K. Brunk Holmqvist, Aphrodite et Vieilles Dentelles

Rien de tel que ce roman suédois pour chasser la grisaille de Janvier – la preuve, au moment où j’écris ces livres, un grand soleil a réussi à triompher des nuages matinaux.

Mais qu’est-ce qu’Aphrodite et vieilles dentelles ? Un roman coquin pour personnes âgées ? Un guide pratique sur la reproduction des lapins ? Un livre de recettes aphrodisiaques ? Que nenni ! La couverture est trompeuse… cela dit, après réflexion, pas tant que ça !

Tilda et Elida vivent dans une petite localité paisible, dans la maison parentale vétuste qu’elles n’ont jamais quittée, avec leurs oignons aux pieds, leurs dentiers inconfortables et leurs « water-closets » de fortune dans le jardin. Les deux soeurs vivent simplement, voire chichement. Elles puisent l’eau chez le voisin et la chauffent dans la cuisine car elles n’ont pas l’eau courante et bien sûr, pas de salle-de-bain. Elles vivent et dorment dans la cuisine car c’est la seule pièce convenablement chauffée. La chambre parentale qui a vu les naissances et morts familiales est restée inchangée depuis le décès de leurs parents il y a bien longtemps. Seule animation très ponctuelle, la venue de leur frère, le plus jeune de la fratrie, qui a réussi et rêve d’envoyer ses soeurs en maison de retraite pour retaper la maison familiale et avoir une résidence secondaire à la campagne. Ainsi, les soeurs vaquent à leurs mornes occupations, envoient une carte ou un colis à leur frère pour les grandes occasions, et comptent bien vivre ainsi jusqu’à la fin de leurs jours.

C’est compter sans le décès du voisin et l’arrivée d’un nouveau venu, un fringant citadin, le directeur de bureau Alvar Klemens. Petit à petit, la vie des deux soeurs va se trouver bouleversée. Après avoir demandé à Alvar la permission de continuer à puiser leur eau chez lui, elles commencent à se lier d’amitié avec lui et à entrevoir d’autres possibilités. Les voilà qui deviennent plus coquettes, commencent à dépenser pour de jolies tenues, changent les rideaux, finissent même par commander par correspondance (quelle audace !), tandis que leur été est rythmé par les échanges avec le voisin, des visites réciproques et bien arrosées, de délicieux repas mitonnés par les deux soeurs ou encore, une fête surprenante pour elles, lors de laquelle elles vont déguster des écrevisses en compagnie de gens ayant mené des vies très différentes de la leur.

Mais ce n’est pas tout. Un soir, les deux femmes voient un chat renifler un parterre avant d’être pris de frénésie sexuelle. Les deux demoiselles sont abasourdies, elles qui n’ont jamais consommé (même s’il s’en est fallu de peu pour Elida – on ne sait pas trop d’ailleurs si c’est un soulagement ou un regret pour elle). Elles finissent par obtenir d’Alvar les secrets de son engrais miraculeux – dont il ne semble pas soupçonner toutes les vertus.

Alors que l’automne arrive et qu’Alvar est reparti en ville, Tilda et Elida montent ensemble un projet audacieux : créer un aphrodisiaque et le vendre par correspondance pour financer l’installation de water-closets au sein de la maison. S’ensuit une aventure rocambolesque, pimentée par les soucis conjugaux du petit frère et le retour d’Alvar à Noël.

Ce roman je l’ai lu deux fois. Il y a 18 mois au cours d’un été. Puis je n’ai pas trouvé le temps d’en parler pour le Mois de Décembre nordique 2017 comme je m’étais promis de le faire. Et lorsque j’ai voulu rédiger mon billet un an plus tard, je n’avais plus les idées aussi claires. Alors j’ai commencé à feuilleter le roman… pour finalement le relire intégralement tant il est amusant à lire.

Les deux soeurs sont des anti-héroïnes uniques en leur genre, drôles, pétillantes et pleines de surprise. Voilà un roman amusant, bien ficelé, plein de bonne humeur, de complicité et d’humanité.

280 p

K. Brunk Holmqvist, Aphrodite et Vieilles Dentelles, 2004

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