Mephisto où es-tu ?

les_poupees_du_diable 00.jpgEn plein dans les préparatifs du Bloody Swap, j’ai eu envie de profiter de la rentrée du cinéma pour découvrir Les Poupées du Diable de Tod Browning, dont l’affiche m’avait interpelée en passant à proximité du petit cinéma qui diffusait ce film. Une première pour moi qui n’avais jamais vu au cinéma un vieux film en noir et blanc comme celui-ci, qui date de 1936.

De Tod Browning je ne connaissais que l’immortel Dracula, kitsch à souhait mais tellement mythique qu’on lui pardonnerait tout. Pire encore, on en redemande !

les_poupees_du_diable 03.jpgLes Poupées du Diable – comme l’a fait remarquer l’une des amies avec qui je l’ai vu – est un film hybride qui semble bizarrement mélanger deux histoires qui n’auraient a priori pas grand-chose à faire l’une avec l’autre en temps normal.

les_poupees_du_diable 04.jpgL’histoire débute dans un cadre sombre ; on voit venir le film d’épouvante dans toute sa splendeur, avec tout ce qu’il faut de décors glauques et de mise en situation diantrement dramatique : deux prisonniers du bagne de Devil’s Island parviennent à semer les autorités qui sont à leur trousse. Ensemble, ils rejoignent Malita, l’épouse de l’un d’eux. Celle-ci vit dans ce qui ressemble vaguement à une cabane en rondins, perdue au milieu de la forêt et près d’un cours d’eau qui a tout d’un marais, à l’écart de la société. C’est là qu’elle a promis d’attendre son époux emprisonné et de travailler à leur grande entreprise : miniaturiser des êtres vivants en poupées qui s’animent en fonction de la volonté de leurs épouvantables créateurs. Alors qu’il tente une expérience sur la bonne, une jeune femme un peu simple d’esprit, le scientifique fou Marcel succombe à une crise cardiaque aux côtés de son épouse et de son compère Paul Lavond, mis dans la confidence. (Mal)heureusement, Malita est bien décidée à poursuivre l’œuvre de son illustre époux. On s’en doute, elle trouve en Lavond un nouvel allié bien décidé à utiliser cette opportunité pour se venger des escrocs qui l’ont fait condamner alors qu’il était innocent. C’est donc à Paris que les deux complices installent une boutique de poupées pour opérer.

les_poupees_du_diable 05.jpgTout commence donc dans une ambiance parfaitement machiavélique. Pourtant, l’horreur fait bientôt place au suspense puis au drame familial. Paul Lavond est loin d’être un monstre, ce qui donne lieu à certaines scènes dégoulinant de bons sentiments lorsque la famille de Lavond fait son entrée, entre la mère certaine de l’innocence de son petiot, la fille qui déteste son père sans le connaître et l’épouse qui a mis fin à ses jours. Nulle raison de s’inquiéter donc, c’est l’heure de sortir les mouchoirs et de pleurer sur le triste sort des uns et des autres, qui souffrent pour de mauvaises raisons (la première étant que toute leur affaire est décidément très compliquée).

les_poupees_du_diable 02.jpgJ’ai souvent eu le sourire aux lèvres en découvrant ce film fort sympathique et bien sûr si délicieusement décalé et maladroit. Les effets spéciaux m’ont surprise et m’ont paru plutôt réussis pour un film de cette époque, même si le défaut majeur que l’on pourrait reprocher au montage est de donner l’impression que deux plans différents ont été superposés pour obtenir l’effet voulu : un personnage miniature qui marche sous un fauteuil ou se hisse sur une table.

