Claire Keegan, Les Trois Lumières

De l’Irlandaise Claire Keegan, j’avais lu un recueil de nouvelles en 2013, L’Antarctique. J’ai retrouvé avec plaisir sa plume délicate en lisant Les Trois Lumières, court roman mettant en scène une fillette envoyée passer l’été chez des parents qu’elle ne connaît pas, alors que sa mère s’apprête à accoucher d’un énième enfant.

Le récit s’ouvre sur le trajet en voiture, le père conduisant la petite fille dans une ferme où elle va rester quelque temps… quelques jours peut-on supposer au départ, puis, finalement le temps d’un été. On sait simplement que le couple sans enfant fait partie de la famille du côté maternel. La fillette est intimidée par cette nouvelle situation, par ces adultes dont elle ne sait pas comment ils vont réagir. Le fermier, Kinsella, semble un peu bourru mais accueillant. Sa femme est de suite agréable avec l’enfant, qui a tout de même bien du mal à savoir comment se comporter et ce qu’on peut attendre d’elle.

Avec subtilité, Claire Keegan dévoile l’histoire de la petite à travers des allusions : la pauvreté, l’indifférence vis-à-vis des enfants trop nombreux, l’alcoolisme du père, qui a perdu une génisse en pariant et ne peut pas gérer correctement sa ferme. On comprend que l’enfant est laissée à elle-même, mal habillée, mal éduquée et, on peut le supposer, peut-être maltraitée (d’où son angoisse après un accident nocturne, et la scène finale, dont j’aimerais beaucoup connaître votre interprétation si vous avez lu ce roman).

Petit à petit, dans un cadre rural, l’enfant et ses parents d’accueil ponctuels vont se découvrir, s’apprivoiser. Entre les tâches de la maison, les balades pour aller au puit, la course chronométrée chaque jour pour aller chercher le courrier, leur relation va se bâtir. Une relation basée sur la confiance et, petit à petit, un réel attachement, qui se manifeste dans une scène finale intense malgré la grande pudeur des personnages. A la fin de l’été, l’enfant va aussi apprendre un triste secret concernant le couple, qui lui est révélé par une voisine perfide. Edna, la femme de Kinsella, a choisi de faire confiance à sa voisine en lui confiant la petite un court moment lors d’une veillée funèbre : la femme en profite pour poser les questions les plus indécentes sur le foyer, avant de critiquer la robe que les Kinsella ont choisie pour la petite et de révéler leur secret.

En peu de pages, Claire Keegan nous livre un récit riche en émotions, faits de tensions sous-jacentes et de suggestions subtiles. Un très beau texte.

L’avis de FondantGrignote.

88 p

Claire Keegan, Les trois Lumières, 2010

13 thoughts on “Claire Keegan, Les Trois Lumières

  1. Je l’ai beaucoup aimé ce petit livre mais je n’ai pas compris la fin.
    Pourquoi dit elle « papa, papa » .
    Repart elle avec eux ?
    Un peu frustrante cette fin à mes yeux

    1. C’est vrai, maintenant que tu le dis. Les titres de Claire Keegan sont poétiques mais très courts, presque évanescents. C’est une expérience un peu déroutante. Cela fait un moment que je ne l’ai pas lue, pourtant j’en ai encore un dans ma PAL.

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