
Après avoir placé beaucoup d’espoir en ce petit livre culte et malgré les critiques enthousiastes traquées sur le net et lues avec beaucoup de bonne volonté, le verdict est malheureusement sans appel : j’ai trouvé une fois de plus Stevenson mortellement ennuyeux.
Pour résumer : que l’on connaisse ou non le mythe, le suspense est quasiment nul dans ce livre pourtant présenté comme une référence du roman d’aventure ou d’horreur. J’avais oublié la théorie du changement d’apparence accompagnant l’arrivée d’une deuxième personnalité. Je vous l’accorde, cette particularité du Dr Jekyll – quoi qu’un peu caricaturale – contribue à renforcer le sentiment d’horreur dont on doit – je présume –être saisi. Le Dr Jekyll ne devient un personnage central que dans la deuxième moitié du roman. Sa confession clôt le roman, certes, mais elle reprend sous un autre angle – peu nouveau – une histoire déjà cousue de fil en aiguille par le narrateur. Autrement dit, peu de surprises. Le style de Stevenson est trop alambiqué à mes yeux, le recul et la capacité d’analyse du narrateur surfaits, le docteur et Hyde décevants. Les quelques événements principaux surviennent au début, mais après une quarantaine de pages agréables à lire, le tout traîne pour finalement sembler d’une longueur… Au final, si le mythe du Dr Jekyll et de Mr Hyde reste fascinant, le texte original m’a paru bien fade en comparaison de tout l’imaginaire qui l’a toujours entouré.
L’édition que j’avais incluait aussi deux des nouvelles lues il y a peu ainsi qu’une troisième intitulée Markheim. Malgré ma curiosité, je n’ai pas non plus été conquise par ce texte traitant d’un homme qui assassine un commerçant pour lui dérober son argent. Encore une fois, Stevenson verse dans le caricatural. Encore une fois, il n’a pas la subtilité ni le talent de narrateur d’un Stoker ou d’un Le Fanu. Combat intérieur entre le Bien et le Mal, Markheim était pour moi un clin d’œil au roman à peine fini. Là encore, le manichéen l’a emporté, malgré la volonté de Stevenson de souligner justement que personne n’est vraiment bon ni mauvais. Mais je finis cette note sur un point positif : je vais enfin pouvoir passer à autre chose !
130 p
Commentaires
En tous cas, j’aime bien ce blog! See you soon
Écrit par : Lili Kawaii | 20/08/2007
Écrit par : Stéphanie | 20/08/2007
Écrit par : Nicolas | 21/08/2007
Bonne pioche pour ta prochaine lecture !
Écrit par : Tamara | 21/08/2007
Pour ma part, je n’ai jamais trouvé cette histoire effrayante, mais plutôt excitante. J’ai toujours aimé les histoires de double identité et le concept est purement génial. Après, peut-être que lorsque l’on connaît le truc, ça perd de son charme.
J’en parle plus longuement ici : http://menon.canalblog.com/archives/2007/06/30/5471659.html
Écrit par : Menon | 21/08/2007
@ Nicolas : je trouve toujours intéressante la question de la double personnalité, même si elle a un peu perdu de sa fraîcheur et de son originalité aujourd’hui… je n’attendais pas beaucoup de nouveauté avec ce texte, mais une atmosphère et un sens de la narration bien meilleurs. Et comme toi je suis plutôt déçue !
@ Menon : heureusement que nous n’avons pas tous le même avis :o) J’irai voir avec plaisir ta critique dès que je le peux. Je suis d’accord sur le concept très intéressant de la double personnalité et je lis rarement un livre d’épouvante en espérant avoir peur. Je recherche souvent un univers, une atmosphère. Si je n’ai pas aimé Stevenson c’est pour son écriture, l’enchaînement des évenements, le contexte et le décor un peu légers et le manque de profondeur des personnages. Mais comme je le dis, je n’ai vu que des critiques positives sur Internet et heureusement, mon sentiment de frustration est loin d’être partagé de façon unanime !
Écrit par : Lou | 22/08/2007
Écrit par : choupynette | 22/08/2007
Écrit par : Cryssilda | 23/08/2007
Écrit par : anjelica | 23/08/2007
Écrit par : lamousmé | 23/08/2007
Écrit par : Marie | 24/08/2007
Écrit par : La liseuse | 26/08/2007
@ Lamousmé : je fais preuve du même sens de contradiction :o)
@ Marie : merci d’être passée ! En fait la critique d’Harry Potter est déjà faite, j’avais juste oublié de l’enlever des lectures en cours. Tu le trouveras dans la colonne de gauche, rubrique « for kids and kidults » :o)
Écrit par : Lou | 26/08/2007
Écrit par : dasola | 16/10/2007
Écrit par : Lou | 17/10/2007
Si tu souhaites plus d’action je te conseille de lire the Wrecker, qui pourrait te correspondre davantage.
Pour ceux qui sont curieux, vous pouvez jeter un coup d’oeil à ma traduction, le texte est disponible en aperçu.