les_poupees_du_diable 01.jpgCeci dit, ce n’est pas ce qui est le plus amusant parmi tous les éléments qui rendent le film peu crédible. Il y a par exemple ce repère a priori infâme où se terre la femme d’un bandit et qui, une fois qu’on y pénètre, se révèle être une maison confortable et très bien meublée, pourvue de plusieurs pièces et d’un escalier. Il y a aussi cet air de psychopathe de Malita qui prête à sourire, avec ces yeux grands ouverts, ces sourcils arqués et ce regard fixe qui ne la quittent pas. Et puis certaines scènes extrêmement drôles, comme la rencontre entre le père et la fille : le père prétend être un autre, il a à peine changé par rapport à la photo prise lors de son arrestation mais sa fille n’est pas capable de le reconnaître et conclut à la fin : « c’est bizarre, il me dit quelque chose » (en voilà une qui a certainement inventé la poudre !). Ou encore au tout début, la scène de la crise cardiaque qui vaut tout de même son pesant de cacahuètes. Imaginez cette pauvre Malita qui se morfond en attendant son illustre mari puis, lorsque celui-ci meurt sous ses yeux à peine arrivé (précisons qu’elle l’accueille comme s’il rentrait après un petit week-end et non comme l’évadé tant attendu), la voilà qui l’examine et qui constate : « Il est mort ! »(musique ; elle s’agrippe à Paul Lavond) « mais nous devons continuer son œuvre ! ». Tadam ! A ce sujet, la place des femmes est encore bien représentative de l’époque. Si Malita est particulièrement mauvaise (voire maléfique), elle a besoin d’occuper une place de seconde et se soumet à la volonté de Paul Lavond dès que son époux décède. Ce n’est qu’à la fin qu’elle décide de se rebeller, mais son regard psychotique et sa stupidité la trahissent : Paul Lavond évite de justesse d’être transformé en poupée.

les_poupees_du_diable 06.jpgA noter l’acteur principal dont le physique et le jeu se prêtent parfaitement au rôle (y compris lorsqu’il se déguise en une inquiétante petite vieille) : Lionel Herbert Blythe, qui a reçu l’oscar du meilleur acteur en 1931 et souvent joué avec Greta Garbo.

Au final j’ai passé un excellent moment en découvrant ce film au charme suranné. Une curiosité (à voir en VO pour les imitations d’accent français) !

Un avis plus éclairé.

Tod Browning, The Devill-Doll / Les Poupées du Diable, 1936

Commentaires

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de voir ce film de Ted Browning. J’avais bien entendu beaucoup aimé son « Dracula » avec le cher (et étrange) Bela Lugosi. Il faut voir aussi « Freaks » qui est un gran film sur les « monstres » de foire.

Écrit par : Titine | 06/10/2009

Pour t’éviter des nuits blanches, mon colis avance bien. Je pense pouvoir l’envoyer mercredi prochain!

Écrit par : Edelwe | 06/10/2009

J’ai vu qu’il passait dans le cinéma près de ma fac, mais je pense pas que j’aurais le temps d’aller le voir!~

Écrit par : Alicia | 06/10/2009

Je ne connaissais pas.

Écrit par : Lilibook | 07/10/2009

Mission tag accomplie ! Billet diffusé demain ! Merci d’avoir pensé à moi !

Écrit par : Theoma | 07/10/2009

@ Titine : oui en effet, je ne connaissais pas mais je l’ai découvert en me renseignant sur Browning avant de voir le film. Il paraît qu’il a recruté les acteurs dans des foires et autres cirques montrant des « monstres », c’est assez glauque quand même mais il paraît effectivement que c’est un très bon film.

@ Edelwe : génial, une nuit blanche de moins ;o)

@ Alicia : il fait une heure si jamais ça peut te tenter ^^

@ Lilibook : c’est une découverte pour moi aussi !

@ Theoma : génial ! je risque de tarder un peu dans mes lectures car je vais avoir peu de temps les prochains jours, mais je me note ça car j’ai bien envie de lire tes réponses !

Écrit par : Lou | 07/10/2009

c vrai que ces films en noir et blanc peuvent surprendre par leur sujet et leur conception…les effets speciaux du plan superpose ont ete utilises pour le signeur des anneaux…c fou…;o)

Écrit par : rachel | 07/10/2009

Tod Browning est le plus grand ! Il faut maintenant absolument que tu vois « Freaks », je ne connais pas de meilleur film !

