Nos amis les bêtes

BD_Docteur_heraclius_gloss.jpgAmis LCA,

Ces derniers jours silencieux pourraient annoncer un ramollissement sérieux du cortex mylouboukien. Ou peut-être bien un relâchement inattendu de mes activités culturelles, caractérisé par une consommation en hausse de Desperate Housewives (dont je raffole), de Mamma Mia et de pop-corn. Pour ceux qui sont venus sur ce blog cette semaine, vous avez sans aucun doute raison de vilipender mon inactivité bloguesque (et pour celles et ceux qui se reconnaîtront, le retard dans mes e-mails).

Mais, bonne nouvelle : l’étendue désertique de ces jours-ci va faire place à une série de billets qui, j’en suis sure, vous passionnera au plus haut point (si, si ! de là à rivaliser avec Stieg Larsson, à n’en pas douter !). Plus sérieusement, voici ce qui risque d’apparaître dans les quelques billets qui vont bientôt poindre le bout de leur nez :

Les Maîtres de Glenmarkie de Jean-Pierre Ohl, que je viens tout juste de terminer après une complicité de quelques jours qui pourrait bien annoncer une longue histoire d’amour, sans aucun doute absolument rocambolesque !

– Horacio Castellanos Moya, qui maintenant doit me compter parmi ses groupies après une rencontre à la Maison d’Amérique (prévue) et deux rencontres (fortuites) au Festival America. Horacio qui est très espiègle et avec qui j’ai eu l’occasion de plaisanter plusieurs fois, ce qui, j’en suis persuadée, ne gâchera en rien la lecture très prochaine de son nouvel opus.

– Plusieurs auteurs présents au Festival America, dont quelques livres me permettront de revenir sur le débat organisé autour du thème (provocateur ou dépassé ?) : « La question raciale existe-t-elle encore ? ».

 

Mais puisque je compte me rendre de nouveau au festival cet après-midi et que j’ai encore au moins un million de choses à faire, entrons dans le vif du sujet avec un petit mot sur une bande dessinée repérée chez Joëlle, Le Docteur Héraclius Gloss. Inspiré par un texte de Maupassant, cette BD retrace comme son titre l’indique l’histoire d’Héraclius Gloss, docteur reconnu et admiré (bien que personne ne sache quelle est sa spécialité). En quête de LA vérité absolue, le docteur cherche inlassablement, se référant à de vieux manuscrits et passant tout de même pour un original, bien qu’incontestablement savant. Jusqu’au jour où lui vient l’inspiration après la lecture d’un manuscrit : il devient alors le défenseur de la métempsycose. Qu’est-ce que cette théorie ? Ni plus ni moins que le concept de réincarnation. Formant un cercle par définition sans fin, l’homme évolue peu à peu dans la galerie des animaux pour devenir ce qu’il est, le singe étant la dernière étape de souffrance avant l’humanité : le singe est cet homme qui ne peut pas parler. Les mauvais actes font replonger dans des stades plus sournois (ne sois pas méchant sinon tu finiras goret), les bons relèvent évidemment l’individu.

Amateur de volaille et bon vivant, le docteur décide de se contenter désormais de légumes et de défendre tous les animaux qui, après tout, ne sont jamais que des humains expiant une faute quelconque. Mais une question le taraude : le manuscrit qui a permis cette révélation a été écrit par un homme poursuivant son récit d’une vie à l’autre, justifiant par ses existences multiples l’idée de réincarnation. Mais qui est cet homme ? Ne serait-ce pas lui ? Et comment faire accepter la métempsychose aux hommes ? Jusqu’au jour où ce qui passait au départ pour une petite tocade de savant extravagant finit par ressembler à de la folie.

J’ai tout apprécié dans cette BD : le dessin plein d’humour, dans lequel on peut avec attention remarquer mille détails ubuesques ; les personnages, drôles et loufoques dans leur cuistrerie ; les influences de Maupassant qui se retrouvent dans quelques remarques ironiques et l’absurdité de la situation. La fin tranche tout de même avec l’ensemble : beaucoup plus sombre, elle laisse un nuage planer sur ce qui ressemblait au départ à une farce bien menée. Les dessins rendent forcément de façon plus brutale la chute cruelle qui m’a fait penser à certaines des nouvelles de Maupassant lues récemment (notamment « Mademoiselle Cocotte » sur cette chienne noyée par un maître aimant). Joëlle souligne avec raison quelques petites longueurs mais, comme elle, j’ai passé un excellent moment avec cette BD originale qui a le mérite de reposer sur une histoire solide, bien construite et servie par un dessin plein de surprises ! Une de mes petites préférées, qui n’est pas sans rappeler cet autre cru, tout aussi sordide et désopilant : L’étrange affaire des corps sans vie.

