Hausse de la TVA sur les livres

livres-20pile1.jpgEiluned s’est exprimée sur la hausse de la TVA à 7% sur les livres, annoncée par François Fillon. Bien que ce modeste espace personnel se veuille apolitique, j’ai souhaité réagir à cette mesure à mon tour.

Au hasard de mes recherches sur le Net, j’ai lu sur Libération que La Fédération interrégionale du livre et de la lecture demande à ce que le livre soit considéré comme un produit de première nécessité. Un terme relayé par la Pétition « Non à l’augmentation de la TVA sur les Livres ! », qui parvient à cette conclusion suite à un plaidoyer en faveur du livre, présenté comme un objet unique en son genre.

Je partage tout à fait cette vision du livre et de ses mérites si nombreux. Un livre n’est pas un simple objet, il procède de la création, nourrit spirituellement ses lecteurs et s’avère un ami bien précieux tout au long de notre vie. Outre la littérature à qui je dois tant, le livre est un outil encore très utile dans la transmission des connaissances en langues, lettres et sciences.

Or le livre est aujourd’hui une espèce en danger, même si je reste optimiste et suis persuadée que, dans le domaine littéraire, de très beaux romans continueront de voir le jour : d’autres pays n’ont pas choisi le système du prix unique et voient naître des oeuvres magnifiques. Je suis d’ailleurs personnellement beaucoup plus convaincue par la littérature anglo-saxonne, qui voit émerger chaque année de très beaux romans denses et très bien construits salués par des prix littéraires qui pour moi sont davantage gages de qualité que nos prix français – je pense par exemple au Pulitzer ou au Man Booker Prize.

Si le livre souffre aujourd’hui, c’est parce que les causes ne manquent pas. C’est notamment parce que le livre n’est pas un objet de première nécessité si l’on veut se montrer un peu objectif : interrogez vos connaissances, vos collègues. Vous verrez que la plupart de ceux qui vous disent bien aimer lire ne lisent pas plus de cinq ou six livres par an, souvent choisis parmi les best-sellers. Le système actuel incite à mettre toujours en avant certains auteurs et certaines thématiques, et ce y compris dans la plupart des petites librairies indépendantes, qu’elles soient de qualité ou pas  –  dans un souci bien compréhensible de rentabilité économique, car même les meilleurs libraires doivent gagner leur vie et ne peuvent se passer de certains auteurs, même s’ils cherchent à promouvoir des titres moins connus.

Le livre est aujourd’hui confronté à une concurrence rude. Je lis actuellement une biographie de Dickens et m’émerveille de voir que les lecteurs de diverses classes sociales attendaient avec fébrilité l’arrivée du prochain chapitre, tandis que les ventes de ses livres permettaient à ce jeune auteur de s’offrir une vie bien confortable à Londres. Aujourd’hui les distractions proposées ne manquent pas, y compris au coeur de l’hiver : séries télévisées, films à la demande, télé réalité (dont le succès semble toujours au rendez-vous alors que le premier Loft Story français date de 2001, il y a dix ans), jeux vidéo.  Dans le domaine des études, de plus en plus de moyens sont mis à disposition des élèves et des étudiants, avec une fiabilité plus ou moins grande selon les sources. En parallèle, les nouvelles méthodes d’apprentissage de la lecture ne semblent pas fonctionner : de plus en plus d’enfants arrivent au collège sans savoir lire (je me souviens encore que dans ma classe, seul un élève en CE1 avait encore de grosses difficultés de lecture) ; une amie enseignante (qui se reconnaîtra) doit se battre avec sa hiérarchie pour faire étudier Racine, déclaré cause perdue à l’avance par un proviseur très ambitieux ; et quand j’entends l’autre jour quelqu’un parler de sa difficulté à apprécier « La Chartreuse de Parme », son amie fraîchement diplômée lui répond « Connais pas ! ».

