Détour américain

grimsley_enfant des eaux.gifEcrit à la première personne, L’Enfant des eaux de Jim Grimsley est l’histoire d’Ellen qui, bien des années plus tard, repense à son enfance misérable en Caroline du Nord. Voyant en rêve sa mère glisser sous la surface de l’eau d’une rivière, croisant régulièrement son fantôme, Ellen est submergée par les souvenirs. Des souvenirs qui prennent possession d’elle plus qu’elle ne les maîtrise réellement.

On retrouve certaines composantes du roman social à l’américaine, dans un cadre qui a été souvent dépeint : un monde où Blancs et Noirs ne se côtoient pas et où la déchéance de la famille d’Ellen est complète lorsqu’elle se voit obligée d’habiter une masure près des habitations dévolues aux Noirs. Ce n’est pourtant pas là le sujet du roman, qui traite davantage de la question du déterminisme social et des caprices de la mémoire, tout en décrivant un milieu particulièrement défavorisé à une période importante de l’histoire mondiale. Les mauvais sont les Jaunes, ces Japonais contre qui les Américains sont en guerre.

On pourrait croire qu’il s’agit d’un roman profondément sombre et déprimant : un père alcoolique, une mère lunatique et égoïste, des enfants que l’on frappe à tout bout de champ sans la moindre raison, des allusions à peine voilées aux relations incestueuses, peu de nourriture,  encore moins de loisirs, un entourage grossier en général et, a priori, aucune perspective d’avenir.

Pourtant ce roman comporte de très beaux passages également porteurs d’espoir, à travers les liens d’affection qui unissent malgré tout Ellen à sa famille, l’ambition de cette enfant qui est studieuse, qui profite des occasions qui lui sont données de manger à sa faim et qui veut être une mère complètement différente pour ses propres enfants. Porté par un personnage principal attachant, habité de fantômes que l’on se plait à croiser ici et là, ce livre est une très belle réussite.

Merci aux éditions Métaillé pour ce plongeon dans l’Amérique des années 1940.

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248 p

Jim Grimsley, L’Enfant des Eaux, 1997

Commentaires

alors en fin de compte c l’enfer au paradis…;)…seuls les paysages sont reposants et beaux….;o)

Écrit par : rachel | 21/04/2011

Hou la, cela n’a pas l’air d’être une lecture joyeuse !!! Je note mais j’attendrai que l’été soit passé pour lire une telle histoire.

Écrit par : Joelle | 21/04/2011

@ Rachel : ça me fait un peu penser au nature writing, et pourtant la nature n’est pas si présente que ça… curieux comme impression !

@ Joëlle : un très beau texte en tout cas, je te le recommande !

Écrit par : Lou | 21/04/2011

bin peut-etre les seuls moments pour respirer devant cette accumulation de malheurs?

Écrit par : rachel | 22/04/2011

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