Fighting spirits

0e022d1d7975e5eea86380a5ac9fe247.jpgI worship Edith Wharton. (Evidemment je ne trouve pas mes mots en français. Ne vous étonnez pas, ça devient chronique chez moi)

Voilà. C’est dit. Après un énorme coup de Coeur pour Xingu et une agréable surprise avec Libre et Légère, j’ai craqué devant Eté, vendu en occasion à un prix irrésistible. Avec une couverture de Sargent, les dieux s’étaient ligués contre moi. Impossible de lutter. Une seule option s’offrait à moi : repartir en faisant profil bas, un livre de plus à ajouter à ma monstrueuse PAL.

Eté d’Edith Wharton est l’histoire de Charity Royall, une jolie jeune femme assez hautaine vivant chez l’avocat qui l’a recueillie alors qu’elle n’était qu’un nourrisson. Loin de la misère dans laquelle elle était née, Charity se sent largement supérieure aux jeunes filles de son village, plus simples dans leurs manières ainsi que dans leurs amours. Une nuit, l’avocat tente de pénétrer dans la chambre de sa pupille. S’il ne se passe rien, l’incident la conduit à mépriser son tuteur, l’ignorant au quotidien. C’est alors que Charity rencontre le jeune Harney, venu d’une grande ville lointaine. Plus instruit, plus brillant que tout l’entourage de la jeune femme, Harney la séduit de suite.

[Attention spoiler]
[Charity et Harney deviennent bientôt amants, malgré les demandes en mariage répétées de M. Royall. Puis vient l’humiliation lorsque Royall découvre les amants et accuse Harney de ne pas avoir l’intention d’épouser Charity. Car comme chacun le sait au village, il sait qu’il n’a pas besoin de son consentement pour parvenir à ses fins. Pris de remords, Harney quitte le village en promettant à Charity de l’épouser. Bientôt, elle découvre que parmi les arrangements que son amant doit prendre se trouve un problème épineux : Harney est déjà fiancé à une autre jeune femme des environs, aux origines moins troubles que celles de Charity. Lorsque l’héroïne comprend qu’Harney n’a nullement l’intention de revenir auprès d’elle et se décharge de ses obligations envers elle dès lors qu’elle lui demande d’être honnête envers sa fiancée, il est trop tard. Car Charity est enceinte d’Harney. Après une fuite dans la montagne où campent les miséreux et les bandits qui l’ont vue naître, Charity retrouve M. Royall et accepte cette fois-ci docilement de l’épouser. Le roman se termine sur les quelques mots qu’elle envoie à Harney pour l’informer de son mariage. Tout ce qui lui reste à la fin, c’est une broche que lui avait offerte son amant]

Ce roman m’a d’abord un peu ennuyée. Par moments un peu mièvre, il n’avait rien en commun avec l’idée que je me faisais de Wharton : pas de verbe insolent, de réparties ironiques et cinglantes. Loin des salons new-yorkais, ce récit qui se déroule dans la Nouvelle Angleterre prend pourtant son essor après des débuts sympathiques mais peu convaincants. Ce qu’on pouvait voir comme un livre de jeune fille frôlant l’eau de rose devient un roman terriblement cruel où l’on prend en pitié la jeune Charity (qui n’avait pourtant rien de bien touchant jusqu’ici). Ce livre traite de la place faite aux femmes au début du XXe et de leur dépendance dans une société où un mari faisait toute la légitimité de son épouse. Les considérations matérielles et pragmatiques jouent au final un rôle plus important que l’amour. L’arbitrage entre devoir et vouloir est mis en valeur de manière impitoyable. Aussi bien Harney – lâche mais pris au piège par un engagement sans doute contracté avant sa relation avec Charity – que l’héroïne sont les victimes du regard des autres. Le quand dira-t-on est finalement le maître mot de l’histoire et conduit inexorablement à la chute brutale que l’on sait.

254 p

L’avis de Stéphanie.

Edith Wharton, Eté, 1917

Commentaires

Je ne connais pas du tout cette auteure, mais ta critique – sans les spoilers – ainsi que celle de Stéphanie, que je suis allé lire, me tentent beaucoup! Je vais rajouter ce nom à ma liste! Est-ce que ce serait ce roman que tu me conseillerais pour commencer?

Écrit par : Karine | 03/11/2007

Le mot que tu cherches c’est révérer :). J’appelle ce phénomène (oubli de mots, mélanges de langues) un court-circuit linguistique. C’est souvent un synonyme de fatigue, mais tout à fait bénin ;).

Si le sujet de la place des femmes dans la société fin 19e/début 20e. siècle et le role du mariage t’interesse à ce point, je te conseille « Une maison de poupée » d’Ibsen.

Écrit par : Agnès | 03/11/2007

J’ai fini « Le Temps de l’innocence » que j’ai adoré, même si on n’y retrouve pas l’ironie mordante de « Xingu ». « Eté » est dans ma LAL, je ne suis pas loin de devenir une fan inconditionnelle d’Edith Wharton.

Écrit par : Caroline | 03/11/2007

ah mais il faut que je m’y mette aussi!
Tu les lis en VO ?

Écrit par : Emeraude | 03/11/2007

C’est le premier roman que j’ai lu de l’auteur, je l’ai trouvé très audacieux pour l’époque et quand j’ai lu qu’au moment de sa publication, en 1917, il a créé un véritable scandale cela ne m’a pas étonnée !!