Si je m’inquiète moins pour certains secteurs touchés par la hausse de la TVA, je pense que le secteur de l’édition et du livre de façon générale est trop fragilisé et trop concurrencé pour ne pas être affecté durement par une augmentation des taxes qui pourrait paraître a priori toute relative. Mais prenons par exemple le prix d’un livre de poche. A la fin des années 1990, je me souviens que j’achetais des romans avec mes économies à partir de 25 francs et, quand je me faisais très plaisir, je montais jusqu’à 45 francs tout au plus (j’étais adolescente et utilisais là mes économies, je faisais donc bien attention à mes dépenses). Aujourd’hui la plupart des livres de poche coûtent plus de 7 euros et les poches à plus de dix euros ne manquent pas !  Les petits salaires doivent forcément opter pour l’emprunt à la bibliothèque qui, en général, ne voit pas son budget augmenter follement d’année en année et doit donc cibler ses achats. Autant dire que la littérature n’est pas à la portée de tous. Outre ce problème, c’est aussi l’édition qui est impactée et qui, logiquement, va privilégier les auteurs et le style les plus vendeurs. Quant aux librairies, et plus particulièrement les librairies indépendantes déjà en difficulté, comment vont-elles faire face à cette augmentation ? Les prix augmentant nécessairement avec la loi sur le prix unique (tandis que d’autres commerçants réduiront les prix pour masquer la hausse due à la TVA et tenter d’assurer un niveau de ventes constant), les ventes risquent inévitablement de s’erroder. Par ailleurs n’oublions pas que cette mesure ne sera pas la seule à impacter le budget des foyers français : en cas d’arbitrage entre plusieurs produits, nul doute que le livre sera souvent laissé sur le carreau.

Espérons que le gouvernement reviendra sur sa décision et démontrera que la France, si fière de sa culture, n’abandonne pas ses librairies indépendantes et est capable de défendre les intérêts des lecteurs, des éditeurs et de la filière du livre en général. La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. Mais pour cela, il faut la mettre à la portée de tous. N’oublions pas qu’en France les musées nationaux et cinémas sont déjà de moins en moins abordables (Exemples parisiens : 10,20€ l’entrée en cinéma UGC, 10€ pour voir la collection permanente du Louvre – des réductions pour les chômeurs ou les étudiants existent, mais rien n’est prévu pour les petits salaires ; à noter qu’en Angleterre les musées nationaux sont gratuits).

Commentaires

Je suis absolument et totalement d’accord avec toi. L’accès à la culture est beaucoup trop chère !
Alors que j’ai un assez bon salaire et que la lecture tient une part importante dans ma vie, il est très rare que je m’offre un livre neuf et je choisis généralement des livres d’occasion, beaucoup plus abordables.

Écrit par : Céline | 12/11/2011

A une douzaine d’années de distance, je me retrouve dans ton expérience d’enfant et de jeune adulte puisant dans ses (maigres) économies pour pouvoir s’acheter le(s) livre(s) sur le(s)quel(s) je louchais depuis des semaines !

Tu as raison, dans une période où la plupart des gens doivent faire des choix pour leurs dépenses, les livres risquent peu de figurer dans la liste de leurs priorités.
J’ai eu une discussion pas plus tard que la semaine dernière avec une personne âgée qui disait préférer offrir des vêtements à ses petites-filles qu’un livre. A ses yeux, dépenser 25 € dans un livre fera moins d’usage qu’un vêtement, même si elle avoue mettre souvent un peu plus cher dans une robe ou un manteau.
La culture à portée de tous, c’est de moins en moins le cas en France.

Écrit par : In Cold Blog | 12/11/2011

C’est le billet que j’aurai voulu écrire si j’en avais été capable ! Et puis cette histoire m’a rendue enragée ! tout à fait d’accord, il manque de lecteurs dickensiens !

Écrit par : maggie | 12/11/2011

Tu as raison: le domaine de la culture se réduit comme une peau de chagrin et le livre devient un luxe maintenant comme le sont déjà les soirées à l’opéra ou au théâtre et même au cinéma. Il suffit de voir à la télévision les émissions littéraires disparaître peu à peu et remplacées par quoi sinon par les cours et concours de cuisine!