Ps : surtout n’écrit pas « il n’a pas la subtilité ni le talent de narrateur d’un Stoker ou d’un Le Fanu. » car il est à la fois plus subtil et meilleur narrateur que ces deux là réunis.
Ce n’est pas manichéen du tout, tu ne dois pas connaître la vie pour ne pas croire aux situations évoquées par RLS, ou alors tu n’as pas de conscience morale. Ce sont des situations qui touchent chacun d’entre nous, ce ne sont pas des contes en l’air comme dans le Fanu et Stocker. Les racines y sont beaucoup plus profondes. Je ne sais pas comment t’expliquer mais ces textes sont universels parce qu’ils traitent de façon pertinente et non folklorique de la nature humaine.
Écrit par : Vianney | 23/11/2007
Certes tu fais bien de rappeler que Stevenson était un lettré. On l’oublie trop souvent avec certains auteurs populaires, tout comme tu sembles bien vite reléguer Stoker (avec un k en passant) et le Fanu au rang de vagues scribouillards. J’aime ces deux auteurs pour leurs récits agréables, bien menés. Le déroulement des écrits de Stevenson a joué pour beaucoup dans mes avis peu enthousiastes. C’est un avis personnel (et il faut le prendre comme tel) et je suis sure que tu me comprends, car on n’apprécie pas toujours certains auteurs dont la renommée n’est plus à faire. Tu dis toi même que je n’ai pas accroché car ma sensibilité est différente et sur ce point nous sommes bien d’accord.
Pour te répondre, ce n’est pas nécessairement l’action que je recherche dans un livre. Tu sembles le penser parce que j’ai cité Le Fanu et Stoker. Certes, je les apprécie notamment pour leurs contes sympathiques mais en réalité, c’est l’évolution du vampire dans l’histoire et la littérature qui m’intéresse. On peut également approcher ces auteurs par l’histoire des sociétés et c’est un aspect qui m’intéresse profondément chez eux.
Enfin si je ne peux donner mon avis encore une fois personnel sur la subtilité des uns et des autres, je te remercierai de ne pas imposer ensuite cette même subtilité en l’attribuant sans détour à Stevenson.
Écrit par : Lou | 23/11/2007
Écrit par : Vianney | 28/11/2007
Pour la soupe traditionnelle, en fait sur le fond je te comprends, on peut vraiment trouver des traductions catastrophiques. Je suis la première à détester ça. Je crois que j’en avais parlé dans ma critique (fort négative) d’un livre de Jasper Fforde. Mais c’est simplement qu’en lien avec une maison d’édition ça donne tout de suite un autre impact à ce que tu écris. Mais si tu l’as enlevé j’imagine que c’est parce que tu es d’accord avec moi là dessus.
Écrit par : Lou | 01/12/2007
J’adore ce genre de crapauds, j’aurais effacé ses commentaires pour ma part…
Écrit par : Lilly | 26/05/2009
En relisant mon avis je me dis que j’ai été une vraie peau de vache avec ce pauvre Stoker. J’ai le sentiment d’être vraiment passée à côté de l’atmosphère qu’il cherche à créer et j’aurais sans doute écrit ça avec plus de modération maintenant, mais je garde malgré tout le souvenir d’un livre profondément endormant. Pour Stoker, c’est de la pure littérature populaire. Le Fanu aussi dans un sens. Ce qui me gêne c’est que Stevenson est parfois considéré comme un écrivain populaire, d’autres fois présenté comme un génie de la littérature du XIXe… et si c’est le cas j’aimerais bien ne pas rester complètement de marbre devant ce qu’il écrit ! Je ne comprends pas pourquoi j’ai eu tant de mal à lire ses histoires alors qu’en général je me régale dès que je lis un classique. Même Wilkie Collins et « La Dame en Blanc », qui est loin d’être un livre de génie à mon humble avis.
Difficile tout de même de revenir sur la hiérarchie que je ferais entre ces différents auteurs. J’avais comparé à Stoker et à Le Fanu en songeant à leurs propres monstres et, sur ce point, je trouve que les légendes qu’ils ont créées ont mieux résisté au temps que Mr Hyde… en même temps le livre de Stevenson est beaucoup plus intéressant sur le plan psychologique (ce n’est pas « juste » une histoire de monstre)… et malgré cet aspect qui aurait dû m’intéresser au plus haut point je n’ai pas réussi à saisir la profondeur (sans doute réelle) de ce texte ! Stevenson est une vraie frustration pour moi. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai maintenant un recueil de romans qui devrait me permettre de poursuivre ma découverte et peut-être, d’apprécier enfin cet auteur !