Écrit par : Florinette | 03/11/2007

@Karine : tu peux tester avec sa nouvelle Xingu, commencer directement avec son chef d’oeuvre « le temps de l’innocence » (mais si j’ai bien compris cela ne représente pas le mordant qu’il y a dans ses autres livres). Dem on côté, je conseille beaucoup « les beaux mariages » que j’ai adoré.
« Eté » est très très bien aussi 🙂
Ben quoi, serais un peu fan? 🙂 Oui!

@Lou : as tu aussi les beaux mariages? j’ai adoré 🙂

@Florinette : vu le sujet, je ne doute pas que ce livre ai fait scandale, merci en tous cas pour cette information.

Écrit par : Stéphanie | 04/11/2007

Aujourd’hui entre le post de Caroline que je viens de lire et le tien, je ne peux qu »avoir envie de la découvrir.

Écrit par : Anne | 04/11/2007

@ Karine : moi aussi je te conseillerais « Xingu », mon préféré. ça a le mérite d’être très court pour une bonne introduction. C’est mordant, ironique à souhait ! Tu peux jeter un oeil à ma petite critique sur ce texte (dans la colonne de gauche où sont tous les livres commentés depuis les débuts de mon blog).

@ Agnès : ah oui, révérer… mais ça fait bizarre en français :o)
Souvent je laisse tomber quand le terme me semble d’une clarté inégalable en anglais… rha là là, où va-t-on avec des représentants de la langue française dans mon genre ?

@ Caroline : ah, je l’ai moi aussi en attente !

@ Emeraude : non, je les ai lus pour l’instant en français (tout bêtement parce que je les ai trouvés à petit prix). J’ai encore « les fruits de l’arbre » en français et sinon en anglais « the reef » et « the age of innocence ».

@ Florinette : j’ai effectivement vu qu’il avait fait scandale, ce qui n’est pas étonnant puisqu’il est question de harcèlement sexuel et de la condition peu enviable de la femme. C’est d’ailleurs ce côté polémique qui rend ce livre particulièrement intéressant je trouve.

@ Stéphanie : non je n’ai pas encore « les beaux mariages » en attente, mais quand j’aurai avancé dans mes lectures whartoniennes je le chercherai en priorité !:o)

@ Anne : il faut dire qu’entre deux avis enthousiastes on avait mis toutes les chances de notre côté (mais chut, personne ne sait qu’on fait partie de la secte Pour La Consommation Boulimique de l’Oeuvre d’Edith Wharton) :o)

Écrit par : Lou | 04/11/2007

too bad you missed the opium Europe launch Party… but do not hesiate to submit your texts, we cxan publish them 🙂
cheers
KN

Écrit par : negrito | 04/11/2007

Je ne connais cette auteure qu’à travers le film « Le temps de l’innocence » mais je suis sûre que cela me plairait beaucoup, au vu de tes billets.

Écrit par : Joelle | 05/11/2007

Je vais commencer la découverte de Wharton grâce à mon challenge ABC 2008: « Le temps de l’innocence » est dans ma PAL depuis quelques temps dejà 😉 Si je trouve « Eté » (surtout avec cette jolie couverture) je suis certaine de craquer grâce ton charmant billet!

Écrit par : katell | 05/11/2007

J’ai été obligée de sauter une partie de ta critique à cause des spoilers… je vais très vite lire Xingu, puis l’age de l’innocence et celui-ci… !!

Écrit par : Choupynette | 06/11/2007

@ negrito : nice blog you have there ! I really enjoyed the text about the Elysée Montmartre and the French Bobos.

@ Joëlle : je n’ai toujours pas vu le film « le temps de l’innocence »… je dois résister jusqu’à là lecture du livre… mais ça me tente !!!

@ Katell : j’attends avec impatience ton billet… ah là là, le fameux challenge, pour l’instant je n’y ai pas trop réfléchi, vu mon échec retentissant cette année !

@ Choupynette : j’ai mis entre [] le paragraphe où je raconte à peu près toute l’histoire… J’ai hâte d’avoir ton avis sur « Xingu » !:o)

Écrit par : Lou | 11/11/2007

« Ete » a effectivement fait scandale à sa sortie mais cela n’est pas étonnant : l’héroïne rompt avec tous les codes sociaux et moraux de l’époque en allant batifoler avec son amant dans les bois. La fin du roman ne pouvait être autrement : il fallait qu’elle réintègre « le droit chemin » car Edith Wharton était pleinement consciente des limites à ne pas dépasser. (D’ailleurs, elle-même avait ses propres limites, données par son éducation et sa position sociale.) A lire d’elle, car ce sont vraiment ses meilleurs romans : « The house of Mirth » (traduction : « chez les heureux du monde » et « Ethan Frome ».

Écrit par : Porky | 08/05/2008

@ Porky : Merci beaucoup pour ce commentaire ; effectivement Wharton pouvait difficilement rompre totalement avec les codes sociaux et en ce sens ce livre est tout à fait crédible. Sur le plan subjectif, j’ai été un peu déçue même si le roman est intéressant à d’autres égards. « Ethan Frome » m’attend sagement depuis un mois… et je ne manquerai pas de lire « the house of Mirth » après mon coup de foudre pour cet auteur.

Écrit par : Lou | 08/05/2008

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