Écrit par : Mango | 13/11/2011

Bel article, et merci de m’avoir citée. Tu sais que nous sommes d’accord sur ce sujet, forcément. Quant au prix du cinéma, ou même de certains musées c’est… Désespérant.

Écrit par : Eiluned | 13/11/2011

@ Céline : maintenant je gagne moi aussi ma vie correctement et je ne pense pas qu’une hausse de la TVA aura un impact direct sur moi mais je pense que beaucoup de foyers modestes, d’étudiants etc vont être directement touchés et comme toi il m’arrive aussi d’acheter d’occasion dès que je trouve des livres en bon état vu le prix des livres neufs.

@ In Cold Blog : oui c’est tout à fait ça ! Je mettais une bonne partie de mon argent de poche dans les livres… le reste servait pour les cadeaux d’anniversaire de mes proches et en général un bijou fantaisie par an :o) Je me rappelle avoir plusieurs fois hésité à m’offrir un livre à 45 francs alors que pour la peine je pouvais presque m’offrir deux livres moins chers…
C’est vrai que souvent on ne lit ses livres qu’une fois et quelqu’un de moins sentimental ou bibliophile ne verra pas l’intérêt de dépenser pour un objet in fine encombrant, qu’il n’a pas besoin de garder. Parmi mes amis lecteurs je connais aussi plusieurs personnes qui rationnalisent autant que possible leur bibliothèque (un étage d’étagère tout au plus), voyant les livres comme des objets encombrants. Et lorsque j’ai emménagé chez moi, pour mon plus grand bonheur l’ancienne propriétaire avait laissé presque toute sa bibliothèque, ayant déjà lu les livres et ne voulant pas s’encombrer même si son nouvel appartement faisait 20m² de plus. Le livre n’est souvent pas une priorité…

@ Maggie : j’étais assez étonnée que le gouvernement touche ce secteur-là. Je me demande quels profits sont envisagés car les ventes baissant cette mesure me semble avoir un effet assez relatif sur le plan budgétaire. Je trouve dommage que la culture ne soit pas au rang des priorités en France.

@ Mango : c’est sûr, je trouve aussi dommage que toutes les émissions culturelles commencent en deuxième partie de soirée, même Taratata ! Quant au théâtre, j’ai justement pris des billets hier soir et je considère ça comme un petit luxe que je m’accorde car à part le poulailler à 16 euros il n’y avait pas de places à moins de 26 euros… nous sommes deux, ça grimpe vite !

@ Eiluned : je ne comprends pas comment nous pouvons proposer de tels prix. Dès que l’on travaille avec un petit salaire c’est un luxe dont on est obligé de se priver…

Écrit par : Lou | 13/11/2011

De plus, cette hausse des prix voulue par le gouvernement français va également avoir un impact pour les lecteurs belges, vu que vos prix sont repris en « base » chez nous, si ce n’est que, pour 70% des livres (ceux distribués par deux grosses maisons de distributions, et qui comportent la plupart des poches et des grosses maisons d’édition), nous payons déjà en moyenne 60 centimes pour les poches et 2-3€ pour les grands formats en plus.

Écrit par : Cachou | 13/11/2011

Voilà un billet très juste, j’ai envie de te dire merci 🙂 Etant en congé maternité en ce moment, je suis cette affaire d’un peu loin et je n’ai aucune idée de l’impact réel que ça aura sur des librairies indépendantes… Il faudrait que je demande à mes collègues !

