1806. Âgé de 36 ans, Beethoven vit chez le prince von Lichnowsky, son mécène. La famille a noué des liens d’amitié et de confiance forts avec l’artiste, aussi bien le prince que son épouse, très bonne pianiste, et leur jeune fils, qui écoute inlassablement Beethoven à travers une porte en pensant que le maître ne sait rien de sa présence. C’est aussi l’époque des guerres napoléoniennes, et vient le moment où l’Autriche est battue à son tour. Lorsque le prince décide d’inviter à dîner des soldats français en dépit du patriotisme qu’il affichait jusque-là, Beethoven exprime son refus de jouer pour les envahisseurs comme cela est attendu de lui.
Principalement centré autour de cet évènement crucial qui va mettre à l’épreuve la relation entre le grand musicien et le prince qui le soutient, ce superbe roman graphique évoque également rapidement les années qui suivent, plaçant ainsi le récit dans un contexte plus large. Très puissante, la séance d’ouverture présente un Beethoven vers la fin de sa vie, devenu entièrement sourd, qui assiste à la première représentation de la 9e symphonie, l’hymne à la joie. Représentation qui reçoit un accueil triomphal, dont le compositeur ne prend connaissance que lorsque l’une des interprètes l’incite à se tourner vers le public pour voir ses acclamations.
Beethoven – Le Prix de la Liberté rend un vibrant hommage à l’artiste, dressant le portrait d’un génie entièrement dévoué à son art, indépendant, sûr de son talent. Un homme qui jouit d’un mécénat généreux mais ne compte pas pour autant renoncer à ses convictions ou à se donner en spectacle en retour. Un personnage indomptable, fascinant, sans nul doute un peu effrayant mais aussi, attachant. L’histoire est servie par des dessins au style réaliste, et une utilisation du noir et du blanc qui permet de gagner en énergie. Un superbe ouvrage !
144 p
Régis Penet, Beethoven – Le Prix de la Liberté, 2021