Le récit s’ouvre avec le retour de la narratrice à Roccachiara après dix ans d’absence. Fortuna a décidé de revenir après avoir appris la découverte d’un squelette qui pourrait être celui de sa meilleure amie. Son histoire s’inscrit dans la continuité d’une lignée de femmes, toutes douées d’un certain pouvoir. En quelque sorte des sorcières, elles sont guérisseuses, sentent la présence des esprits ou les voient. Fortuna, elle, semble ne pas avoir reçu ce don de clairvoyance, au grand soulagement de sa grand-mère Elsa. Car leurs connaissances prisées des villageois ne protègent pas la famille de la superstition et de la bêtise des autres: elles sont ainsi mises au ban de la société locale, de façon plus ou moins marquée selon les générations.
Fortuna est protégée du monde extérieur par sa grand-mère Elsa. La petite voue un amour sans espoir à sa mère, Onda, qui ne l’a jamais voulue et vit dans une cabane de fortune près du lac où sont mortes de nombreuses personnes. Lorsqu’elle doit affronter l’école, la jeune Fortuna est seule à son tour, jusqu’à l’arrivée de Luce, la fille du fossoyeur. Egalement prise pour cible par les écoliers, Luce devient rapidement la meilleure amie de Fortuna. Leur relation est fusionnelle mais bizarre et déséquilibrée. Luce, elle, aime aider son père dans son travail, excelle à la préparation des corps et se réfugie dans le cimetière des enfants dès qu’elle en a l’occasion. C’est dans ce cadre étrange, sauvage et quelque peu inquiétant que grandit Fortuna.
L’été venait de commencer, et la grossesse de ma grand-mère approchait de son terme. Elle était nerveuse car le bébé ne cessait de bouger, ce qui lui valait de terribles cauchemars. Une nuit, elle rêva de nouveau du lac.
Dans ce rêve, elle volait comme un héron au-dessus de l’eau bleue, transparente, où les herbes ondoyaient paresseusement et les poissons pullulaient. Sur le fond reposait un village entier, avec ses rues et ses maisons, où les algues tenaient lieu d’arbres. Sur le pas des portes, des gens souriaient et la saluaient.
Elle se réveilla. Il faisait jour et Angelo était déjà parti. Alors qu’elle s’asseyait, un liquide froid à l’horrible goût amer lui monta à la bouche. Elle eut juste le temps de se pencher pour le cracher.
Ce n’étaient pas des glaires, mais l’eau du lac (p 37).
Voilà un superbe roman, à travers les portraits marquants de femmes volontaires face à l’adversité, le tout dans un lieu sauvage et un contexte de superstitions. Un coup de coeur.
Merci aux éditions Points pour cette découverte.
408 p
Valentina D’Urbano, Acquanera, 2013
Commentaires
en tout cas, l’histoire y ressemble et j’avais adore….et si ce n’est pas celui-la…je dois le lire….;)
Écrit par : rachel | 23/05/2017
Écrit par : Miriam | 23/05/2017
@ Miriam : avec plaisir !
Écrit par : Lou | 23/05/2017
Écrit par : Cryssilda | 24/05/2017
Écrit par : Martine | 25/05/2017
Écrit par : Lilly | 05/06/2017
Écrit par : FondantGrignote | 01/09/2017
Un coup de cœur en plus!
Écrit par : Hilde | 07/10/2017