Écrit par : Emeraude | 13/11/2011

pour le cinéma, c’est presque le même prix ici, donc… on y va rarement à 4, plutôt à 2.
pour le théâtre comme pour l’opéra (je suis fan !) : j’ai abandonné.
restent les livres… et je me limite de plus en plus : par rapport au prix, mais pas que. parce que je dois partager le budget entre toutes la famille.
et pour les musées : hors de prix, heureusement les enfants ne paient pas dans les musées publics, parce que privés…
et encore, à la galerie de l’évolution de museum d’histoire naturelle (jardin des plantes) : les enfants paient !!!!!!! 7 ou 9 €…. comme les parents (donc, tu limites les sorties en vacances ???? ou tu te « cultures » ?)
la culture a un coût.
mais parfois, je trouve hors de prix certaines choses, certains livres, donc, je me limite : pas de livre broché (sauf si la bibliothécaire de mon village me l’a mis de côté ou si c’est un partenariat), que du poche !
(parce qu’en plus, j’aime posséder un livre !!!)

Écrit par : Lystig | 13/11/2011

que veux-tu que je te dise…ici la taxe sur les livres est a 18%!! bel heritage de pinochet…une peuple stupide est un peuple que ne reflechit….et rien a ete fait pour arranger les choses…oui de necessite je suis comme toi….pas vraiment, dans ma famille je dois etre la seule a lire ou s’ils lisent ce sont les best seller (et je deteste ca)…mais d’utilite si…c comme l’eau…beaucoup ne prenne pas la douche mais c utile…;o)

Écrit par : rachel | 14/11/2011

que veux-tu que je te dise…ici la taxe sur les livres est a 18%!! bel heritage de pinochet…une peuple stupide est un peuple que ne reflechit….et rien a ete fait pour arranger les choses…oui de necessite je suis comme toi….pas vraiment, dans ma famille je dois etre la seule a lire ou s’ils lisent ce sont les best seller (et je deteste ca)…mais d’utilite si…c comme l’eau…beaucoup ne prenne pas la douche mais c utile…;o)

Écrit par : rachel | 14/11/2011

voilà un très bel article auquel je n’ai rien à ajouter, sauf que je partage ton avis 🙂

Écrit par : niki | 14/11/2011

je vais revenir pour te lire, là je n’ai pas le temps, mais je suis d’accord avec toi! un livre, c’est de la première nécessité!!
au fait… tu es taguée chez moi. Allez, ne me maudit, il y a une proposition juste pour toi et Maggie, taguée elle aussi. :)))

Écrit par : choupynette | 14/11/2011

Très bel article, je suis tout à fait d’accord avec toi le livre est en train de devenir un produit difficile à acquérir pour les petits budgets.

Écrit par : Aymeline | 14/11/2011

Je pense sincèrement qu’il ne faut pas tout mélanger.
Il est certain que le passage de la TVA de 5% à 7% est assez déplorable, c’est certain, pour toute la chaîne du livre et pour les petites librairies qui font tout le charme du paysage culturel en France. Nos librairies sont enviées à l’étranger (en particulier dans les pays anglo-saxons), en plus la plus part du tant elles sont tenues par de grands amoureux de la littérature et qu’en c’est possible font tout prendre ce lieu agréable de transmission. Je ne pense pas qu’à Mélanie.
Pour nous lecteurs (étudiants, salariés, chômeurs, retraités)il y a les bibliothèques, les livres voyageurs, les livres échanges, cela ne changera pas grand chose, sauf acheter moins de livres. Bref c’est une chose, le problème de la culture avec un grand C c’est je trouve un autre débat.
Il faut savoir que l’enfant a accès aux livres plus facilement qu’il y a vingt voir trente ans. Dans toutes les classes il y a une bibliothèque, toutes les écoles possèdent une BCD dés la maternelle. La ville d’Issy les Moulineaux possède deux médiathèques(ouverte le mardi jusqu’à 21h au moins 1, et le dimanche). Toutes les médiathèques et bibliothèques se doivent de mettre en place des événements culturelles (gratuit) pour faire vivre le lieu. Et je pourrai continuer ….

Écrit par : Malice | 16/11/2011

@ Cachou : je n’avais pas du tout connaissance de cette répercussion… mais es-tu sûre qu’elle se fera dans la mesure où la TVA est une taxe et n’a pas d’impact sur le prix « intrinsèque » du livre ?