Il me reste encore à trouver cette nouvelle dans sa version originale !

N’oubliez pas l’avis de Joëlle

96 p

J.S Bordas, Le Docteur Héraclius Gloss, 2004

Commentaires

Ah Desperate Housewives !!! J’adore aussi !!! Tu es toute excusée pour ton « inactivité bloguesque » 😉

Écrit par : Cécile | 28/09/2008

Je l’ai repéré aussi chez Joëlle, cette BD. Cool 2 très bons avis.

Dis moi ! d’après ce que je lis tu as eu un coup de coeur pour « Les Maîtres de Glenmarkie » ou c’est moi qui rêve ?

As-tu pu lire « Des bibliothèques pleines de fantômes » ? Je l’ai toujours pas acheté.

J’arrête là mes questions. Bon dimanche.

Écrit par : Laetitia la liseuse | 28/09/2008

Ca a l’air vraiment très bien… et complètement bizarre! Bon, j’ai par contre cessé de noter les BDs parce que 1) je ne les trouve jamais dans mon coin de pays et 2) ça coûte un prix de fou, ces trucs-là (bon, avec le temps que ça prend les créer, je peux comprendre)!!! Je sens que j’opterai pour la biblio… un jour!!!

Écrit par : Karine 🙂 | 28/09/2008

Les Maîtres de Glenmarkie de Jean-Pierre Ohl : j’ai hâte de lire ton billet, d’après ce que tu m’en as dit cela à l’air alléchant !
Horacio Castellanos Moya : c’est une magnifique découverte, n’est ce pas ! j’ai été vraiment séduite par les rencontres entre mercredi et samedi ! Bien sûr le gros avantage sur moi c’est comme tu parles merveilleusement bien espagnol tu peux blaguer avec lui, c’est génial !
La BD en rapport à Maupassant intéressant une belle curiosité j’ai l’impression !

Écrit par : Alice | 28/09/2008

J’aime beaucoup cette nouvelle et suis curieuse de savoir ce qu’elle donne en BD

Écrit par : Ys | 28/09/2008

Dis donc, tu ne lisais pas Faulkner aussi ? Hein ??? :o)))

Écrit par : Lilly | 30/09/2008

@ Cécile : Ouf ! Je suis soulagée ;o)

@ Laetitia : C’est une BD très sympa. Concernant « les maîtres de Glenmarkie » tu ne rêvais pas, d’ailleurs maintenant mon billet est en ligne alors tu vas pouvoir en savoir plus :-)… quant aux « bibliothèques pleines de fantômes » je n’ai lu que le début et pour l’instant je peux difficilement te donner beaucoup d’infos en plus. Mais je vais essayer d’en parler prochainement !

@ Karine 🙂 : Je les note rarement mais là en voyant le billet de Joëlle je savais que ça allait me plaire ! Je comprends bien ton dilemme, j’ai le même souci avec les mangas qui sont très chers et que je ne saurais pas où mettre.

@ Alice : c’est sûr qu’Horacio C. M. est très sympa et j’étais contente de pouvoir discuter avec lui, d’autant plus que je ne sais pas qui de nous deux était le plus amusé de ces trois rencontres successives :pp Quant à la BD si ça te dit je peux te la prêter… ?

@ Ys : saurais-tu si cette nouvelle existe dans un recueil ?

@ Lilly : (sifflement, regard perdu vers l’horizon…) euh… je m’attendais presque à une piqure de rappel de ta part :o) J’ai lu pour l’instant environ un tiers du livre… j’ai l’impression d’avoir en face de moi un bouquin étonnant mais que je passe à côté de la moitié de ma lecture :p Mais je m’y remets, promis !! D’ailleurs je l’ai même mis à droite dans la colonne de mes lectures du moment, c’est un pas en avant !

Écrit par : Lou | 30/09/2008

Bonjour Lou !
Un (agréable) tag t’attend sur mon blog !

Écrit par : Brize | 02/10/2008

@ Brize : j’y vais de ce pas… que dis-je ? je vole à travers la toile pour découvrir ce tag :o)

Écrit par : Lou | 02/10/2008

Pour l’instant, je préfère tes billets à Stieg Larsson ! 😀 (Ben oui, je n’arrive pas à le lire…Suis coincée page 8…)

Écrit par : Turquoise | 04/10/2008

@ Turquoise : ah oui… page 8… ce n’est effectivement pas une révélation, ni le grand amour !:p

Écrit par : Lou | 06/10/2008

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