Peter Carey, La Chimie des Larmes

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Rentrée littéraire de septembre 2013 (romans étrangers)

Londres, de nos jours. Une conservatrice de musée apprend la mort soudaine de son amant. Pour l’aider à faire son deuil, son supérieur hiérarchique lui confie la restauration d’un automate fascinant, basé sur une mécanique subtile… un véritable chef-d’oeuvre.

Allemagne, 1854, dans un village perdu de la Forêt Noire : l’Anglais Henry Brandling cherche le meilleur horloger qui soit pour réaliser pour son fils malade le canard de Vaucanson (première moitié du XVIIIe), un jouet mécanique très fidèle à la réalité… une quête qui s’apparente à première vue à une chimère, aucun horloger ne semblant être au niveau du célèbre Vaucanson. Brandling tombe alors sur un curieux trio – un homme, une femme et son fils – qui lui vole les plans du canard et lui force la main pour pouvoir réaliser le jouet.

J’avais traversé l’Allemagne avec l’assurance catégorique reçue de ma famille que tout le monde, hormis les paysans, y parlait parfaitement l’anglais. Après avoir subi l’assaut de l’agent des douanes, je compris que les paysans étaient largement répandus et me procurai donc une grammaire allemande à la gare du chemin de fer (p 35). 

On voyage d’un chapitre à l’autre, quittant Londres pour l’Allemagne, le temps présent pour le XIXe, à travers deux destins que le hasard a fait se croiser. J’ai cherché Henry, Henry vivant, Henry au bon coeur. Quelle compagnie indispensable en cette nuit sans fin… Je lisais. Il écrivait (p 180). 

J’ai ouvert ce roman avec beaucoup de curiosité. L’idée de voir s’entremêler deux destinées à 150 ans d’écart me séduisait, sans compter le cadre londonien, le XIXe et les automates qui me fascinaient (et m’effrayaient) quand j’étais petite. C’est un roman original, bien écrit, dont l’un des protagonistes (Henry) est très attachant.

Père d’un petit garçon très malade, il a déjà perdu une fille (morte de consomption) et sa femme lui a retiré son affection depuis. C’est un père fou de son petit qui part en quête du jouet qui pourra faire son bonheur, le distraire de sa maladie : faire réaliser cette perle rare n’est pas une simple lubie ou excentricité de gentleman oisif, c’est peut-être ce qui va sauver son enfant. La dimension dramatique du roman se retrouve aussi aujourd’hui avec Catherine, qui part totalement à la dérive dans les jours qui suivent l’annonce de la disparition de son amant. 

Les débuts du roman sont prometteurs, à travers le voyage de Henry qui s’annonce intéressant sur le plan historique et qu’on imagine plein de rebondissements ou enrichi par les souvenirs de sa vie anglaise, tandis qu’à Londres la découverte de l’automate et du journal de Henry par Catherine éveille notre curiosité… Mais mon intérêt s’est quelque peu émoussé ensuite. L’histoire de Henry stagne rapidement ; il est entouré d’une bande d’escrocs mais si lui se demande si son canard sera un jour réalisé, nous savons que ce sera bien le cas puisque nous savons que Catherine doit le restaurer (et, pour ceux qui l’ont lu, pour moi la petite variante finale n’a rien d’un renversement). En ce qui le concerne, on finit par se dire que le seul mystère qui reste entier concerne son fils : le reverra-t-il vivant ? Peter Carey fait le choix de nous laisser deviner, la fin n’en étant donc pas vraiment une… ce qui m’aurait peu gênée s’il s’était vraiment passé quelque chose dans les chapitres précédents, parfois un peu obscurs. Il en va de même pour les jours présents, à ceci près que Catherine est beaucoup moins sympathique que Henry. Elle semble prendre un certain plaisir à surjouer la douleur, empilant les bouteilles vides, manquant de respect à ses collègues, profitant de la sollicitude de son patron pour faire n’importe quoi dans le cadre de son travail. J’ai trouvé difficile d’adhérer à ce personnage nombriliste, malgré sa douleur.

J’ai pris plaisir à lire ce roman sur la résilience, mais en partie en raison de ma curiosité concernant le dénouement. C’est un peu déçue que j’ai tourné la dernière page car il m’a semblé que Peter Carey n’était pas allé tout à fait au bout de son idée (le dialogue entre les deux protagonistes à travers les siècles), au demeurant excellente… dommage, car j’ai passé de bons moments !

(…) il avait pu, à la suite de ce triomphe, commander les plans qui permettraient de mettre en oeuvre l’extraordinaire spectacle des trains rapides circulant en douceur dans des tunnels de verre au beau milieu de Fortnum & Mason’s (p 42).

Les avis de Nadael, Ly lit

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326 p

Peter Carey, La Chimie des Larmes, 2012

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Commentaires

ça parait un peu décevant, dommage car le concept de départ me plaisait et le contexte historique paraissait intéressant.
Je t’ai taguée sur mon blog 🙂
Bonne soirée, Lou.

Écrit par : Soie | 20/02/2014

bre mi-figue mi-raisin…c vrai que le sujet paraissait bien…manque de la profondeur….;)

Écrit par : rachel | 20/02/2014

@ Soie : l’idée de départ est excellente, il y a beaucoup de passages intéressants, une bonne partie du roman se lit bien mais certains passages sont assez obscurs et traînent en longueur. Mais je ne regrette pas du tout ma lecture. Merci pour le tag je vais aller voir ça :o)

@ Rachel : oui cela manque sans doute de profondeur et pas mal de passages me paraissent avec le recul tirés par les cheveux. L’auteur joue beaucoup avec la symbolique mais je trouve que ça sa fait quelque peu au détriment de la narration.

Écrit par : Lou | 20/02/2014

Oh, je crois que ça pourrait bien me plaire !

Écrit par : sybille | 21/02/2014

bref il a rate, peut-etre, ce qu’il voulait faire…..

Écrit par : rachel | 22/02/2014

Étant donné ton avis mitigé, je ne vais pas me lancer à la recherche du canard de Vaucanson !

Écrit par : Titine | 23/02/2014

IL me tente quand même, malgré ton avis en demi-teinte… on verra!

Écrit par : Karine:) | 23/02/2014

Même si tu sembles déçue par la fin, ça me tente beaucoup !

Écrit par : maggie | 24/02/2014

J’ai beaucoup tourné autour de ce livre, qui m’intriguait beaucoup, mais je pense que je ne le lirai pas tout de suite, au vu de ton avis mitigé.

Écrit par : Miss Léo | 02/03/2014

La simple couverture aurait pu me convaincre de tenter 😉

Écrit par : Stephie | 02/03/2014

C’est un peu décevant tous ces livres dont le résumé (et souvent la première partie de l’intrigue) est captivant, pour au final avoir un dénouement en demi-teinte. Très honnêtement, je suis tentée. Mais j’ai peur de refermer le roman et et rester perplexe. Ce qui au final m’est arrivé il y a peu avec « Lady Hunt ».
Bon début de semaine à toi !

Écrit par : Livy | 03/03/2014

Dommage car le sujet était en effet prometteur. Et la couverture me plait beaucoup.

Écrit par : Manu | 05/03/2014

Pour une fois, j’ai su résister à une belle couverture : les avis mitigés me disent que j’ai eu raison !

Écrit par : Mrs Figg | 10/03/2014

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