Fiona Kidman, Le Livre des Secrets

Kidman_LIVRE DES SECRETS.jpgL’été tire à sa fin, c’est l’occasion pour moi de partager avec vous quelques titres lus ces derniers mois. Comme de coûtume, il sera un peu question de la rentrée littéraire, mais pas seulement: quelques publications du printemps 2015 et une ou deux immersions dans ma PAL!

Commençons avec Le Livre des Secrets de Fiona Kidman, grâce à qui je découvre la littérature néo-zélandaise (je n’ai pas le souvenir d’autres lectures en la matière). Ce roman couvre trois générations. Les premières pages sont consacrées à Maria qui, en 1953, vit isolée dans une vieille maison et passe pour une sorcière aux yeux des habitants du village. En se souvenant de sa mère et de sa grand-mère, elle nous invite à remonter dans le temps et découvrir l’histoire familiale à différentes époques, toujours à travers une figure féminine centrale.

En 1812, Isabella, jeune femme issue de la bourgeoisie, vit dans une petite ville écossaise avec ses parents. Elle rencontre un jour un homme pauvre, visiblement affamé, au pied peu sûr. Il vient de se faire refuser un travail par le père d’Isabella. Celle-ci s’intéresse au jeune homme, Duncan, et, contre toutes attentes au regard de leur statut social, Isabella accepte d’épouser Duncan et de partager avec lui une vie dure, faite de travail et de privations. C’est l’époque où les paysans se font chasser des terres qu’ils cultivent depuis longtemps. Sous l’influence d’un homme qui prétend détenir la parole de Dieu, Duncan, Isabella et toute une communauté vont partir s’installer en Nouvelle Ecosse. Les relations d’Isabella et du prédicateur, McLeod, sont centrales dans le roman, la jeune femme ayant un tempérament indépendant et affirmé et se rendant compte des faiblesses de McLeod, qui passe pour une sorte de prophète auprès de ses voisins.

Cet homme convaincra ensuite une partie de ses ouailles à repartir en Australie puis en Nouvelle-Zélande, où Annie, la fille d’Isabella, tentera de mener une vie hautement respectable, dans la crainte de Dieu et surtout de McLeod, aux principes intransigeants (du moins lorsqu’il ne s’agit pas de son propre foyer). La communauté vit dans l’austérité, la moindre coquetterie est condamnée, moquée, et les sermons du dimanche sont l’occasion d’humilier les paroissiens pour leurs choix de vie ou leurs écarts de bonne conduite, dès lors dénoncés en public.

Malheureusement pour Annie, sa propre fille Maria a hérité de l’esprit indépendant et fier de sa grand-mère et n’est pas prête d’accepter de se laisser dicter sa conduite par la communauté ni par un homme de Dieu bien pensant (un nouveau prédicateur, McLeod étant décédé juste avant sa naissance). Pour avoir commis le péché de chair et défié l’homme d’Eglise, Maria est condamnée à vivre seule sur la propriété de sa mère, qui part s’installer ailleurs. Ce qui paraît injuste et brutal à la fin du XIXe devient plus étonnant encore lorsqu’on s’aperçoit qu’en 1953, Maria, très âgée, n’a jamais plus quitté sa maison.

Voilà un roman fleuve qui se lit tout seul et vous dépayse, entre une Ecosse austère, une Nouvelle Ecosse plus rude encore et au final, une région aride, sauvage, domestiquée par ses nouveaux habitants bien pensants. L’aspect historique du roman m’a séduite, mais ce sont surtout ces trois portraits de femmes (et davantage encore, la grand-mère et la petite fille) qui m’ont convaincue. C’est un roman parfois dur, triste, mais aussi vibrant, qui nous touche par la justesse des propos sur la nature humaine. Par ailleurs, l’aspect religieux contribue à la toile de fond intéressante sans jamais mettre l’histoire au second plan. Un livre que j’avais bien du mal à reposer pour retourner à mon quotidien.

En partenariat avec les éditions Points.

4coeurs.jpg

 

 

466 p

Fiona Kidman, Le Livre des Secrets, 1987

Commentaires

Oh, ça a l’air drôlement bien ce livre, en tous cas tu en parles bien et tu me donnes envie d’y regarder de plus près 🙂

Écrit par : Chicky Poo | 05/09/2015

oui didonc semble assez interessant ce livre….j’avais deja lu cette histoire des terres prises au paysans ecossais mais ils partaient au canada lala….pourquoi pas lire de la litterature new-zelandaise ?..;)

Écrit par : rachel | 12/09/2015

Je le note et le lirai sans-doute un jour, j’aime les portraits de femmes et suis particulièrement intéressée par les récits plantés en Australie ou en Nouvelle-Zélande.

Écrit par : missycornish | 13/09/2015

Je l’avais déjà noté, ton avis me conforte dans mon choix !

Écrit par : Hélène | 15/09/2015

Les commentaires sont fermés.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *