Foujita : Peindre dans les années folles

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Ce sera ma troisième exposition nippone en l’espace d’un mois, ainsi que le dernier billet avant mon bilan du challenge Un Mois au Japon, que j’ai adoré partager avec vous et Hilde. D’ailleurs le challenge n’est pas encore tout à fait terminé pour moi puisque je continue à découvrir certains de vos billets (et à alourdir ma liste d’envies pour l’année prochaine).

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Voici la présentation de l’artiste sur le site du musée Maillol, où se tient une rétrospective jusqu’au 15 juillet 2018 :

L’exposition retrace l’histoire d’un destin unique, celui d’un artiste évoluant entre deux cultures. De ses prémices au Japon, en passant par son ascension et la révélation de son oeuvre, son parcours le mènera jusqu’à la création de ce personnage si singulier dans le contexte parisien des années folles. Ses thèmes récurrents – femmes, chats, natures mortes, enfants et autoportraits – sont spécifiques du foisonnement de sa production artistique. Foujita traverse les grands courants modernistes sans dévier de son schéma de recherche, respectueux de ses racines japonaises et du classicisme des grands maîtres occidentaux.
Ses oeuvres en appellent d’autres, celles de ses voisins d’atelier, ses amis, admirateurs et inspirateurs, pour un dialogue enrichissant permettant de mesurer l’originalité et la complémentarité des artistes regroupés sous l’appellation « École de Paris ».

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L’exposition démontre le talent de l’artiste fou de dessin qui, après son illustre prédécesseur Hokusai, maniait le pinceau avec brio. Le trait de Foujita se révèle d’une sureté infaillible et ses lignes d’une finesse calligraphique exemplaire avec l’utilisation du sumi (encre nore japonaise) autant sur le papier que pour ses huiles. Il laisse à la couleur un rôle secondaire mais si décisif qu’elle en sublime le trait. La délicatesse de la gouache et de l’aquarelle emplit les formes par aplat, pour des transparences subtiles lorsqu’il s’agit de peinture à l’huile. Ses fonds d’or renforcent quant à eux l’impression de préciosité et de raffinement.

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Une exposition bien pensée, qui intègre la dimension chronologique tout en donnant à voir les facettes multiples d’un artiste qui s’est beaucoup cherché, s’inspirant d’influences variées (culture asiatique, classiques italiens, amis contemporains et notamment Modigliani). Les toiles japonisantes ont parfois l’intérêt de mêler des sujets plutôt occidentaux à un style extrêmement oriental. De nombreux tableaux sont des allusions évidentes à des pièces maîtresses de l’art religieux.

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L’exposition insiste également sur la personnalité de l’artiste, qui a fréquenté les figures emblématiques des années folles, porte cette horrible coiffure et cette ridicule moustache dans sa volonté de jouer les dandys originaux. Un artiste qui se met en scène en photos et à travers ses toiles pour sortir du lot et se créer une identité marquante. Foujita se distingue également par sa facilité à quitter ses compagnes – ou à remplacer l’avant-dernière lorsqu’elle disparait brutalement.

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Je dois avouer que je ne suis pas particulièrement sensible à l’univers de cet artiste, même si j’ai apprécié un certain nombre d’oeuvres. Certaines de ses toiles ressemblent énormément à du Modigliani, mais je les trouve plus fades. Les facettes de Foujita sont si nombreuses qu’on peut avoir un peu de mal à vraiment déceler ce qui est le plus représentatif de l’artiste. Ce qui m’a en tout cas le plus convaincue, ce sont les portraits dans le style ci-dessous: visage sérieux, quasi fantomatique, regard direct, traits nets du visage (qui d’ailleurs rappellent un peu les primitifs italiens).

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Le détournement des sujets religieux, avec des traits épurés, géométriques, et le recours au doré, est très intéressant lui aussi. Foujita s’est d’ailleurs converti au catholicisme sur le tard et a été jusqu’à concevoir une église à la fin de sa vie.

Je note aussi quelques influences préraphaélites dans le modelé de certains visages:

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Je remarque après coup que l’exposition a fait le choix d’éviter le sulfureux et de privilégier des oeuvres plus sages, moins provocatrices. Par exemple, on y trouve beaucoup de portraits d’enfants mais en cherchant des informations sur le net, j’ai découvert plusieurs toiles plus équivoques, comme Petits enfants faisant pipi, dans une mise en scène indéniablement érotique.

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Source Artvalue

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De même, on trouve dans l’exposition la belle toile ci-dessus, ainsi que quelques autres dans ce style. Une version plutôt chaste comparée à celle présente ci-dessous, que je ne pense pas avoir vue au cours de ma visite :

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Source Artvalue

Beaucoup de chats aussi dans cette exposition. Avis aux amateurs!

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Commentaires

J’ai beaucoup aimé faire la connaissance de cet artiste en lisant le dernier roman de Gaëlle Nohant. Cette exposition me plairait 🙂

Écrit par : Lili | 26/05/2018

et bin j’aimerais bien le connaitre didonc…du moins son ouvrage of course…;)….il doit etre intrigant….et vive les chats…;)

Écrit par : rachel | 26/05/2018

Hum, c’est très particulier… Je crois que je n’aime pas trop, enfin je ne suis pas séduite quoi…

Écrit par : Chicky Poo | 26/05/2018

@ Lili : ah j’hésite à lire son dernier livre, je pense que je finirai par me lancer. Tu m’intrigues en parlant de Foujita !

@ Rachel : Oui c’était une découverte intéressante. Je ne regrette pas ma visite !

@ Chicky Poo : je suis assez mitigée sur une partie des oeuvres mais la visite était indéniablement intéressante. C’était une découverte totale pour moi.

Écrit par : Lou | 27/05/2018

Je ne connaissais pas du tout cet artiste, c’est très intéressant en tout cas.

Écrit par : Lilly | 27/05/2018

@ Lilly : j’ai découvert à l’occasion de l’expo que c’était une figure incontournable du Montparnasse des années 20 et un artiste de renom… mais je ne le connaissais pas non plus avant !

Écrit par : Lou | 28/05/2018

J’avais prévu d’y aller en début de mois, mais j’ai du remettre ça à plus tard. J’ai bien l’intention de découvrir cet artiste par cette exposition. IL faut dire que je ne le connais que de nom et depuis 5 ans seulement. Jamais entendu parlé avant 🙂

Écrit par : La chèvre grise | 28/05/2018

@ La chèvre grise : l’exposition vaut le coup, qu’on adhère ou pas au(x) style(s) c’est indéniablement intéressant. Et on retrouve toute une époque emblématique de la vie artistique parisienne.

Écrit par : Lou | 10/06/2018

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