Willa Cather, Le pont d’Alexander

Cather-pont Alexander.jpgC’est ici une relecture d’un roman que j’avais lu pour un précédent Mois américain sans réussir à le chroniquer. En le feuilletant, je me suis aperçue que j’en gardais un souvenir trop vague pour partager avec vous cette jolie découverte. Je l’ai donc ouvert une deuxième fois.

Publié en 1912, Le Pont d’Alexander est le premier roman de Willa Cather, lauréate du Pulitzer en 1923. 

Bartley Alexander est un ingénieur à l’apogée de sa carrière. Ayant conçu des ponts défiant toujours plus les lois de la physique, il a rapidement gravi les échelons de la société. Heureux en mariage, confortablement installé dans une belle maison à Boston, Bartley est le symbole même de la réussite à l’américaine. Néanmoins, dès les premières pages, on pressent sa chute à venir. De fait, son ancien professeur et ami Wilson lui dit: Bartley, je vous l’assure, je n’ai jamais douté de vos capacités. Et cependant, j’avais autrefois le sentiment qu’il y avait en vous une faiblesse qui se révérait dans un moment de crise (p17).

Rapidement, lors d’un voyage d’affaires à Londres, Bartley va retrouver par hasard son amour de jeunesse, Hilda Burgoyne, rencontrée à Paris. Hilda a réussi sa carrière d’actrice, elle est désormais promise à un bel avenir mais n’a pas oublié Bartley, malgré les nombreux prétendants qui l’entourent. Dès lors, Bartley sera divisé entre Boston et Londres, entre la stabilité et le soutien que lui apporte son épouse et l’ardeur de la jeunesse que lui rappelle sa maîtresse. En parallèle, il rencontre des soucis sur un chantier, celui du plus grand pont jamais construit, exécuté avec des moyens insuffisants selon Bartley, qui est bien conscient d’être ici un pionnier en testant certaines limites techniques.

Roman court alternant les chapitres américains et anglais, fait d’ellipses et de sauts dans le temps, Le Pont d’Alexander repose une narration efficace qui conduit inexorablement le personnage principal à sa perte. Ses faiblesses, ses tourments sont décrits de telle sorte qu’il est loin d’être antipathique au lecteur, pas plus que Hilda, alors même que Mrs Alexander est touchante elle aussi. Un récit également poétique, qui porte l’empreinte des soirées brumeuses et des couchers de soleil sur la ville (objets de descriptions courtes mais élégantes).

C’était l’une de ces rares après-midi durant lesquelles toute l’épaisseur, toute la pénombre de Londres se transmutent en une atmosphère particulière, lumineuse, palpitante. Alors les fumées se font nuées d’or, voiles nacrés de rose et d’ambre; la pierre grise et lugubre, la brique sale et terne frémissent dans un halo vermeil et tous les toits, tous les clochers et la coupole immense de Saint-Paul émergent d’une brume cuivrée. En ces moments si rares, la plus laide des villes se pare de la plus grande poésie , les mois d’humidité s’oublient en un instant miraculeux (p 97).

Un classique qui mériterait d’être davantage connu.

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141 p

Willa Cather, Le Pont d’Alexander, 1912

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Commentaires

et bin tout un livre style americain je trouve…mais cela doit etre haletant…mais le personnage principal reste-t-il attachant ? a te lire, je dirais non…;)

Écrit par : rachel | 08/09/2016

@ Rachel : Attachant n’est pas le bon mot car l’histoire est suffisamment concentrée pour donner l’impression d’une analyse fine, subtile mais volontairement un peu distante (clinique ? le terme est un peu exagéré mais exprime en partie le sentiment que j’en ai). On ne prend pas vraiment le parti de l’un ou de l’autre des personnages même si tous sont intéressants ; en revanche, on compatit à leur malheur à la fin. Cela fonctionne très bien et on s’intéresse vraiment à Bartley Alexander par contre.

Écrit par : Lou | 08/09/2016

Une bonne lecture visiblement .

Écrit par : lcath | 08/09/2016

@ Lcath : oui, un roman qui mérite d’être découvert…

Écrit par : Lou | 09/09/2016

Oh, mais ça me plait beaucoup ça. Je vais le noter pour le prochain mois américain, comme ça, j’aurais le temps de le lire 🙂

Écrit par : Laure | 11/09/2016

@ Laure : je m’organise aussi comme ça pour certains challenges… d’ailleurs pour ce mois américain je voudrais chroniquer un roman lu en février ou mars :o) En tout cas je suis ravie de t’avoir donné envie de découvrir ce joli roman !

Écrit par : Lou | 11/09/2016

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