@ Emeraude : je suis tombée sur pas mal d’articles faisant référence aux librairies indépendantes, apparemment remontées contre le projet… je ne pense pas que l’impact sur ces librairies soit majeur (je me trompe peut-être) mais dans la mesure où il leur est déjà difficile de faire des bénéfices, c’est une mesure qui ne pourra certainement pas les aider et qui, symboliquement, est assez maladroite.

@ Lystig : moi aussi j’aime « posséder » mes livres, avant j’allais davantage en bibliothèque mais sauf pour les BD je le fais de moins en moins. Je n’ai pas à me plaindre et pour l’instant je suis la seule lectrice régulière chez moi mais il est certain que la culture représente un coût et que lorsqu’on a une famille les arbitrages deviennent assez inévitables, sauf à avoir un salaire vraiment élevé qui permet de ne jamais se poser de questions sur ces petits cadeaux du quotidien.

@ Rachel : la culture est donc encore assez élitiste, même des années après la chute de Pinochet ? J’ai la chance d’avoir une famille de lecteurs, entre ceux qui aiment l’histoire, ceux qui aiment les polars ou la « grande » littérature… certains sont plus férus de littérature que d’autres mais heureusement pour moi j’ai toujours été bien entourée à ce niveau-là, c’est bien agréable… mais parmi mes amis ou collègues, les lecteurs ne sont pas nombreux !

@ Niki : j’ai essayé d’être aussi neutre que possible mais ce sujet me tient à coeur.

@ Choupynette : tag repéré, il n’y a plus qu’à !;o)

@ Aymeline : oui, c’est bien dommage !

@ Malice : je n’ai peut-être pas été forcément très claire, car je voulais un billet aussi neutre que possible… apolitique dans un premier temps, et je voulais aussi réagir par rapport à d’autres visions de cette mesure que je comprends mais que je trouve peut-être un peu idéalistes… je voulais écrire un billet plus objectif, avec bien entendu mon sentiment sur des données économiques, bref quelque chose d’un peu plus factuel. Concernant les librairies indépendantes, je n’ai pas cité cet exemple mais je pensais à Charring Cross Road, si célèbre dans le monde littéraire. Quand j’y suis allée, quelle déconvenue ! Les librairies ont été remplacées par des magasins de vêtements et autres produits omniprésents dans les grandes villes. Bien sûr je me doute bien que tu ne penses pas qu’à Mélanie, qui est ceci dit un bon exemple de libraire enthousiaste qui cherche à faire de son Neverland un lieu de vie, d’échange. Je connais de mauvais libraires (sélection sans âme, libraire pur commerçant, voire même pas affable), mais plusieurs excellents petits libraires, qui se battent pour leurs coups de coeur.
Maintenant pour les lecteurs tu as raison de souligner l’existence des médiathèques, CDI etc mais si j’ai évoqué ce point c’est parce que d’une part beaucoup de gens aimeraient s’offrir des livres, les posséder, et n’en ont pas forcément les moyens (or les livres de poche à l’origine étaient normalement abordables, s’ils ont atteint un niveau de prix élevé alors comment permettre à tous de se faire les mêmes petits plaisirs ?) ; d’autre part je ne connais pas le système des CDI mais je connais une bibliothécaire qui ne cesse de remarquer que leurs budgets sont revus à la baisse… avec des prix en hausse, comme je l’évoquais, les bibliothèques sont obligées d’arbitrer davantage encore dans leurs choix.
Après ce que tu appelles la culture avec un grand C ce n’est pas tellement ce que je souhaitais évoquer : ce que je dis c’est que c’est un autre point qui vient affaiblir l’industrie du livre qui, on le sait, est en difficulté. Sans aller jusqu’à parler de choix culturels ou autres, tous les enseignants que je croise disent que leurs élèves ne lisent rien à part une ou deux exceptions, que les programmes scolaires sont allégés parce que les élèves ne peuvent plus les suivre (ou que l’administration s’imagine que c’est le cas), le nombre de reportages sur les personnes en échec scolaire ne cesse de croître et j’ai travaillé sur deux projet sur l’édition pendant mes études, au cours desquels j’ai lu plusieurs articles de société décrivant les nouveaux loisirs empiétant sur le temps autrefois plus souvent dévolu à la lecture. ça n’a rien à voir avec la décision du gouvernement, simplement pour moi la hausse de la TVA s’ajoute à une série d’évolutions qui petit à petit mine l’industrie du livre. Mais tu as raison de souligner le nombre de projets portés pour démocratiser la lecture, je n’ai pas évoqué ce point mais il est évident que dans ce domaine de beaux progrès ont été faits.