Écrit par : Lou | 26/05/2009
Personnellement je me fiche de savoir qui est populaire et qui ne l’est pas dans les classements des spécialistes. Etre populaire dans ta bouche n’est pas une insulte ou un terme méprisant, mais pour un type comme Vianney, et il y en a beaucoup, ça l’était clairement, et il me semble que l’on n’est pas là pour des débats aussi creux. Ca ne veut rien dire, « populaire », et certainement pas que le livre est mauvais ou qu’il ne peut pas toucher le lecteur. A mon avis, à quelques exceptions près (dont Dracula ;o)), si un livre dit « populaire » traverse les siècles, c’est qu’il a d’autres qualités que celle qui consiste à amuser la galerie… La revue « Autrement » a sorti un numéro sur le roman populaire il y a quelques mois. C’était très intéressant, il faut d’ailleurs que je finisse de la lire.
Pareil, je ne suis pas pour une hiérarchie « objective », et tu as bien raison de rester sur tes positions.
Et je rigole bien quand je lis que les auteurs préférés de Wilde étaient Flaubert et Stevenson, et que donc tu n’as qu’à la fermer. J’adore Wilde, mais ça ne veut pas dire qu’il ne pouvait pas avoir des sales goûts (et quand on sait ce que je pense de Flaubert…). Ce n’est pas la première fois que je vois cet argument, et je ne comprends pas en quoi il pourrait prouver quoi que ce soit.
Pour en revenir à Dr Jekyll et Mr Hyde, ce qui m’a intéressée est l’utilisation que fait Stevenson du fantastique pour mettre en avant une critique du réel. On se concentre sur le mystère, mais à mon avis la force de ce texte est ailleurs. Mr Utterson est un cas d’étude très intéressant. Stevenson en dresse un portrait assez complet, il représente le mot « respectable », et sa discrétion ne devrait pas le rendre inintéressant aux yeux du lecteur. A mon avis, il réagit de façon aussi négative que Lanyon au récit de son ami. Et Jekyll est l’homme partagé entre sa position, et son envie d’avoir quelques plaisirs qui ne soient pas forcément ceux qu’il doit feindre pour apparaître comme un homme de son importance.
Ce qui m’a émue dans ce livre n’est pas son côté texte d’épouvante, c’est le fait de voir un homme devenir aussi méprisable aux yeux de tout le monde, simplement parce qu’il n’a pas pu agir juste naturellement. Je ne sais pas si tu l’avais vu de cette façon, ton billet me laisse plutôt penser que tu t’attendais à un roman d’épouvante pur. Et là, je suis d’accord, le secret n’a plus rien de secret aujourd’hui…
Après, il y a des rencontres qui ne se font pas : « La Dame en blanc » m’avait encore plus déçue que toi, je n’ai pas compris pourquoi. Idem pour « Madame Bovary », même si ça m’a moins surprise. Je ne me sens pas nulle et irrécupérable pour autant ;o)
Écrit par : Lilly | 26/05/2009
Pour la littérature populaire je suis tout à fait d’accord avec toi. En lisant certains auteurs, on voit bien que le champ lexical est peut-être moins développé que chez d’autres, ou encore que les tournures sont relativement simples. Il n’empêche qu’un Dumas, un Stoker ou autre, qui ont tout de même fait dans la sensation et qui ont sans doute été plus accessibles que d’autres auteurs de leur époque (ou peut-être lus par des classes plus modestes et moins lettrées, quoi que je n’en sois pas tellement sûre), sont aujourd’hui de grands noms de la littérature, tout aussi intéressants qu’un Proust ou un Huysmans, même si l’intérêt de leur oeuvre réside dans des éléments très différents.
Quant à Stevenson, j’attendais un roman fantastique (peut-être pas d’horreur, le terme me semble un peu fort par rapport à l’idée que je m’en fais) car je le rapprochais d’autres monstres du XIXe qui me fascinaient. J’imaginais donc un monstre mythique et sans doute cet aspect-là m’a le plus déçue. Je dois avouer que j’ai un souvenir un peu trop vague pour savoir si j’avais eu le même sentiment que toi sur le docteur mais au final tu me donnerais presque envie de le relire pour le voir d’un oeil neuf, maintenant que je sais que ce ne sera ni Dracula, ni Carmilla (je ne cite pas Frankenstein que je dois relire).
Au fait, tu me prêterais éventuellement ta revue une fois que tu l’auras lue ? Ou peut-être qu’on la trouve encore dans le commerce ?
Écrit par : Lou | 27/05/2009
Sinon, la revue est à ma bibli. Tu n’as pas de chance décidément, mais j’en achète vraiment très peu. C’est un peu plus qu’une revue en fait. Je crois que c’était une étude dirigée par Loïc Artiaga, le titre exact est « Le roman populaire, 1836-1960 : des premiers feuilletons aux adaptations télévisuelles », Autrement, 2008 (novembre je crois).
Écrit par : Lilly | 27/05/2009
Mmh sinon pour la revue je vais la chercher et sinon, si jamais il fait référence à des ouvrages je serais curieuse de les découvrir aussi.
Écrit par : Lou | 27/05/2009
Écrit par : Anneso | 24/07/2009
Écrit par : Lou | 26/07/2009
Les commentaires sont fermés.