord avec toi sur la taille des librairies, la petitesse n’est pas forcément gage de qualité !

    1. Oui pour les couvertures, en France je trouve qu’il y a quand même eu du progrès récemment, mais certains éditeurs continuent à faire des couvertures moches !

  3. Je suis forcément tombée dessus à la bibli, mais je n’avais plus trop de souvenirs de cette lecture (plaisante, ceci étant)
    La serendipité?

    1. Oui c’est bien là le sujet ! C’est une lecture plaisante, distrayante et qui finalement, nous rappelle aussi qu’il faut savoir sortir de ses habitudes de lecteur (ce qui n’est pas si facile !). Maintenant que j’ai une excellente librairie près de chez moi il m’arrive d’acheter un livre sur les conseils du libraire, alors que je n’y aurais pas fait attention sinon. Et ça me fait très plaisir de partir à la découverte… mais je le faisais peu avant hormis en vacances chez mes parents où j’avais par exemple découvert pour la première fois les éditions du Sonneur.

  4. Oh il doit être sympa ce bouquin 🙂
    C’est vrai que les couvertures ont une importance, mais j’essaye de m’en défaire car je passe parfois à côté de pépites parce que la couverture me rebute… Et l’inverse est vrai aussi d’ailleurs !
    Je n’ai jamais tenté la « bibliomancie » mais le principe m’amuse ! 😀
    Bon lundi 🙂

    1. C’est dur de ne pas faire attention à la couverture, enfin je trouve personnellement. il est vraiment rare que j’achète une édition moche, d’ailleurs parfois le choix de la langue se fait en fonction de la couverture pour moi. A l’inverse, je me suis déjà fait avoir par de jolies couvertures mais c’est assez rare, souvent dans ce cas c’était combiné à des avis positifs ou un résumé tentant. Par contre la couverture est souvent le déclencheur qui me pousse à regarder de quoi il s’agit plus en détail.
      Belle soirée !

  5. c’est bien de se laisser surprendre et de sortir de sa zone de confort de temps en temps, même si on aime revenir aux valeurs sûres, rassurantes en terme de lecture. Merci pour la réflexion ! :=)

    1. Je partage ton avis… je serais bien malheureuse de ne plus me laisser porter par mes recherches autour de la littérature anglaise, les recommandations des blogueurs aux goûts comparables etc… mais de temps en temps, la surprise a du bon aussi !

  6. Petit livre charmant, oui, découvert l’an dernier et dévoré avec gourmandise comme d’autres de la même collection notamment un qui pourrait figurer dans le mois anglais, signé William Wilkie Collins, En quête de rien (délicieux).

    1. Oh mais oui, j’avais lu « En quête de rien » il y a des années, il figure parmi les billets récupérés sur mon ancienne version de blog. Merci de me le remettre en mémoire ! J’ai aussi « Le vice de la lecture » et « La nièce de Flaubert ».

  7. Un livre sur les livres et les librairies ? Allez, hop, dans ma Lal, obligé ^^ Je ne connais pas cet éditeur mais je vais essayer d’en savoir plus : les publications ont l’air originales !

    1. Tout à fait ! J’espère que beaucoup de libraires auront l’idée de le mettre en évidence près de la caisse, c’est typiquement le genre de petit ouvrage sur lequel on peut craquer… et qui donnera envie de revenir :o)

  8. Une bien jolie philosophie, se laisser surprendre… Par contre, désolée pour ta carrière avortée de Bibliomancienne !
    Je découvre aussi cette maison d’éditions, je vais regarder ça de plus près !

    1. Oui, cette carrière avortée de Bibliomancienne, quelle frustration ! Et je suis vraiment contente de faire découvrir cette belle maison d’édition !

  9. Je viens de finir de le lire et je me suis bien amusée 🙂 Je suis contente d’avoir découvert ton billet et ce tout petit essai fort amusant et intéressant 🙂

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