Écrit par : Lou | 16/11/2011

Pas d’impact sur le prix pour l’instant, mais si les éditeurs font comme les restaurateurs, on va voir le prix des livres sortis en janvier augmenter, et donc le prix belge suivra, avec certainement une petite excuse pour augmenter le pourcentage prix par les distributeurs qui pratiquent l’augmentation des prix à la frontière au passage. Et après on s’étonne que tant de belges aillent acheter des livres dans les grandes surfaces françaises proches des frontières plutôt que de les acheter chez les libraires de leurs villes (oui, même moi je le fais, parce que 2-3€ en plus pour les grands formats, qui sont déjà chers à la base, je trouve ça honteux)(mais j’achète d’autres trucs en librairie, il reste quand même tous les Actes Sud, Denoël et autres, ainsi que quelques collections poches à ne pas être concernées).

Écrit par : Cachou | 16/11/2011

Merci pour ta longue réponse détaillée, j’apprécie beaucoup 😉
 » budgets sont revus à la baisse » concernant les médiathèques oui tout à fait, exact aussi ! Mise au point :
Je ne travaille pas dans un CDI (niveau collège), mais dans une B.C.D ( Bibliothèque Centre de Documentation). Par là je voulais souligné que l’enfant à accès au livre dès le plus jeune âge c’est à dire dès la maternelle. (c’est un paradoxe d’ailleurs l’enfant a accès avec une grande facilité aux livres cela n’est pas pour autant qu’il apprécie, ou se jette dessus comme une richesse un trésor à chérir et entretenir) . Mais tu as parfaitement raison en dehors de l’école (lectures obligatoires dès le primaire), les enfants (niveau primaire) lisent peu dans la majorité où alors c’est Max et Lili (petite BD qui me sort par les yeux avec un fond de société en arrière plan) un peu Tom tom et Nana puis les BD (mieux Tintin et Astérix ne se démodent pas) en gros vers des lectures faciles … il est certain que cela fait de la peine car ils ont de merveilleux trésors (les fameux nombreux livres épuisés) qui leurs tendent les bras, à porté de main ! La plus part un grand manque de curiosité, c’est un peu triste;-) Tout comme de voir de jolies librairies qui disparaissent et là je pense à notre petit librairie d’occasion, j’ai reçu comme un pincement au cœur toit aussi quand j’ai appris qu’elle allait fermer.

Écrit par : Malice | 17/11/2011

bin c tres complexe…avec sa constitution pinochet a laisse la droite gouverne longtemps apres…donc ce fut assez difficile de changer toutes ses decisions et lois….en tout cas tu as de la chance, de quoi partager ses lectures….j’ai juste eu ma tante qui me pretait ses livres…c’etait chouette..;o)

Écrit par : rachel | 17/11/2011

@ Cachou : c’est vrai qu’une différence de 2-3 euros sur un livre ce n’est pas rien ! Je ne pense pas vraiment que les éditeurs augmentent les prix de base des livres car ajoutée à la hausse de la TVA, cette augmentation nuirait vraiment à leurs ventes… en revanche ils ne les baisseront certainement pas pour compenser (en même temps pour beaucoup d’éditeurs ce doit être économiquement compliqué)… voyons l’impact sur la prochaine rentrée littéraire !

