![medium_segur_poetique_egorgeur.JPG](http://www.myloubook.com/wp-content/uploads/2007/03/thumb_segur_poetique_egorgeur-2.jpg)
Découvert grâce à Caro[line], Philippe Ségur est une nouvelle bonne surprise pour moi : suis-je en voie de guérison ? Vais-je enfin lutter dignement contre mon allergie anti-auteurs français ? Peut-être. Notons, cher docteur, de nets progrès (Français : élève appliquée malgré une mauvaise volonté évidente).
Que dire de Poétique de l’Egorgeur ? Impossible d’évoquer le vrai sujet de l’histoire sans vous donner la solution au mystère. Je me contenterai donc de planter le décor, pour une petite mise en bouche.
Nid est encore jeune. Nid a une femme et deux enfants. Nid est un professeur de droit renommé. Il enseigne à Toulouse, devant un parterre d’amibes et de bactéries qui l’effraient tout particulièrement. Nid est respecté. C’est un expert, un des meilleurs. Nid mène une vie tranquille. Nid a la vie la plus heureuse qui soit.
Mais Nid est un romancier qui se cache. Nid est un homme torturé. Un homme qui allume son pc et qui, au moment d’ouvrir le fichier « roman », voit sa souris faire un bond salvateur vers « l’abandon de la faute lourde dans la responsabilité hospitalière ». Nid n’aime pas son métier et regarde avec détachement ses collègues – notamment un juriste à l’air de « lemming neurasthénique ».
Nid raconte l’histoire du terrible Yagudin à ses enfants. Mais il ne peut pas, ne veut pas coucher cette histoire sur le papier. Car ce monstre sanguinaire est par trop atroce.
Puis arrivent les vacances. Tout va de mal en pis. Coups de fil anonymes, factures suspectes, clefs qui ne fonctionnent plus, mot de passe invalide sur l’ordinateur, enveloppes vides envoyées chez lui en quantités industrielles. Et tous ces Y étranges, retrouvés çà et là autour de lui. Serait-ce une mauvaise farce ? La vengeance d’un étudiant dont il a consciencieusement massacré la thèse en juillet ? Et pourquoi pas Yagudin lui-même ?
Pris dans une spirale infernale, Nid perd femme et enfants ; un inconnu vit dans sa maison, ses chiens ne le reconnaissent plus. On le prend pour un fou (rassurez-vous, vous saurez ça dès les premières pages de ce roman, n’attendez pas ici le fin mot de l’histoire !).
Voilà pour le sujet de Poétique de l’Egorgeur. Et maintenant, le verdict ! Vous devez déjà vous en douter, je ne taillerai pas en pièce l’auteur cette fois-ci ! Avant tout, je ne m’attendais pas à trouver dans un roman français contemporain une histoire dense, dynamique et bien construite. Car selon mes précédentes expériences, le roman français était : 1) vacuité ; 2) nombrilisme ; 3) esthétique (déjà mieux) ; 4) auto-dérision (à juger sur pièce) ; 5) roman psychologique (de même). Je ne m’attendais donc pas à autant d’action : premier bon point !
Que dire ensuite ? L’écriture de Philippe Ségur est fluide et pleine d’humour. Ses comparaisons, son ironie, ses qualificatifs peu flatteurs font de Poétique de l’Egorgeur un texte vif et amusant. Les personnages sont bien campés : Nid en fait à mon avis un peu trop parfois, mais il m’a séduite par ses commentaires cyniques et sa paranoïa – en contraste avec sa passivité et sa bienveillance apparentes. Nid est complexe, à la fois agaçant, touchant, perdu, sur organisé, drôle, ironique, peureux, asocial, amical et égoïste. J’ai adoré ses filles, à la fois caricaturales et touchantes. La première est une mademoiselle je-lis-tout. A neuf ans, elle connaît tous ses classiques sur le bout des doigts, écrit consciencieusement dans un carnet et passe tout son temps libre un roman à la main. Lorsque les choses ne vont pas, la solution s’impose d’elle-même : « Tu devrais relire L’île du Docteur Moreau ». La petite, quant à elle, vit une relation exclusive avec son poupon Ian-Tole. Mais lorsque son père lui demande l’avis de Ian-Tole sur un point précis, elle fait la moue et jauge Nid d’un air sceptique avant de lui expliquer qu’il est un peu stupide de ne pas avoir vu que Ian-Tole n’était qu’un jouet.
Au final, j’ai dévoré la deuxième moitié du roman hier car je ne pouvais décemment pas abandonner Nid dans les affres qui le tourmentaient. Avec son histoire captivante, Philippe Ségur m’a enthousiasmée. A quand la prochaine lecture ?
230 p
Commentaires
Écrit par : nicolas | 30/03/2007
Merci de me rappeler Ian Tole, un délice … Je n’ai pas encore lu ses autres titres mais je le ferai (c’est pour ça qu’il est dans mes 4 que je relirai)
Écrit par : Gachucha | 31/03/2007
@ Gachucha : je cours, que dis-je, je vole voir son site ! Merci !
Écrit par : Lou | 31/03/2007
Écrit par : Florinette | 01/04/2007
Écrit par : Lou | 01/04/2007
Écrit par : Florinette | 01/04/2007
Écrit par : Lou | 02/04/2007
Bonne semaine Melle Lou 🙂
Écrit par : Flo | 02/04/2007
Écrit par : Lou | 02/04/2007
Gachucha, n’hésite pas à écrire à Philippe Ségur, c’est quelqu’un d’adorable !
Florinette, quelle chance de l’avoir rencontré !
Écrit par : Caro[line] | 03/04/2007
Écrit par : Lou | 04/04/2007
(Quoi ?!? Je te mets la pression ?!? Meuh non…)
(Sérieusement, je trouve ton article tellement bien que Philippe Ségur ne peut pas ne pas le lire !!!)
Écrit par : Caro[line] | 05/04/2007
Écrit par : Lou | 06/04/2007
(En plus, Philippe Ségur fait partie de la mailing-list de mon blog, donc il va surement lire mon article… donc ton article !)
(Oui, je suis pénible, je sais… :o) )
Il ne faut surtout par hésiter à écrire à Philippe Ségur et aux auteurs en général car ils apprécient notre avis, surtout s’il est positif (forcément !!!).
Je viens d’apprendre que Philippe Ségur était l’invité de l’émission « Du jour au lendemain » d’Alain Veinstein sur France Culture cette nuit. Vous pouvez l’écouter ici :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/jour_lendemain/index.php?emission_id=58
Écrit par : Caro[line] | 06/04/2007
Bien sûr, tu peux publier ton article faisant référence à ma note! Et nan, tu n’es pas pénible… merci pour ton enthousiasme, ça me touche beaucoup et m’encourage à continuer mon petit blog ;o)
Écrit par : Lou | 06/04/2007
http://krolinh-lectures.blogspot.com/2007/04/my-lou-book-potique-de-lgorgeur.html
:o)
Écrit par : Caro[line] | 06/04/2007
Écrit par : Lou | 06/04/2007
Écrit par : Flo | 11/04/2007
Écrit par : cathulu | 15/04/2007
Écrit par : Lou | 15/04/2007
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