Écrit par : Ys | 08/10/2009

Je me souviens l’avoir vu il y a super longtemps, mais je me rappelle surtout le remake ! (comme d’hab’)

Écrit par : Emma | 08/10/2009

@ Rachel : honnêtement j’ai été vraiment surprise, dans le bon sens du terme !

@ Ys : wouah, à ce point ? Eh bien, voilà une 3e personne qui me conseille à tout prix ce film, je ne peux plus reculer !

@ Emma : c’est quoi le remake ? ça ne me dit rien…

Écrit par : Lou | 08/10/2009

oh je te crois…il me vient deux films des annees 50/60 intelligemment menes dans la SF

Écrit par : rachel | 09/10/2009

J’adore Browning mais voilà un film que je ne connais pas. Non seulement je confirme pour Freaks mais en plus, je peux te le prêter 🙂

Écrit par : Isil | 09/10/2009

Tu ne serais pas allée le voir rue des écoles par hasard ? j’ai failli et au dernier moment je n’y suis pas allée… contente d’avoir lu ton avis du coup!

Écrit par : cocola | 10/10/2009

J’aime beaucoup les vieux films et tu viens de me donner des pistes pour de futures soirées cinéma. Merci Lou. Bisous

Écrit par : Ellcrys/Malorie | 10/10/2009

J’aime bien ce genre de films, et en général les films de cette époque, même si je n’en regarde pas souvent. Celui ci a l’air excellent !

Écrit par : Manu | 11/10/2009

@ Rachel : j’ai encore toute ma culture à faire en la matière !

@ Isil : OK ! Je vais appeler un déménageur pour récupérer tous les DVD que tu me prêtes :o)

@ Cocola : yes ! rue des Ecoles ! J’en déduis que tu habites, travailles, étudies par là ?^^

@ Ellcrys : mais de rien ;o) J’ai encore des DVD à présenter, et un petit stock à voir sur le thème du swap… il faut juste que je me motive et que je trouve le temps !

@ Manu : très sympa en tout cas !!

Écrit par : Lou | 15/10/2009

oh mon pere etait fan…alors j’etais devant la tele tous les mardis soirs a 20h30 pour voir The film…..ah le bon vieux temps…;o)

Écrit par : rachel | 16/10/2009

Je me rappelle avoir vu ce film il y a longtemps… ou était-ce seulement des extraits? j’aime beaucoup les vieux films fantastiques et je verrai celui-ci avec curiosité ! Sur le même thème, et avec le même titre, me semble-t-il, je me souviens d’un film des années 80, où les victimes étaient une bandes d’ados… et je vois que tu as de bonnes idées pour Halloween 😉
Bon week end Lou !

Écrit par : Naïk | 30/10/2009

@ Rachel : tous les mardis soirs ? ça me rappelle mon enfance avec les séances de ciné du mardi sur la 3, je me souviens encore de l’intro, les marches rouges, la chauve-souris et la musique…

@ Naïk : des ados ? un film des années 80 ? tu parlerais peut-être de « Chucky »? Si tu retrouves le titre je suis preneuse :o)

Écrit par : Lou | 01/11/2009

oh oui..et avant…la derniere seance avec eddy mitchell…c’etait quand meme le bon temps…pas de pub…;o)

Écrit par : rachel | 01/11/2009

Le titre était bien « Dolls », et je viens de trouver une fiche sur allociné, a priori c’est celui-là :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=122017.html
Aujourd’hui, je le trouverais peut-être ridicule mais c’était bien dans l’esprit des films d’horreur pour ados, et de mémoire, ce n’était pas si mal fait. En revanche, je ne sais pas si tu pourras le trouver en DVD…

Écrit par : Naïk | 02/11/2009

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