@ Malice : mais de rien, c’est intéressant pour moi de lire des commentaires détaillés comme le tien :o) Je vois de quoi tu parles avec Max et Lili, j’ai vu que c’était une grande série l’autre jour en librairie, et les dessins me rappellent ceux qu’il y avait dans Astrapi quand j’étais petite. Je ne sais pas pourquoi les enfants vont de moins en moins vers les livres… est-ce que ce ne serait pas déjà un problème parental ? Je sais que pour ma part je viens d’une famille de lecteurs, mon père en particulier lit beaucoup et quand j’étais petite ma mère m’a fait découvrir les Comtesse de Ségur, les visites en librairie étaient quelque chose de traditionnel et de sacré avec mon père et je me souviens d’aprems passées à lire ensemble « Les Belles histoires » ou à écouter en suivant un livre des contes racontés par Jean Rochefort… et j’avais même le droit à des lectures dans mon bain, avec la suite au prochain bain. Est-ce que je serais allée toute seule vers les livres ? J’aurais tendance à imaginer que oui mais je n’en suis pas sûre. Et après j’ai l’impression que l’école est moins exigente, aussi bien en termes de nombre de lectures que de choix des lectures imposées (je me rappelle avoir dû lire « La belle et la bête » en sixième et j’avais trouvé ça stupide, je lisais déjà du Molière, Pagnol ou Swift et plein de romans ados et on me faisait lire une histoire de bébé à mes yeux à cette époque). Et comme tu le dis en termes d’accès il y a des progrès… dans mon école il n’y avait qu’une petite étagère avec quelques livres, au collège on avait pas mal de romans mais il n’y avait rien de très tentant au lycée, quant à la bibliothèque de ma ville elle était moche, mal fournie et tenue par des gens qui n’en avaient strictement rien à faire. Or depuis beaucoup d’efforts ont été faits en termes d’accès à la culture !

@ Rachel : ça permet aussi de créer des liens :o) Je me suis aussi fait des amis comme ça !

Écrit par : Lou | 19/11/2011

ouiiii comme sur ton blooog aussiiiiii…..mais bon mon probleme est que je me suis souvent trouvee dans un univers presque-non litteraire….plus scientifique…;o)…

Écrit par : rachel | 20/11/2011

ma chère Lou , merci pour cet article :o) Le sujet est difficile pour moi tu t’en doutes ^^ En effet on pourrait penser qu’un seul point et demi de plus en pourcentage n’ ait pas si énorme…c’est la réaction principale de mes clients fidèles…Sauf que…bien sur pour certains cela n ’empechera pas d’acheter des livres (mais à budget equivalent cela fait quand meme des livres en moins car si bien evidemment le prix sera touché à un moment ou un autre!!!) J ‘adore la grande hypocrisie de certains éditeurs jurant grand dieux que jamais ils ne toucheront les prix (par contre nos marges…^^) J aime aussi l ‘attitude indigné d’un grand nombre de lecteurs qui finalement achetent dans les grandes surfaces qui tuent le metier petit à petit. La réalité c’est que symboliquement augmenter le prix d’un livre c’est donner peut de credit à la culture…et de fait, psychologiquement toucher encore un peu plus les gens qui avec de petits moyens hesitent à entrer dans une librairie. Alors bien sur que si cela va aggraver la situation des petites librairies, reduirent le choix la liberté et l acces , par exemple en banlieue à une litterature autre que de supermarché. Je suis consciente du probleme du prix c’est pourquoi tu le sais ma chère Lou j ‘ai une bibliotheque d’occasion mais franchir le pas d’une librairie est encore difficile pour beaucoup de gens que la culture « rendue encore plus luxueuse » intimide. Je contredirais même ma chère Alice sur un point…certes les bibliotheques et CDI participent largement à rendre la lecture plus abordable mais…eux aussi achetent leurs livres…et donc auront de fait moins d’achat ou moins de choix de librairies…ce qui au final revient au même problème global!!!

Écrit par : Lamousme | 21/11/2011

Oui je suis d’accord avec toi Lamousmé tu as raison de me contredire. Heureusement j’espère bien que dans ma BCD (et non pas CDI) je pourrai faire vivre certains trésors de grandes qualités voir bien meilleurs que certaines nouveautés ! 🙂
Il est certain que dans cette histoire de TVA je ne sais pas trop quoi penser à part que c’est malheureux et mon grand attachement au livre et vraiment du à mon fabuleux stage chez Gallimard Jeunesse situé en face de Gallimard, de ma marraine prof de français et amoureuse de la littérature, ma curiosité littéraire insatiable contrairement aux autres membres de ma famille par exemple et je trouve cela triste.
Mes parents aiment la Culture aller au cinéma , au théâtre, voir des expositions, mais concernant le livre. Ils n’y connaissent vraiment rien (lire, parler de lecture, en un mot d’être mordu passionné etc …) et je trouve cela très dommage, voir extrêmement triste !!!! J’adorai avoir un père comme toi Lou, bon le bien c’est le cinéma 😉 bon il est certain que l’on aime ce que l’on n’a pas !

Écrit par : Malice | 23/11/2011

@ Rachel : tu as plutôt une formation scientifique ou c’est plutôt par rapport à tes centres d’intérêt ?

@ Lamousmé : je partage tout à fait ton point de vue, comme tu le sais, ma chère Lamousmé… je pense aussi que les lecteurs aux petits budgets hésitant à acheter les livres vont être les premiers impactés. Tu penses aussi que le prix du livre sera impacté ? Le prix avec TVA évidemment (car je ne vois pas les éditeurs baisser les prix de base) mais également le prix de référence ? Je suis aussi tout à fait d’accord sur la portée symbolique du geste, que j’évoquais aussi dans mon billet. Quel intérêt porte-t-on à la culture et ici, à la littérature dans notre pays ? Finalement le prix unique n’a pas résolu la plupart des problèmes, seuls les éditeurs de taille assez conséquente en profitent et peuvent faire davantage de marge…

@ Malice : c’est vrai qu’il est vraiment agréable de pouvoir parler littérature (enfin du moins, de sa passion, que ce soit la littérature ou autre) avec ses proches et notamment avec ses parents… je peux en discuter davantage avec mon père car à part quelques livres qui enthousiasment ma mère elle se passionne davantage pour la culture espagnole et depuis quelques années, italienne, ce qui est merveilleux aussi mais entre l’Italie et l’Angleterre, nous avons des sujets de préoccupation un peu différents, même si j’aime son énergie lorsqu’il s’agit d’apprendre l’italien – j’aimerais avoir le même mérite avec l’allemand ! Mon père et moi ne lisons en revanche pas souvent les mêmes auteurs… de façon assez amusante, il lit énormément d’auteurs différents et a une culture assez vaste (nombreux pays, classiques et contemporains) mais il est vraiment peu attiré par les auteurs britanniques, notamment les classiques… j’adorerais lui faire partager un de mes coups de coeur mais ce n’est pas gagné (et réciproquement). Malgré ça nous parlons souvent littérature, il me prête son magazine littéraire et nous adorons nous rendre ensemble en librairie – il lit même ce blog malgré sa forte teneur en billets anglais. Bref c’est une chance, mais je suis sûre que tu n’échangerais ton papa et vos séances de tournage pour rien au monde :o)

Écrit par : Lou | 28/11/2011

oui j’ai une formations scientifique…meme plus biologie…je m’occupe a essayer de faire pousser des plantes sous differentes conditions…bien qu’en ce moment je travaille plus pour mon homme…donc je cherche des morceaux d’ADN dans des tubes…un peu comme les experts…;o)

Écrit par : rachel | 28/11/2011

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